Capa n’était pas un photographe comme les autres, c’était l’un des meilleurs photographes de presse, et surtout un photographe engagé, clairement affiché à gauche, antifasciste. C’est pour cette raison que Florent Silloray le représente sur la couverture de son album le poing levé en surplomb d’une manifestation de républicains espagnols. Sa vie, son métier, étaient un combat.
Et de 1937 à 1954, l’homme sera de tous les combats, au plus près des champs de bataille, au plus près des hommes, au plus près de la mort. L’Espagne, où il perd sa compagne Gerda Taro, il en restera inconsolable, la Chine que viennent d’envahir les Japonais, l’Afrique du Nord où ont débarqué les forces alliées, la Sicile, l’Italie, la Normandie et le DDay où il réalise l’un de ses clichés les plus connus, où il devient également une légende vivante… Et puis l’Indochine où il saute accidentellement sur un mine antipersonnel. Nous sommes en 1954. Il n’a que 40 ans mais son nom est déjà connu dans le monde entier.
L’album de Florent Silloray retrace cette vie incroyable faite de passion, de conviction et d’action, un biopic qui s’appuie sur une solide bibliographie, 80 pages couleur sépia d’une très belle facture dans lesquelles Capa – placé en narrateur – se dévoile. Les femmes, le jeu, la guerre bien sûr qu’il déteste tant, ses amis, ses amours, son métier de photographe mais aussi de patron de presse, Paris, New York…, on comprend pourquoi cet homme qui s’était lui-même inventé, transformant ses origines hongroises en un passé de photographe américain, est aujourd’hui encore une référence pour quantité de photographes.
Trois et demi de travail ont été nécessaires à l’auteur. Le résultat est magnifique et exaltant. Une belle rencontre entre le 8e et le 9e art.
Eric Guillaud
Capa l’étoile filante, de Florent Silloray. Editions Casteman. 17 €