C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…
Étrange, vous avez dit étrange ? Pour le moins, oui. Cet album sorti en mars dernier chez Delcourt nous embarque pour un récit oscillant du début à la fin entre un certain réalisme cauchemardesque et du fantastique débridé. Le titre à lui-seul, Ceux qui restent, interroge, voire inquiète. Le auteurs vont-ils nous parler de la mort ? Du deuil ? En quelque sorte oui. Mais peut-être plus douloureux encore que la mort, la disparition.
Ben est un gamin comme les autres, aimé et entourré par ses parents. Jusqu’au jour où il disparaît sans laisser de traces. L’enquête de police et les appels à l’aide des parents à la télévision n’y changent rien. Pourtant, plusieurs mois plus tard, Ben finit par revenir et raconte alors à qui veut bien l’écouter une histoire abracadabrantesque dans « un royaume digne de nos contes les plus extravagants ». Bien évidemment, personne ne croit son histoire, les psychologues redoutent même une expérience traumatique, l’histoire étant tout simplement selon l’un d’entre eux « un bouclier de protection afin de refouler ce qu’il a vécu ». Pour les parents, l’essentiel est qu’il soit revenu. Le bonheur la maison… Mais Ben disparaît une deuxième fois.
Très vite, ce qui aurait pu être une histoire d’enlèvement classique bascule dans le fantastique. Car l’histoire abracadabrantesque se révèle être bien réelle. Les parents trouvent réconfort et conseils auprès d’une association regroupant ceux qui restent, des familles ayant vécu des faits similaires, tandis que les rumeurs les plus folles se propagent en ville…
Un graphisme agréable, un scénario qui tient la route, des couleurs ternes qui nous plongent dans une atmosphère limite anxiogène… les Espagnols Josep Busquet et Alex Xöul explorent le paranormal avec habileté et sobriété. Un bon moment de lecture.
Eric Guillaud
Ceux qui restent, de Josep Busquet et Alex Xöul. Delcourt. 18,95€