Ce n’est pas la première fois que la bande dessinée s’intéresse à la Palestine, loin de là. Le journaliste et auteur de BD Joe Sacco pour ne citer que lui a signé quelques albums pour le moins remarquables sur la situation dans cette région du monde. Dans un style graphique très différent et une approche plus pédagogique que journalistique, l’Espagnol José Pablo Garcia nous offre aujourd’hui un nouveau témoignage tout aussi essentiel sur ce conflit qui n’en finit pas et ses conséquences directes sur la population…
Que connaissons-nous de la Palestine ? Assez peu de choses finalement. Bien sûr, les médias nous en parlent dès qu’une intifada pointe le bout de son museau, dès que l’aviation israélienne procède à des frappes sur la bande de Gaza en représailles à des tirs de roquettes, dès qu’un président se permet contre l’avis de tous – ou presque – de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Mais pour le reste ? Pour ce qui est de la vie quotidienne des gens ? Les difficultés pour se déplacer, travailler, se loger, nourrir les enfants, trouver de l’eau potable ? Rien, ou presque.
Pour Olivier Longué, directeur général d’Action contre la faim Espagne, il était nécessaire d’offrir « un autre point de vue sur la situation après cinquante ans d’occupation en donnant à voir les effets de cette occupation sur la vie quotidienne de plus de quatre millions de personnes ». C’est dans cette perspective qu’il a demandé à l’auteur de bande dessinée espagnol José Pablo Garcia de les accompagner une dizaine de jours en Palestine et d’en faire au retour une bande dessinée à destination du public.
Sensibiliser l’opinion, tel est l’objectif de cet album. « Notre volonté n’est pas de pointer du doigt des coupables… », dit encore Olivier Longué,« Nous nous contentons de rassembler des preuves, des faits, et d’être témoins des répercussions qu’engendre une occupation sur les personnes les plus vulnérables ».
De Naplouse à Hébron, en passant par Ramallah, Jérusalem ou la bande de Gaza, José Pablo Garcia nous raconte ce périple avec une approche didactique mais aussi très humaine. Sur près de 90 pages, Vivre en terre occupée témoigne de la difficile vie au quotidien de toute cette population avec des situations souvent intolérables, parfois ubuesques, incompréhensibles vues de l’Europe mais clairement exposées dans les pages de ce livre au graphisme sobre accompagné parfois d’un trait d’humour. On apprend beaucoup sans que ce soit un instant ennuyeux. un bouquin à acheter, laisser traîner, prêter, offrir…
Eric Guillaud
Vivre en terre occupée, de José Pablo Garcia. Éditions La Boîte à Bulles. 15€