Demi-tour 2.0 n’est pas la dernière console de jeux vidéos à la mode, ni l’ultime concept de quelques parfumeurs en manque d’inspiration. Non, Demi-tour 2.0 est la réédition d’un petit chef d’oeuvre de la bande dessinée, un petit chef d’oeuvre signé Frédéric Boilet et Benoît Peeters, initialement paru en 1997 sous le titre Demi-tour. Alors pourquoi ajouter 2.0 au titre préexistant ? Parce que l’album est paru une première fois en France, une seconde au Japon et une troisième à nouveau en France, offrant à chaque fois une version complétée, améliorée, enrichie… Bon, je vous l’accorde, partant de ce principe, il aurait été peut-être plus judicieux d’appeler ce nouvel album Demi-tour 3.0 ou Demi-tour 1.3…
Qu’importe, l’essentiel est de pouvoir redécouvrir – ou découvrir – ce récit de l’intime qui s’arrête sur les petites choses de la vie, le quotidien, les détails qui ne se remarquent pas forcément, avec en toile de fond, tout de même, l’élection présidentielle de 1995. « Nous nous intéressons à l’éphémère, aux signes invisibles… », souligne Benoît Peeters dans une interview accompagnant cette nouvelle édition. « Nous avions mis au point cette méthode peu à peu, avec les repérages et la façon de filtrer le quotidien dans Love Hotel et Tôkyô est mon jardin. Avec Demi-tour, nous avons voulu porter ce regard sur quelque chose de beaucoup plus près de nous que le Japon, loin de tout exotisme. Nous voulions non seulement montrer la France, mais le quotidien de l’année en cours, dans des lieux banals. Bien sûr, Demi-tour ce n’est pas du Depardon, mais il y a quelque chose, dans son regard de photographe dont nous avons pu nous inspirer…« . L’histoire ? Celle de deux personnages, d’un côté une jeune femme de 19 ans qui ne parvient pas à avoir de rapports sexuels avec son petit ami, de l’autre un homme proche de la quarantaine, lassé de ses nombreuses liaisons. Ils se rencontrent dans la gare de Dijon, lieu impersonnel par excellence, et partagent un moment de leur vie avant de négocier un virage, peut-être un demi-tour… Un récit intemporel et universel ! E.G.