Mais qui est vraiment Thanos, le nouveau ‘super-méchant’ de la galaxie Marvel que la dernière adaptation cinématographique sur nos écrans depuis le 25 Avril dernier met en valeur ? Une anthologie tombe à point nommé pour permettre au grand public de (re)découvrir ce vilain bien plus cosmique qu’il n’y paraît…
Par rapport à ses (nombreux) collègues on va dire, Thanos est un petit jeune. Contrairement à Magnéto, Fatalis, au Docteur Octopus et autre Bouffon Vert, ce fils maléfique du roi de la race supérieure peuplant la planète Titan est apparu assez tardivement. En 1968 pour être précis dans une aventure d’Iron Man que l’on retrouve d’ailleurs ici en introduction. Et à la base, c’est un méchant de plus on va dire, un être surpuissant, surméchant et suréquipé dont le but ultime est de tuer tout le monde et d’asservir la galaxie. La base en somme.
Mais dès sa troisième apparition quatre ans plus tard dans la série ‘Warlock’, et sous l’impulsion de son créateur Jim Starlin, cet espèce de gros malabar violet prend une tournure nettement plus cosmique. En lui donnant les pleins pouvoirs, grâce au gant de l’infini qui est au centre du film, ce féru de science-fiction qu’est Sterlin en fait l’équivalent d’un dieu omnipotent capable s’il le veut de faire disparaître, littéralement, la moitié de la population de la galaxie (cf l’épisode ‘Pierres Qui Roulent’).
Or plutôt que d’user et d’abuser de ce pouvoir, à la manière d’un Galactus il prend de la hauteur. Loin, très loin des basses contingences matérialistes de nous pauvres être humains de chair et de sang et très souvent aux côtés de celle qu’il dit servir, la Mort silhouette encapuchonnée et silencieuse se présentant parfois sous la forme d’un jolie jeune femme. Sa stature est telle que sa présence est même parfois juste suggérée, dixit le très beau mais aussi très désespéré épisode ‘Cendres et Défaites’.
Autant dire que cette approche quasi-mystique a permis aux nombreux artistes de Marvel qui s’en sont emparés de s’en donner à cœur joie et de planer très haut au-dessus de l’habituel archétypes du gros-méchant-qui-à-la-fin-perd-tout, et en premier lieu Starlin dont par exemple l’histoire ‘L’Effet Infini’ (où il signe à la fois les dessins et le scénario) sortie en 1972 est un petit chef d’œuvre pop et psychédélique, avec son double maléfique du héros Warlock à la coupe afro argentée, son découpage parfois épique et ses couleurs chatoyantes qui rappellent plus l’univers de ‘Metal Hurlant’ que celui des ‘4 Fantastiques’… Même si Starlin n’a jamais caché son admiration pour le maitre Jack Kirby dont la série ‘New Gods’ fait clairement ici figure de modèle.
Alors pour le film, on vous laisse seul juge. Mais pour ce qui est de sa place dans la cosmologie Marvel, Thanos est définitivement à part et cette anthologie de 320 pages mérite vraiment le détour !
Olivier BADIN
Je suis Thanos, Marvel/Panini, 20 euros