Bien évidemment, il est impossible d’ouvrir ce livre sans penser au typhon Haiyan qui vient de frapper les Philippines et de nous resservir les mêmes images de désolation qu’en 2004 sur les côtes indonésiennes.
Pourtant, Tsunami n’est pas à proprement parler un récit sur cette catastrophe aux centaines de milliers de morts et de disparus. Lorsque Romain Mataresse, le personnage de Jean-Denis Pendanx et Stéphane Piatzszek, débarque à Bandah Aceh, au nord de l’île de Sumatra, le tsunami n’est plus qu’un très mauvais souvenir. La vie a repris son cours, les motos déglinguées envahissent à nouveau le centre-ville, seuls les panneaux d’avertissement aux risques de submersion et les cargos rouillés posés sur la terre ferme rappellent que le drame n’est pas encore si loin et surtout qu’il est encore possible.
Si le jeune-homme débarque dans ce coin du monde un beau jour de 2013, ce n’est pas pour faire du tourisme. Il est là pour retrouver sa soeur, Elsa, toubib, arrivée ici au lendemain de la catastrophe et portée disparue depuis 2005. Romain se l’est promis, il retrouvera sa soeur coûte que coûte, même s’il doit parcourir tout le pays…
C’est donc cette recherche, cette quête, cette enquête même, que nous racontent Jean-Denis Pendanx et Stéphane Piatzszek, une enquête parsemée de rencontres, de découvertes et d’initiations aux croyances et traditions locales. On y croise des vivants comme Jessie, une belle et jeune Papoue un peu chapardeuse, mais aussi des morts en colère, des fantômes du Tsunami. Beaucoup moins pictural que dans les albums Abdallahi ou Jeronimus, le graphisme de Jean-Denis Pendanx n’en est pas moins extraordinairement fort et de caractère. Chacune des quelque 110 planches nous transporte littéralement dans cette région du monde à la fois luxuriante et meurtrie par le tsunami, une région que Piatzszek connaît bien et aime profondément. On ne peut que le sentir !
Eric Guillaud
Tsunami, de Pendanx et Piatzszek. Editions Futuropolis. 20 euros