Aïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.
Pour faire de l’effet, cet album-là, sorti en septembre, devrait assurément en faire. D’abord parce qu’il est beau, beau comme un piano à queue. Ensuite parce qu’il raconte une drôle d’histoire, véridique, celle de l’arrière grand-père de l’auteure, Abdallah Chahine, pianiste, accordeur de piano et inventeur du piano oriental à Beyrouth dans les années 60. Qu’est-ce qu’un piano oriental me direz-vous ? Un instrument qui permet de rapprocher les musiques d’Orient et d’Occident, une histoire de ruse mécanique et de quart de ton. Un piano bilingue en fait dont il n’existera au final qu’un prototype d’usine, toujours conservé par la famille d’Abdallah Chahine.
Mais le récit ne s’arrête pas à ce destin déjà singulier à cheval sur deux cultures. Il raconte aussi l’histoire de l’auteure, Zeina Abirached, née en 1981 à Beyrouth, étudiante à l’Académie libanaise des Beaux-Arts durant cinq ans, et arrivée en France à l’âge de 23 ans. Il y a donc une dizaine d’années.
Parfaitement bilingue, comme le piano de son arrière grand père, Zeina établit un pont entre les deux pays, les deux cultures, avec ses deux histoires racontées en parallèle. « Je me suis rendu compte que le Français et l’arabe sont intimement liés en moi, inextricables, le français et l’arabe sont ma langue« . Bilingue ou plutôt trilingue car le graphisme, reconnaît-elle, est « comme une troisième langue« .
Ce graphisme justement, un noir et blanc -comme les touches d’un piano- comparé parfois et à juste titre à celui de Marjane Satrapi, l’auteure de Persepolis. Il est à la fois simple et très appliqué, très élaboré, ornementé, inventif et poétique. Le Piano oriental est un bonheur aussi bien visuel qu’intellectuel, un petit bijou franco-libanais.
Eric Guillaud
Le Piano oriental de Zeina Abirached. Editions Casterman. 22€