L’affaire n’était pas gagnée d’avance mais la saga Hip Hop Family Tree a trouvé une large résonance de ce côté-ci de l’Atlantique dès la publication du premier volet dont je vous avais parlé ici. À tel point que la série a été sélectionnée à Angoulême en 2017, l’imposant du coup comme une référence auprès des amoureux du rap comme auprès des amoureux du neuvième art. Pour peu que vous soyez fans des deux en même temps, c’est tout bon !
Avant d’être sélectionnée sur les terres charentaises, la saga avait été auréolée d’un prestigieux Eisner Award aux Etats-Unis en 2015 dans la catégorie de la meilleure série inspirée de la réalité. Voilà pour les prix, de quoi vous rassurer si vous doutiez encore du sérieux de l’affaire. Pour le reste, Hip Hop Family Tree raconte ni plus ni moins l’épopée du hip hop, depuis ses débuts dans les années 70 autour des soirées de Dj Kool Herc dans un South Bronx en ruine. DJ Kool, c’est le gars qui a inventé la technique du « Merry-go-Round » (jouer avec deux disques identiques sur deux platines différentes). Ce qui va profondément changer la face du monde, tout au moins du monde de la musique.
Avec un bon tempo, un album tous les six mois, les éditions Papa Guédé nous livrent cette saga en français, le troisième volet consacré aux années 1983 et 1984 vient de sortir, à point pour Noël.
Le rap gagne du terrain, nous dit en ouverture de ce troisième opus Ed Piskor, la preuve « ces punks de Beastie Boys décident de s’y mettre et, après avoir vu le Rock Steady Crew au Roxy, ils en adoptent l’attitude en s’inventant des surnoms qu’ils impriment sur leurs t-shirts Carvel Ice Cream ».
Les Beastie Boys mais aussi Afrika Bambaataa, Jazzy Jay, Run DMC, le label anglais Jive Records, les films Wild Style et Style Wars, Chucky D, Ice-T, Fat Boys, Blondie, oui Blondie, dont le morceau de rap Rapture fut longtemps le seul clip de rap diffusé à la télévision… tous ceux qui comptent à l’époque et vont permettre au rap d’investir peu à peu les maisons de disques, les médias, de gagner toute la planète et tous les esprits, sont réunis dans ce nouvel album, le troisième des six qui seraient prévus par l’auteur.
Plus qu’une bande dessinée, Ed Piskor écrit, mine de rien, une encyclopédie en images de la culture hip hop, avec une touche vintage dans le graphisme et la présentation générale qui nous ramène plus encore au siècle passé. Une saga incontournable pour tous ceux qui sont dans le mouv’ et les autres.
Eric Guillaud
Hip Hop Family Tree, d’Ed Piskor. Éditions Papa Guédé. 26€