Des fringues sans âge sur le dos, un sac Tati pour tout bagage, Abel Mérian ressemble à tous ces taulards qui sortent de prison et doivent reprendre le cours de la vie. A la différence près qu’Abel Mérian ne va pas rester longtemps dans ce costume de sans abri. Un petit pécule l’attend bien planqué au fond d’une vielle usine désaffectée. Sauf que pendant son emprisonnement, le quartier est passé entre les mains de quelques promoteurs immobiliers peu regardants sur les trésors enfouis. L’usine désaffectée est devenue un centre d’art contemporain. Plus de magot… mais un téléphone portable trouvé sur le sol. Celui d’une jeune femme, une Italienne. Abel Mérian décide de lui ramener en mains propres…
Aucun doute, il y a du Verlaine dans cet album et pas seulement dans le titre. Dès la première page, Au Vent mauvais nous enveloppe de sa douce mélancolie. Rascal, auteur remarqué dans le livre jeunesse, développe sur plus de 100 pages un road comics psychologique autour d’un personnage à la fois désabusé et bien décidé à entamer une nouvelle vie. Peu de textes, essentiellement une voix off, une mise en images de Thierry Murat minimaliste, des couleurs ternes, trois ou quatre cases par planche et un dénouement inattendu… Au Vent mauvais est une petite merveille qui se lit et se relit sans fin. Comme un poème ! EGuillaud
Au Vent mauvais, de Rascal et Thierry Murat. Editions Futuropolis. 18 euros