Derrière le nom de Martha Jane Cannary, qui n’évoque absolument rien à la plupart d’entre nous (et c’est bien normal !), se cache l’une des grandes figures de l’Ouest américain, la légendaire Calamity Jane. Née le 1er mai 1852 dans le Missouri, calamity Jane devient par la force des choses une aventurière au long cours, une femme téméraire qui traverse maintes fois les territoires sioux, une femme libre aussi qui croise un jour la route du général Custer, tombe amoureuse d’une autre figure légendaire de l’époque, James Butler Hickok, alias Wild Bill, a un enfant qu’elle décide plus tard d’abandonner…
Christian Perrissin et Matthieu Blanchin reviennent sur ce véritable mythe en choisissant un angle intimiste, les auteurs s’intéressant plus particulièrement à la femme, à la mère, que fût Calamity Jane. « L’envie, c’était justement de ne pas faire un western mais de raconter une femme qui refuse de se soumettre aux diktats des hommes et de la société… », précise Christian Perrissin. C’est notamment à travers les lettres adressées à sa fille, entre 1877 et 1902, que les auteurs ont construit leur récit. « Pour ne pas être dupes, nous nous sommes documentés sur son environnement historique, social, affectif… », poursuit Matthieu, « Il a fallu faire des recoupements entre divers bouquins qui parlent d’elle ou de ses contemporains comme Wild Bill Hickok ou Custer, et voir si ce qu’elle racontait concordait avec les dates et les lieux… ». Car Calamity Jane inventait beaucoup de choses à son propos. « Nous proposons en fait un portrait subjectif d’une personne qui, il ne faut pas l’oublier, se mysthifiait elle-même de son vivant ». Après un premier album qui a fortement enthousiasmé le monde du Neuvième art et qui a reçu un Essentiel au festival d’Angoulême en 2009 ainsi que le Prix Ouest-France – Quai des Bulles au festival de Saint-Malo en 2008, Mathieu Blanchin et Christian Pessissin poursuivent l’exploration de ce destin de femme hors du commun avec ici les années 1870 – 1876, époque difficile pour Calamity qui se retrouve avec un bébé sur les bras… Un deuxième album tout aussi remarquable avec toujours ce graphisme particulier de Matthieu Blanchin, au trait jeté, dynamique, proche de l’esquisse. Une nouvelle vision de l’Ouest américain ! E.G.