09 Jan

L’album « La Nuit » de Druillet réédité chez Glénat le 15 janvier

9782344000205-LC’est l’une des oeuvres les plus noires de la bande dessinée francophone. L’une des plus novatrices aussi au moment de sa parution. Nous sommes au milieu des années 70, Philippe Druillet accompagne sa femme vers la mort et signe La Nuit, un cri venu de l’intérieur diront certains, un cri contre la mort, la maladie, le cancer, la médecine, les médecins incompétents…

Aujourd’hui encore, lire La Nuit est une sacré expérience qui peut mettre mal à l’aise, interroger, émouvoir, surprendre, rebuter, mais surtout pas laisser indifférent…

Dans une interview accordée à Jean Depelley et publiée sur le site bdzoom.com en janvier 2012, Philippe Druillet déclarait : « En peinture, chaque fois qu’il arrivait à un artiste un drame pareil, il en faisait une sculpture, une peinture ou quelque chose. Dans la bande dessinée, ça ne s’était jamais fait à l’époque. J’ai donc perpétué la tradition, à la mémoire de cette femme que j’ai adorée et que j’aime encore aujourd’hui, à travers le support d’une bande dessinée. Je me suis dit que je faisais une folie, que j’allais être rejeté par le monde de la B.D. Pas du tout… C’est un des albums qui se vend le mieux ».

Une pièce maîtresse du Neuvième art !

Eric Guillaud

 

08 Jan

Pinkerton, les aventures d’un flic privé dans l’Ouest américain

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Pinkerton, Allan Pinkerton, n’est pas un ange. Les malfaiteurs en tout genre qu’il pourchasse sans répit à travers le pays non plus. Pilleurs de trains, as de la gâchette, voleurs de chevaux… tous connaissent et craignent l’homme et son agence de détectives, la Pinkerton National Detective Agency. Pas de cadeau, pas de demi-mesure, aucune indulgence et encore moins d’attendrissement à attendre du flic le plus dangereux du Far West. Et pour l’heure, Pinkerton a du pain sur la planche. Un attentat serait en préparation contre le président Lincoln, tout juste élu. Un coup des sudistes qui refusent l’abolition de l’esclavage. Pinkerton envoie les détectives de son agence arpenter le pays à la recherche de la moindre information…

Le but d’un western est avant tout de distraire. Et Pinkerton distrait ! Mais il nous instruit aussi sur l’une des époques les plus sombres des Etats-Unis, la guerre de Sécession. Ce deuxième volet de la série initiée par le tandem Damour – Guerin se déroule quelques mois avant le début des combats. Mais déjà, on y ressent toute la tension née de l’élection du Républicain et abolitionniste Lincoln. Un western intelligent et graphiquement maîtrisé dans un contexte fort et explosif!

Eric Guillaud

Dossier Abraham Lincoln, Pinkerton (tome 2), de Damour et Guerin. Editions Glénat

07 Jan

La BD en 2013 ? Le rapport Ratier est sorti…

Astérix vainqueur toutes catégories !

Astérix vainqueur toutes catégories !

Très attendu chaque année, le rapport Ratier, du nom du secrétaire général de l’ACBD, Association des critiques et journalistes de bande dessinée, note pour la première fois depuis de nombreuses années un fléchissement du nombre de nouveautés. 5159 livres de bande dessinée en 2013, tout de même, contre 5585 en 2012.

Au delà de ce fléchissement dû à la situation économique générale, Gilles Ratier note que le secteur trouve malgré tout « un équilibre entre dynamisme et vigilance ou innovation et prudence : d’autant plus facilement qu’il s’appuie sur plusieurs locomotives traditionnelles qui sont de retour, Astérix en tête ».

A noter que l’activité est dominée par 5 éditeurs qui totalisent 75% des ventes en nombre d’exemplaires, que l’Asie et les Etats-Unis avec respectivement 1555 et 461 titres sont toujours les principaux pourvoyeurs du marché francophone, que 1492 auteurs réussiraient à vivre de leurs créations sur le territoire francophone européen, qu’il existe 13 revues papier et 32 sites spécialisés à ce jour et que la bande dessinée numérique reste un média marginal.

Côté tirages hors mangas, le 25e tome d’Astérix arrive en tête avec 2 480 000 exemplaires, suivi de du 22e Blake et Mortimer avec 445 000 exemplaires. Viennent ensuite Le Chat (350 000), XIII (250 000)…

Pour les mangas, la série Naruto occupe les quatre premières places avec 200 000 exemplaires pour les tomes 58, 59, 60 et 61.

Eric Guillaud

Le rapport en long, en large et en travers ici…

05 Jan

Wake up America, une histoire du mouvement pour les droits civiques signée John Lewis, Andrew Aydin et Nate Powell

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Le nom de John Lewis est certes moins illustre de ce côté-ci de l’Atlantique que celui de Martin Luther King. Pourtant John Lewis fait partie de ceux qui ont joué un rôle déterminant dans le combat contre la ségrégation et la discrimination aux Etats-Unis dans les années 50/60…

Il est même aujourd’hui le dernier survivant du groupe des Big Six qui réunissait les six principaux leaders du mouvement pour les droits civiques, organisateurs par ailleurs de la marche vers Washington pour le travail et la liberté au terme de laquelle Martin Luther King prononça le mythique discours I have a dream. C’était le 28 août 1963 !

Wake up America remonte le temps pour nous raconter l’histoire de cet homme, John Lewis, depuis sa plus tendre jeunesse dans la ferme familiale en Alabama, où il découvre l’élevage des poulets en même temps que la bible, Martin Luther King, Rosa Parks, la ségrégation, le racisme, les premiers sit-in de protestation, jusqu’à la fin des années 60. John Lewis est aujourd’hui encore député de Géorgie, un homme très influent au sein de la communauté noire et au-delà.

Traité en noir et blanc, avec le graphisme de caractère profond et expressif de l’Américain Nate Powell, déjà connu en France pour Le Silence de nos amis paru chez Casterman, ce roman graphique de 128 pages est absolument fascinant car au delà de l’histoire de l’homme, une véritable icône, c’est l’histoire de l’Amérique qui se dessine au fil des pages. Trois tomes sont prévus, le premier qui sort le 8 janvier couvre la période 1940-1960.

Eric Guillaud

Wake up America, de Lewis, Aydin et Powell. Editions Rue de Sèvres. 13 euros

01 Jan

Pan’Pan Panda pour un début d’année en douceur !

nobinobi_couverture-PanPanPanda1Voilà une série qui pourrait bien marcher dans les pas de Chi une vie de chat

Pas de félin ici mais un panda, l’autre animal fétiche des enfants, un panda tellement doux, mignon et rond qu’on a immédiatement envie de se blottir dans ses bras. Panettone est son nom mais tout le monde l’appelle Pan’Pan. Il travaille comme gardien dans une résidence et vit avec Prâline, une gamine qui lui prépare de bons petits plats. On découvre leur vie au quotidien, une vie toute simple faite de bons moments, de rencontres, d’amitié, d’entraide…

Pan’Pan Panda une vie en douceur a été publié par une très jeune maison d’édition de livres jeunesse, nobi nobi! qui s’est donnée pour mission de faire découvrir la culture nipponne aux enfants. Pan’Pan Panda une vie en douceur est son premier manga, un livre aussi craquant que son héros panda. L’histoire au graphisme délicat, aux couleurs tendres, aux personnages attachants, est judicieusement complétée par un lexique, quelques jeux et une galerie réunissant personnages et croquis préparatoires. Irrésistible !

Eric Guillaud

Pan’Pan Panda une vie en douceur, de Sato Horokura. Editions nobi nobi!. 9,45 euros

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23 Déc

Amarillo, le retour de Blacksad de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido

9782205071801-couv-I400x523Blacksad est fatigué de jouer au détective privé. Très fatigué ! Il se demande même s’il n’aurait pas dû poursuivre la tradition familiale et devenir photographe comme son grand-père. C’est dire ! En attendant, il est prêt à accepter n’importe quel job pourvu qu’il n’entende plus parler de meurtre ou de cadavre. Et le hasard faisant parfois bien les choses, Blacksad croise un riche Texan qui l’embauche pour conduire une voiture jusqu’à Tulsa, à un peu plus de 1000 kms de la Nouvelle-Orléans. Un boulot pépère, une promenade du dimanche en Cadillac se dit-il. Pépère oui jusqu’au moment où notre privé, qui se voyait déjà en pré- retraite, se fait chouraver la tire par deux beatnicks du plus mauvais genre. Alors forcément, ça fâche…

Trois années qu’on n’avait pas apperçu sa trogne noire et son museau blanc, trois longues et insupportables années pour les nombreux fans du personnage et de la série. Mais l’attente est largement récompensée et en même temps habituelle tant Juanjo Guarnido et Juan Díaz Canales aiment prendre leur temps et multiplier les expériences. ils ont signé en tout et pour tout 5 albums en 13 ans. C’est peu mais le très primé Blacksad est toujours l’un des polars animaliers, si ce n’est l’un des polars tout court, les plus forts en caractère et les plus noirs de la planète BD. Il vous manquait un ultime cadeau de Noël ? Ne cherchez plus, vous l’avez trouvé…

 Eric Guillaud

Amarillo, Blacksad (tome 5), de Juan Díaz Canales et Junajo Guranido. Editions Dargaud. 13,99 euros

18 Déc

Une nouvelle aventure du groom signée Schwartz et Yann en prépublication dans les pages du journal Spirou

Schwartz & Yoann

Schwartz & Yann

Après Le Groom vert-de-gris publié en 2011, le tandem Schwartz-Yann est de retour pour une nouvelle aventure de Spirou intitulée Le fétiche des Marolles. Les premières pages sont publiées dans l’hebdomadaire de cette semaine accompagnées d’une interview du scénariste Yann qui revient sur le contexte historique de cette nouvelle aventure, le Bruxelles de l’après-guerre et la colonisation belge. « C’était rutabagas et règlements de comptes! », confie Yann, « Bruxelles avait abrité des résistants, mais aussi pas mal de collaborateurs et de rexistes. A la Libération, il y eut donc une ambiance détestable, où tout le monde surveillait tout le monde, cherchant à savoir dans quel camp avait été son voisin. En Belgique comme en France, la Libération s’accompagna de procès publics. On tondit les femmes ayant eu des relations amoureuses avec des Allemands. On appelait  ça la collaboration « horizontale ». A Bruxelles, on enferma même des collabos dans les cages aux fauves du zoo »... (interview à retrouver en intégralité dans le numéro du 18 décembre)

Eric Guillaud

15 Déc

MOC : le Mâle Occidental Contemporain vous connaissez.

Mâle Occidental Contemporain par François Bégaudeau & Clément Oubrerie – Delcourt

Mâle Occidental Contemporain par François Bégaudeau & Clément Oubrerie – Delcourt

L’espèce a eu du mal à s’adapter. Bégaudeau et Oubrerie, deux mâles parisiens, touchent juste.

Est ce le changement climatique ou la mutation de son habitat naturel ? Mais le mâle occidental contemporain est en difficulté. Le romancier François Bégaudeau (Entre les murs) s’essaie à un genre nouveau pour lui, la BD. Il a pris l’exemple d’un parisien trentenaire prêt à tout pour trouver l’âme sœur. Ses techniques de drague datent du XXe siècle (demander l’heure, du feu, de faux sondages …) et conduisent inévitablement à des échecs répétés, des râteaux en grande largeur. Il n’a pas encore compris que face à lui la gente féminine à évoluer. Le post féminisme et la libération sexuelle sont passés par là. Les amazones ne se laissent plus conter fleurette comme antan et certaines préfèrent compter les nuits sans lendemain.

Lui ne recherche pas nécessairement l’amour et elles ne sont plus soumises, plutôt vindicatives. Bref elles ont du répondant. Cela sent le vécu pour les auteurs. Clément Oubrerie (Aya de Yopougon, Pablo, Jeangot) raconte qu’il lui a été impossible de croquer les parisiennes sur le vif dans Paris : « c’était trop difficile, trop rapide. Du coup j’ai utilisé un téléphone et j’ai tout filmé. Dans la rue, dans les bars, discrètement, sans que cela se voie trop.»

Résultat plus que réussi. L’humour affleure à chaque case. Le héros s’en tire sans trop de casse, surtout à partir du moment où il prend conscience qu’au delà des préjugés, les rencontres sont possibles. Mais de là à conclure, ceci est une autre histoire …

Didier Morel

Mâle Occidental Contemporain par François Bégaudeau & Clément Oubrerie – Delcourt

Mâle Occidental Contemporain par François Bégaudeau & Clément Oubrerie – Delcourt

Mâle Occidental Contemporain par François Bégaudeau & Clément Oubrerie – Delcourt

La BO à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Laura Mvula – Make me lovely

Michel Vaillant à fond dans la modernité !

Graton-Voltage-dec2013Pour avoir quitté une course en plein déroulement, Michel Vaillant a perdu sa licence de pilote. Mais rien de son immense popularité ! Son geste est même perçu comme un acte héroïque par ses nombreux admirateurs. Avant d’être coureur, Michel Vaillant s’affiche comme le bon père de famille prêt à tout pour sauver son fils qu’il croyait mêlé à une affaire de drogue. Une fois rassuré sur ce point, non seulement le fiston ne se drogue pas mais il travaille sur un projet lié à l’automobile, Michel Vaillant peut sereinement revenir à ses préoccupations habituelles et notamment relever un nouveau défi : battre le record du monde de vitesse avec un engin électrique.

Après Au Nom du fils, le nouveau team des aventures de Michel Vaillant, formé de Philippe Graton (le fils du créateur), Denis Lapière, Marc Bourgne et Benjamin Benéteau, poursuit sur sa lancée avec un deuxième album de la nouvelle saison tout aussi réussi tant au niveau du scénario que du graphisme. Les personnages gagnent encore en profondeur et l’histoire en réalisme, en modernité aussi, avec ce challenge lié aux énergies nouvelles.

C’est une véritable renaissance pour cette série mythique née à la fin des années 50 et dont les albums se sont vendus à plus de 20 millions d’exemplaires dans une quinzaine de pays. Un album Indispensable pour les fans de sport automobile, grandement recommandé pour les autres !

 Eric Guillaud

Voltage, Michel Vaillant, de Graton, Lapière, Bourgne et Benéteau. Editions Graton. 15,50 euros

14 Déc

Mauvais genre de Chloé Cruchaudet, Grand Prix de la Critique 2014

mauvais-genre-1418201-616x0Le Grand Prix de la Critique décerné chaque année par l’Association des Critiques et Journalistes de Bande Dessinée a été décerné cette semaine à Chloé Cruchaudet pour son album Mauvais genre paru en septembre aux éditions Delcourt.

Chloé Cruchaudet n’est pas une inconnue pour tous ceux qui s’intéressent un tant soit peu au Neuvième art. A la fois scénariste et dessinatrice, la jeune auteure nous avait déjà étonné, émerveillé, avec son album Groenland Manhattan, Prix René Goscinny en 2008, et la trilogie Ida, dont le premier volet avait été sélectionné parmi les meilleurs albums de l’année au festival d’Angoulême en 2010.

Mauvais genre est adapté de l’essai historique La Garçonne et l’Assassin de Fabrice Virgili et Danièle Voldman (éd. Payot) paru en 2011 qui raconte l’histoire vraie de Louise Landy et de son mari Paul Grappe. Ce dernier, déserteur pendant la Grande guerre, se travestit pendant des années pour échapper à la justice et expérimenta une certaine forme de liberté sexuelle…

A partir de ces faits réels, Chloé Cruchaudet a construit son récit comme une fiction, une fiction qui nous embarque dans le Paris prolétaire des années folles pour une histoire d’amour unique qui interroge, nous interroge ? Comment, pendant des années, cet homme a-t-il pu se faire passer pour une femme ?

Chloé Cruchaudet confiait à la sortie de l’album : « En lisant le livre, j’ai été émue en imaginant entre les lignes la relation de ce couple, qui, bien que se terminant de manière dramatique, n’en reste pas moins une histoire d’amour, même imparfaite et chaotique. Par les dialogues, la mise en scène, j’ai essayé de montrer la complexité de ce qui fait notre personnalité. Il n’est pas donné à tout le monde dans une existence d’endosser plusieurs identités, et c’est ce que Paul a expérimenté, non pas par penchant, mais par nécessité. Notre sexe, notre naissance, nous assignent des rôles, mais si l’on se glisse dans un autre costume, alors peut-être que notre comportement et notre manière de penser pourraient en être bouleversés de manière profonde ».

Aucun doute, les membres de l’ACBD n’ont pas fait d’erreur, ils ont choisi l’une des plus belles bandes dessinées de l’année. Un récit fort, des personnages incroyables, une narration qui s’affranchit des cases, un trait noir et franc… et une auteure à suivre de très près !

Eric Guillaud

Mauvais genre, de Chloé Cruchaudet. Editions Delcourt. 18,95 euros 

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