Comme le souligne très justement l’auteur Antonio Carboni en préface, Fanfulla est l’une des histoires de Pratt les moins connues du grand public. Elle a été réalisée en 1965 à la fin de la collaboration de l’auteur avec l’hebdomadaire italien pour la jeunesse Corriere dei Piccoli, collaboration qui avait donné naissance à plusieurs autres récits, parmi lesquels Billy James, L’Ombre ou encore L’île au trésor.
Edité en album en 1981 puis 1987 aux Humanoïdes Associés, Fanfulla ne souleva jamais l’enthousiasme des foules au point que le récit disparut de la circulation. Il faut attendre la naissance d’une nouvelle maison d’édition, Rue de Sèvres, pour le retrouver enfin dans un format à l’italienne pour le moins judicieux et recolorisé sobrement par Patrizia Zanotti. De quoi apprécier pleinement le génie du bientôt créateur de Corto Maltese et son trait qui oscille alors entre un réalisme classique et une figuration simplifiée par de grands aplats de noir.
Côté histoire, Fanfulla nous plonge dans l’Italie du 16e siècle, au coeur des luttes pour la possession des grandes villes, Rome d’abord, Florence ensuite. Fanfulla le mercenaire, borgne sans pitié, navigue entre alliances et trahisons, combats violents et rédemptions. Un album indispensable pour les amoureux de Pratt, une curiosité pour les autres !
Eric Guillaud
Fanfulla, de Hugo Pratt et Mino Milani. Editions Rue de Sèvres. 20 euros