Cinq albums en deux mois ! La bande dessinée politique fait un retour en force en ce printemps 2012. Un retour en force estampillé Philippe Squarzoni. Le voyageur militant, qui a changé de maison d’édition voici quelques temps, passant des Requins marteaux à Delcourt, voit en effet plusieurs de ses albums réédités chez ce dernier à l’occasion de la sortie de Saison brune, une nouveauté dont nous vous en avons parlé précédemment. Sa chronique est à lire ici-même.
Et parmi ces rééditions, il y a bien évidemment Garduno en temps de paix et Zapata en temps de guerre, deux albums publiés au début des années 2000 et qui avaient révélé l’auteur au public, plus précisément aux amateurs de deux genres naissant : la bande dessinée documentaire et la bande dessinée politique. Dans une préface de l’époque, Ignacio Ramonet parle à leur sujet de « polar de la globalisation ». Dans un style narratif et graphique innovant, Philippe Squarzoni, alors militant de l’association Attac, aborde effectivement sur plus de 300 pages la mondialisation libérale et ses dérives, le « pillage planétaire » comme l’écrit Ignacio Ramonet. Et plus qu’un simple constat ou un cri de colère, l’auteur mène ici une enquête rigoureuse, documentée, chiffrée, complétée par des témoignages, une enquête qui nous emmène jusqu’au Mexique, dans un village que les habitants disent s’appeler Garduno en temps de paix et Zapata en temps de guerre. Un véritable appel à la résistance !
Changement de décor avec Torture blanche. Changement de décor mais engagement identique. Philippe Squarzoni nous fait revivre ici une « mission de protection du peuple palestinien » à laquelle il a participé entre décembre 2002 et janvier 2003. But de la mission : « essayer de limiter par la présence d’observateurs internationaux les souffrances infligées aux Palestiniens ». Philippe Squarzoni aborde le quotidien de ce peuple en axant son récit sur la dimension économique du conflit. Un travail qui n’est pas sans rappeler celui de l’auteur et journaliste américain Joe Sacco dans Gaza 1956, en marge de l’histoire ou Palestine, une nation occupée…
Et pour finir, Dol. Ce gros pavé de 300 pages a été initialement publié à la veille de la présidentielle de 2007. Philippe Squarzoni, qui s’y représente sur un ring de boxe face à Jean-Pierre Raffarin, donne d’emblée la tonalité de l’ouvrage. C’est un combat pour l’auteur, un combat contre les politiques ultra-libérales menées en France depuis des années et dernièrement par le gouvernement Raffarin. Et tout est passé au peigne fin : les impôts, la réforme des retraites, la santé, le chômage, la lutte contre la délinquance, l’augmentation des rémunérations des ministres, la baisse des allocations… Le propos est bien évidemment politique, très politique, mais l’ouvrage, comme l’ensemble des livres de Philippe Squarzoni, a le mérite d’être basé sur une analyse sérieuse avec interview de spécialistes, de journalistes, d’économistes et bien sûr de personnalités d’Attac.
Qu’on soit proche ou éloigné de ses options politiques, il faut bien reconnaître que Philippe Squarzoni est un auteur singulier par son engagement et sa façon d’aborder la bande dessinée…
EGuillaud
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Dans le détail :
Garduno en temps de paix. 14,30 euros
Zapata en temps de guerre. 15,50 euros.
Dol. 25,50 euros.
Torture blanche. 12,50 euros.