De Binet à Riad Sattouf, en passant par Blain, Bourgeon, Clowes, Christin, Davodeau, de Crécy, Hermann, Frank Miller, Joann Sfar, Jiro Taniguchi ou encore Jean Van Hamme, la liste des nommés au Grand Prix du festival d’Angoulême 2016 a le mérite de réunir quelques-uns des plus grands noms du Neuvième art, de couvrir à peu près tous les genres et tous les grands pays de la bande dessinée, une sélection, pourtant, qui oublie totalement les femmes.
Scandale, réactions indignées de certains nommés comme Riad Sattouf ou Joann Sfar qui annoncent sur leurs comptes Facebook se retirer de la compétition, explications embarrassées du côté de l’organisation du festival qui évoque la faible présence des femmes dans le milieu, montée au front du Collectif des Créatrices de Bande Dessinée contre le Sexisme qui rappelle sur son site « que depuis 43 ans, Florence Cestac est la seule femme à avoir reçu cette distinction », médias qui s’en mêlent et font monter la mayonnaise…
Bien entendu, je soutiens à mille pour cent la démarche de Riad. Aucun auteur ne peut souhaiter figurer sur une liste entièrement masculine. Cela enverrait un message désastreux à une profession qui de toutes parts se féminise. Bien entendu, je demande que mon nom soit retiré de la liste des nommés. Je suis certain que l’ensemble des auteurs nommés auront la même réaction (Joann Sfar)
Mais alors, où sont les femmes ?
Elles sont là, pareilles aux hommes, dans leurs ateliers, planchant sur leurs tables de travail, souvent seules, élaborant des scénarios, découpant, dessinant, coloriant… Elles ont pour noms Pénélope Bagieu, Flore Balthazar, Cati Baur, Julie Doucet, Annie Goetzinger, Véronique Grisseaux, Chantal Montellier, Anouck Ricard, Marjane Satrapi, Catel, Daphné Collignon, Leslie Plée, Marion Montaigne…
Alors bien sûr, toutes n’ont pas le profil nécessaire pour figurer aujourd’hui sur la liste, le Grand Prix couronnant un(e) auteur(e) pour l’ensemble de son oeuvre, mais tout de même…
Eric Guillaud