09 Jan

Un Norvégien vers Compostelle : mieux qu’une Porsche, Jason se paie un pèlerinage pour ses 50 ans

unNorvegienVersCompostelleTous ceux qui prennent la route de Compostelle ont de bonnes raisons pour le faire. Des raisons spirituelles, sportives, intimes… Jason, lui, vient d’avoir 50 ans et souhaite simplement marqué le coup. « C’était ça ou acheter une Posche », dit-il avec humour…

Et il en faut de l’humour pour avaler des dizaines de kilomètres à pied pendant une trentaine de jours, pour affronter le soleil, la pluie, le froid, les ampoules aux pieds, les punaises de lit, les moments de solitude.

Saint-Jean-Pied-de-Port, Roncevaux, Pampelune, Burgos, Léon, Cruz de Ferro… et enfin Compostelle, Jason nous raconte son périple avec beaucoup d’humilité, de minutie et d’humour nordique. On le suit sur le chemin mais aussi en coulisse, pourrait-on écrire, lors de ses étapes dans quelques gîtes, ici tentant de trouver le sommeil au milieu de ronfleurs invétérés, là cherchant une petite place pour sécher son linge de corps dans le séchoir mis à disposition des pèlerins.

Des moments intimes, des pensées introspectives, mais aussi des rencontres avec d’autres marcheurs venus d’horizons variés. Qu’ils soient américains, espagnols, belges ou encore français, Jason nous décrit un chemin de Compostelle finalement très fréquenté où beaucoup se connaissent à l’arrivée du périple pour s’être croisés, recroisés et rerecroisés.

Jason, auteur d’origine norvégienne vivant aujourd’hui à Montpellier, récompensé trois années de suite par le Prix Eisner de la meilleure édition américaine d’une oeuvre internationale, occupe une place à part dans le monde du Neuvième art avec un graphisme singulier, un trait dépouillé, des personnages à têtes d’animaux et des dialogues rares, souvent inexistants. Ici, Jason se lâche côté bavardages, l’auteur se montrant même demandeur en conversation avec ses frères de marche. Sans grand résultat, il faut bien l’avouer.

Ne cherchez pas l’action pour l’action, le rebondissement incroyable en milieu de récit, les premières pages de l’album vous donneront un aperçu des dernières. Mais l’ensemble se laisse lire avec intérêt, peut-être pour des gens qui comme moi ne connaissent rien de rien de la vie du pèlerin en route pour Compostelle.

Eric Guillaud

Un Norvégien vers Compostelle, de Jason. Éditions Delcourt. 15,50€

© Delcourt / Jason

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