Tous ceux qui s’intéressent un tant soit peu au Neuvième art connaissent aujourd’hui Lewis Trondheim, au moins de nom. A l’époque de Mildiou, publié en 1994 au Seuil, ce n’était pas tout a fait le cas même si les plus pointus en la matière sentaient déjà que quelque chose de neuf frémissait sous la plume et le pinceau de l’auteur…
Et de fait, Lewis trondheim fait aujourd’hui partie des auteurs connus et reconnus de la bande dessinée, un auteur qui a contribué à faire avancer le genre grâce à sa technique du dessin direct, aux contraintes techniques qu’il s’est souvent imposées à son ton décalé mais aussi grâce son approche zoomorphique, à ses personnages (le lapin, le chat, le canard…) qui revenaient d’un livre à l’autre mais pas dans le même rôle…
Depuis, Lewis Trondheim a produit une quantité invraisemblable de livres, dans tous les genres, il a reçu l’Alph-Art Coup de coeur en 1994 pour l’album Slaloms, il été ordonné Chevalier des Arts et Lettres en 2005 et couronné Grand Prix à Angoulême en 2006… Il a aussi co-fondé la maison d’édition L’Association en 1990, laquelle réédite aujourd’hui – on y revient – l’album Mildiou qui n’a rien perdu de sa force et de sa farce.
Sur près de 150 pages, Lewis Trondheim nous offre une énorme scène de bagarre entre le gentil Lapinot qui ne demandait rien à personne et le méchant Mildiou, un usurpateur et oppresseur de première qui compte défendre bec et ongles ou plus justement museau et griffes sa place de roi qu’il a volé de la pire façon. Une bagarre sans fin où l’intelligence de l’un attise la bêtise de l’autre et vice-versa. Mildiou, c’est de l’action, beaucoup d’action, mais c’est aussi une sacrée leçon de mise en scène, des dialogues savoureux, un sens de l’absurde incroyable, bref un bouquin à découvrir ou redécouvrir au plus vite et à garder pas trop éloigné de sa table de chevet.
Eric Guillaud
Mildiou, de Lewis Trondheim. Editions L’Association. 13€