Irruption de l’art dans la bande dessinée ou l’inverse, Le Courant d’art de Bezian est un ouvrage pour le moins singulier, une véritable curiosité même, tant dans la forme, un livre accordéon qui se lit d’un côté et de l’autre, puis d’un côté et de l’autre, autant de fois que vous le souhaitez, que dans le fond.
De Byrne à Mondrian, de Mondrian à Byrne, l’auteur de Aller-retour, Docteur Radar tueur de savant ou encore de Gardes-fous explore ici les liens entre le mathématicien Oliver Byrne et le peintre Piet Mondrian. Entre les deux, un petit siècle de différence mais un même accaparement des lignes et formes géométriques rouges, jaunes et bleues. Elles permettront au premier d’illustrer la géométrie d’Euclide dans l’édition de 1847 des Éléments d’Euclide, livre considéré comme le plus étrange et le plus beau du XIXe siècle. Elles permettront au second, très certainement inspiré par ce livre, de devenir l’une des figures majeures de l’art abstrait avec ces compositions géométriques associant les trois couleurs primaires à un fond blanc et à des lignes noires.
En dépliant Le Courant d’art, d’un côté puis de l’autre, le lecteur plonge dans ce qui aurait pu être le cheminement du mathématicien et du peintre, une vision parcellaire bien sûr limitée à une dizaine de scènes, autant de tableaux, pour chacun d’eux. Le trait anguleux et sombre de Frédéric Bezian associé aux aplats bleus rouges et jaunes apporte à l’ouvrage une tonalité moderne à la croisée des arts. Pour les amoureux de la peinture, de l’architecture, de la bande dessinée, des arts en général.
Eric Guillaud
Le Courant d’art de Bezina. Editions Soleil. 18,95€