07 Mar

Festival BD au féminin

Festival au Bd au Féminin 2013

C’est la 6ème édition d’un festival pas comme les autres qui se tiendra les 9 et 10 mars 2013. Il démarre au lendemain de la Journée Mondiale de la Femme. Ce festival BD au féminin met en lumière, comme son nom l’indique,  les trop rares auteurEs de la profession.

Derrière les pionnières comme Claire Brétécher (Cellulite), la seule femme à travailler dans le magazine Pilote, situation pas facile dans les années 70,  Florence Cestac et ses gros nez (Le démon de midi), seule femme à avoir remporté le Grand Prix d’AngoulêmeMarjane Satrapi (Persepolis) et Pénélope Bagieu (Joséphine), d’autres dessinent leur chemin dans un monde de bulles d’hommes. En France, d’après une étude menée par l’ACBD, l’Association des journalistes et Critiques de Bande Dessinée, les femmes représentaient un peu plus de 12% des auteurs de BD en France en 2010.

BD d'Essonne

Seront présentes à Igny en Essonne (91) cette année :

AURORE
Patricia LYFOUNG (uniquement le dimanche)
Audrey BUSSI (uniquement le samedi)
Anne Catherine OTT
Isabelle BAUTHIAN
Paola ANTISTA
KRYSTEL (l’auteur de l’affiche du festival)
VALP
MARA
Alice PICARD
RUTILE
PrincessH (seulement le samedi)
DIMAT (Di Matteo)
ZIMRA
DRAC
KAOUET

Autant d’artistes à découvrir et à lire …

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Suzanne – La Grande sophie

Pour aller plus loin, l’article de L’Express et le blog des Fauteuses de trouble

Silence de Didier Comès – Casterman

Le silence qui suit … ou plus exactement Silence, l’un des albums majeurs de l’histoire du 9ème art, est paru en 1979 dans le magazine À suivre. Son auteur, Didier Comès, est décédé hier à l’age de 71 ans. Maître du noir et blanc, il travaillait ses plans comme un musicien; il est aussi le précurseur du roman graphique.

Didier Comès - Casterman

Didier Comès est né en pleine Seconde Guerre mondiale, en Belgique, d’un père allemand, réquisitionné sur le front russe, et d’une mère francophone. Dieter Herman, pas encore francisé en Didier, se définit lui-même comme étant un « bâtard de deux cultures », caractéristique dont on retrouvera la trace dans son imaginaire, source principale de ses inspirations : les maux de l’identité et de la bâtardise, le goût du fantastique et des légendes germaniques, les affres de la guerre.

Il grandit dans les Ardennes belges. Resté fidéle à cette région et ses forêts, où il vivait à l’écart du monde de la BD, il publiera plusieurs longs récits, dont La BeletteEvaL’Arbre-Cœur et Dix de Der (2006), qui prend pour cadre la Seconde Guerre mondiale.

Silence de Didier Comès - Casterman

«J’ai rarement rencontré quelqu’un d’aussi cohérent par rapport à son œuvre», a déclaré l’auteur belge de BD François Schuiten, cité par Casterman«Je reste toujours ébloui devant la beauté de ses planches, la façon dont il traduit le mystère des forêts qui l’entourent. Il travaille le végétal comme un orfèvre ou un artiste japonais», a-t-il ajouté.

Même s’il a relativement peu produit en 30 ans de carrière, son talent a été reconnu très tôt par l’Alfred du meilleur album au Festival d’Angoulême 1981 pour Silence, longue bande dessinée contemplative publiée en 1979 et qui reste son œuvre la plus connue. Il a su s’imposer comme l’un des plus grands auteurs, à l’instar d’Hugo Pratt et Jacques Tardi. En janvier dernier, le 40e Festival international d’Angoulême l’a célébré par une ovation debout lors de sa dernière apparition publique, à l’occasion d’une exposition rétrospective de son oeuvre.

Une minute de Silence s’impose …

et plus si vous avez le temps de lire ou relire son oeuvre …

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Pour aller plus loin, une interview dans le journal Le Soir et un article de BDzoom

A l’ombre du Silence, rétrospective Comès en 2012 à Liège

24 Fév

Seul autour du Monde, une Histoire du Vendée Globe d’Alexandre Chenet & Renaud Garreta – Dargaud

Le Grand Paris de la BD n° 13

Seul autour du Monde - A. CHENET & R. Garreta - Dargaud

Le 11e et dernier marin du Vendée Globe vient de terminer cette course surnommée « l’Everest de la voile ». Il fait partie des « coubertinistes », comme aime à les définir le double vainqueur Michel Desjoyaux, des sportifs pour qui l’essentiel est de participer,  à la différence des favoris et des outsiders qui visent une place sur le podium. Le héros fictif de ce récit à la première personne fait partie du premier groupe. A travers ses yeux, c’est l’occasion d’embarquer à bord d’un voilier monocoque de 60 pieds, sans escale. La course est mythique, le trajet simplissime, sur le papier en tout cas : depuis les Sables-d’Olonne, une bouée à virer, l’Antarctique, en passant par les trois plus grands caps des mers du sud, le Cap de Bonne Espérance (Afrique du Sud), le cap de Leeuwin (Australie) et le Cap Horn (Chili).

« Entretenir mon « will to go », cette envie de continuer cette carotte que l’on se met devant le museau pour aller de l’avant » est le leitmotiv de ce nemo en solitaire. Nourris de tous les récits des marins qui ont écrit la légende de cette course, le scénariste Alexandre Chenet et son coéquipier le dessinateur Renaud Garetta (l’auteur d’ Insiders et du Maitre de Benson Gate) n’ont pas hésité à passer trois mois en mer à bord du 60 pieds Imoca d’Arnaud Boissières (skipper arrivé 8e cette année, 7e en 2008 et déjà prêt pour  repartir pour une 3e fois en 2016).

Seul autour du Monde - A. CHENET & R. Garreta - Dargaud

Le résultat est là : plaisir de lire une histoire fouillée et documentée grâce au style sobre d’Alexandre Chenet, un grand récit d’aventure dans lequel le héros révèle ses doutes et ses failles comme ses joies et ses petits bonheurs. L’histoire nous embarque directement au cœur de l’Atlantique dès la première planche, au 27e jour de la course. Ce voyage au long cours est ponctué de drames humains et de tempêtes assourdissantes, soulignées par le choix judicieux d’une mise en page sur fond noir.

Renaud Garreta - Dargaud

Le graphisme de Renaud Garetta est à la hauteur du défi de cette course hors norme. Ne vous arrêtez pas à la première impression laissée par la couverture au dessin inusuel. La force des pleines pages magnifie les contrées aquatiques traversées, les albatros du cap Horn comme les icebergs au large de l’Antarctique. Revivre de l’intérieur cette course, telle est la réussite de cet album unique.

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Alexandre CHENET - Dargaud

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Renaud Dès que le vent soufflera


Le site officiel de Dargaud

Pour découvrir les premières planches de l’album : la bande annonce

Le point de vue de la presse spécialisée :

Planéte BD Actua BD La Vie


21 Fév

Les Chroniques d’un Maladroit Sentimental t1 de Vincent Zabus et Daniel Casanave Vents d’Ouest – Glénat

Le Grand Paris de la BD n° 12

Chroniques d'un maladroit sentimental T1 - V.Zabus/D.Casanave - Glénat/Vents d'Ouest

Petits béguins et gros pépins ou le portrait d’un gentil malhabile en amour. Février nous est présenté comme la saison de Cupidon ; mais avec un nom comme Gérard Latuile, le personnage de cette série ne part pas avec un profil de gagnant. Sentier battu et histoire connue … tout est question de point de vue pour séduire le lecteur.

L’histoire d’un parisien trentenaire et dépressif, perdu et célibataire, affublé qui plus est d’un gros nez, ce qui n’est pas gagné. Mais quand la dame paraît, Florence, l’histoire s’envole au sens propre comme dans un tableau de Marc Chagall. Les amoureux prennent de la hauteur et c’est toute la réussite du scénariste de l’heureux Les petites Gens. Vincent Zabus, de nous faire aimer ses personnages, tout autant qu’ il s’est attaché à eux.

Chroniques d'un maladroit sentimental T1 - V.Zabus/D.Casanave - Glénat/Vents d'Ouest

Le héros apparaît dès les premières planches tel un distrait qui ne mesure l’amour qu’il aura pour une femme qu’à la taille de son tour de poitrine, avant de reconnaître que ce n’est sans doute pas le meilleur critère pour établir une relation durable.

Et conscient d’être dans une BD, il dialogue avec nous, le lecteur, et nous apostrophe. Pur artifice stylistique puisque nous sommes bien incapables de lui répondre, ce procédé nous place cependant dans la situation du témoin privilégié de ses interrogations existentielles. L’auteur utilise aussi avec brio un second artifice, celui des apparitions imaginaires, sources de dialogues savoureux entre le héros et sa mère dans les toilettes, ou bien son médecin, et même lui dans un futur possible.

Chroniques d'un maladroit sentimental T1 - V.Zabus/D.Casanave - Glénat/Vents d'Ouest

Daniel Casanave - Dargaud

Au dessin, Daniel Casanave prolonge ce coup de crayon réussi, mis en place avec Manu Larcenet (c’est d’ailleurs son frère, Patrice Larcenet, qui est aux couleurs) pour une série d’albums Une Aventure Rocambolesque comme Attila, le Fléau de Dieu ou Le Soldat Inconnu. Daniel Casanave s’est aussi fait connaître dans sa région la Champagne-Ardenne dans le journal de France Télévisions.

Chronique d'un maladroit sentimental T1 - V.Zabus/D.casanave - Glénat/Vents d'Ouest

Ce premier tome est divisé en quatre parties, sous forme de chapitres : Le rendez-vous, Premier baiser, Noël en famille, Premier repas chez Florence… Autant d’étapes familières, qui rythment le parcours de ce tendre vers cette femme plus âgée que lui et mère de trois enfants.

Nous attendons la suite de cet itinéraire sentimental avec impatience !

Un album à découvrir seul, en couple, pour la Saint-Valentin ou à toute autre occasion où l’envie de renouer avec les grandes comédies romantiques se fait sentir à Paris ou ailleurs.

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Vincent Zabus - Glénat/Vents d'Ouest

Patrice Larcenet - Glénat/Vents d'Ouest

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Chet Baker My funny Valentine

Pour découvrir les premières planches de l’album : le site officiel de Vents d’Ouest

Le point de vue de la presse spécialisée : PlaneteBD BDtheque L’union


10 Fév

Quai d’Orsay – Chroniques diplomatiques t2 de Lanzac & Blain – Dargaud

Le Grand Paris de la BD n° 11 – Spécial Angoulême

Quai d'Orsay - Lanzac & Blain - Dargaud

Si Paris est le siège du pouvoir, le Quai d’Orsay et ses ambassades réparties aux quatre coins du monde en sont les vitrines. Tout ce qui brille est-il bien d’or ? Consacrée par le 40ème festival d’Angoulême, cette bande dessinée ne pourra que transformer la vision habituelle que vous avez de cette institution feutrée.

A l’occasion de ce Grand Prix mérité, le scénariste Abel Lanzac sort de l’ombre. Pour ses premiers pas dans l’écriture, il se cachait en effet sous un faux nom ; il vient de révéler le vrai en montant sur scène à Angoulême : Antonin Baudry.

Abel Lanzac (continuons de l’appeler de son nom de plume) excelle dans l’art de nous faire découvrir les coulisses du Quai d’Orsay car il connaît bien son sujet. Il est entré au Ministère des Affaires étrangères à Paris au début des années 2000, au service de Dominique de Villepin, comme « chargé des langages » – comprenez en langage diplomatique, l’homme en charge de rédiger les discours du ministre.

Quai d'Orsay - Lanzac & Blain - Dargaud

C’est dans cette fonction que nous le découvrons dans le 1er tome, et que nous le retrouvons dans cette suite, toujours aussi candide et souffre douleur. Sous sa plume, l’homme lige du Président Jacques Chirac devient Alexandre Taillard de Worms, un ministre flamboyant, toujours pressé, qu’il soit dans son bureau parisien ou à arpenter le globe. Quand il fait un pas, ses conseillers doivent en faire trois, sans pour autant vraiment suivre son rythme …

Christophe Blain - Dargaud

Des répliques ciselées, de l’humour corrosif, tel est le talent d’Abel Lanzac, servi par le dessin dévastateur de Christophe Blain, l’auteur de bandes dessinées de genre, comme Isaac le Pirate (déjà Grand Prix à Angoulême en 2002), Gus ou encore Socrate, le demi-chien.

Sous son crayon, le ministre devient d’abord un nez, tel un index pointé sur chacun de ses collaborateurs pour les pousser dans leurs retranchements ; des mains ensuite, qui brassent et qui tranchent à chaque nouvelle crise diplomatique ; et enfin une coiffure en brosse, avatar de la crête de coq – gaulois bien sûr. Il aime d’ailleurs à en prononcer, des gauloiseries, ou bien à en mimer …

Les rapports se révèlent des plus virils dans ce groupe de diplomates ; le ministre n’hésite pas, par exemple, à proposer à son collaborateur de venir « pisser avec lui » avant une négociation décisive avec les Etats-Unis, concernant l’intervention militaire en Irak. Et de se référer à son grand maître en la matière : « Vous savez le Président m’a dit un jour quelque chose de fondamental : avec nos vies infernales, quand vous avez le temps de pisser, pissez. Quand vous avez le temps de bouffer, bouffez… Vous allez voir, l’ONU, c’est impressionnant. »

Vous allez voir, Quai d’Orsay c’est décapant !

Quai d'Orsay - Lanzac & Blain - Dargaud

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Metallica Seek and Destroy (la musique de la sonnerie du téléphone du héros)

Pour découvrir les premières planches de l’album :

Dargaud et la Bande Annonce

Le point de vue de la presse spécialisée :

Les Inrocks Planete BD Actua BD

Le point de vue de :

Dominique de Villepin sur Europe 1 et la télé suisse RTS

03 Fév

La grande odalisque de Vivès / Ruppert & Mulot – collection Air libre, éditions Dupuis

Le Grand Paris de la BD n°10 – Spéciale Angoulême 2013

La Grande Odalisque par Bastien Vivès Mulot (Jérome) Ruppert © Dupuis 2013

Paris et ses plus grands musées, Orsay et le Louvre. Deux cadres prestigieux pour une aventure de haut vol. Un des albums les plus surprenants de l’année 2012. L’intrigue : spécialisées dans le vol de tableaux de maître, deux intrépides cambrioleuses en recrutent une troisième pour monter un coup à priori impossible  – ou peut-être le coup de trop.

A la manœuvre pour ce vol de la Grande Odalisque d’Ingres au Louvre (« la peinture de la nana qui a trois vertèbres de plus que tout le monde »), un trio inédit : Bastien Vivès, dont le dessin nous avait surpris dans Polina, laisse libre court à son trait pour mettre en image le scénario échevelé et déroutant de Ruppert et Mulot, les auteurs de Panier de Singe. Cet album avait reçu le prix révélation au Festival d’Angoulême en 2007.  Bastien Vivès a lui aussi été reconnu par le Festival international de la bande dessinée : Le Goût du Chlore faisait partie de la sélection officielle en 2009 et a obtenu le prix Essentiel Révélation.

Trois hommes donc pour dessiner trois femmes. Pas vraiment un hasard, mais au contraire une réussite graphique pour ce remake de Signé Cat’s Eyes, un manga de Tsukasa Hojo, adapté en dessin animé et diffusé à la télé française dans les années 1980. L’histoire de trois jeunes sœurs qui tiennent un café le jour et volent des tableaux la nuit.

La Grande Odalisque par Bastien Vivès Mulot (Jérome) Ruppert © Dupuis 2013

Nos trois auteurs prennent toutefois quelques libertés avec leur source d’inspiration : les héroïnes sont bien plus âgées, n’ont pas de lien de parenté et surtout se révèlent beaucoup moins sages. Drogue, armes et séduction au programme. Elles font feu de tout bois pour remplir leur contrat !

La Grande Odalisque par Bastien Vivès Mulot (Jérome) Ruppert © Dupuis 2013

Les auteurs usent de l’humour avec brio pour intercaler, dans le rythme soutenu de l’action, des scènes de comédie dignes des films de Quentin Tarantino. Un seul exemple : la scène d’ouverture du vol du Déjeuner sur l’herbe de Manet, mis en péril par la conversation téléphonique d’une des voleuses en pleine rupture sentimentale !

Comme leurs héroïnes, les trois compères se sont partagés le travail. A Bastien Vivès, le dessin des trois protagonistes, à Ruppert et Mulot celui des décors et de l’action. Résultat un album qui enrichit la toujours surprenante collection Air Libre. Une BD au final couronnée du Prix Landernau, en sélection officielle à Angoulême cette année et qui aurait mérité d’être primée …

vives-ruppert-mulot 2 ©Chloé_Vollmer_Lo (2017)

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Cat Power – The Greatest

Pour découvrir les premières planches de l’album et en savoir plus :

Site officiel de Dupuis (Aire Libre)

Site officiel de Jérôme Mulot
Site officiel de Bastien Vivès


Le point de vue de la presse spécialisée :

Du9 Télérama Bodoï

30 Jan

Esteban t4 de Matthieu Bonhomme – Dupuis

Le Grand Paris de la BD n° 9  – Spécial Angoulême 2013 – France 3

Rencontre avec Matthieu Bonhomme, un dessinateur parisien, primé en 2003 pour son Age de Raison, il reçoit l’Alph-Art du meilleur premier album.

Esteban - Prisonniers du bout du monde (T4) - Bonhomme / Dupuis

Il a publié le tome 4 d’Esteban, une très bonne série à succès, qui raconte les aventures d’un jeune indien devenu baleinier au Cap Horn. Cet album fait partie de la sélection Jeunesse d’Angoulême 2013. Matthieu Bonhomme était aussi l’invité d’honneur du Salon du Livre jeunesse de Montreuil 2012. Avec son compère Lewis Trondheim, un autre habitué d’Angoulême et de Montreuil, il a publié un étonnant album sur les archétypes du western, une bd à l’humour décalé, un régal pour les amateurs du grand ouest. Interview dans son atelier du 10e ardt et sur les quais du canal Saint-Martin, en plein travail sur les nouvelles planches du tome 5 d’«Esteban».

Matthieu Bonhomme - Dupuis

Là on est dans un décor typiquement parisien avec des immeubles, un métro et le canal Saint-Martin. Qu’est ce qui fait que ce n’est pas une source d’inspiration pour vous ?

C’est très étrange effectivement. Je suis un parisien de naissance, mes parents sont parisiens, mes arrières grands parents sont parisiens. Je pense que je suis venu à la Bd par un désir d’évasion. Ce n’est pas comme si j’avais délaissé mon environnement mais pour moi Paris n’a pas l’exotisme qu’il pourrait y avoir éventuellement dans une histoire d’aventure.

Et donc votre inspiration vous la puisez où si ce n’est pas dans le quotidien ?

C’est dans mes rêveries, dans mon imaginaire, dans mes lectures, dans la consultation de livres de photos et de film, des choses comme ça.

Vous avez quand même réalisé un album sur Paris et dans un décor urbain, Omnivisibilis. Pourquoi ce choix ?

Ce livre cela a été vraiment un défi qui m’a été proposé par le scénariste Lewis Trondheim. Il m’a dit on va changer tes habitudes. Effectivement comme j’avais l’habitude de ne rien faire à Paris, d’un seul coup, c’est devenu un des arguments de la différence je dirais. J’ai beaucoup dessiné Paris dans ce livre là. Il y a plein de choses qui étaient différentes de mes habitudes aussi : le format, le nombre de page, la façon de raconter. Cela a été l’occasion de m’exercer à de nouvelles choses.

Vous y avez pris plaisir ou c’était juste une parenthèse ?

Une parenthèse c’est vrai, mais j’y ai pris beaucoup de plaisir. J’ai constaté qu’effectivement c’était très pratique d’avoir toute la documentation en bas de chez moi. Effectivement cela faisait une différence par rapport à mes autres projets.

Texas Cowboys - Bonhomme-Trondheim / Dupuis

Matthieu Bonhomme, votre dernier album c’est Texas Cowboys . Vous même, vous êtes plutôt pied tendre ou vrai cowboy ?

Moi je suis un pied tendre mais je suis passionné des cowboys. Un vrai pied tendre.

Cela n’aide pas pour dessiner un vrai album de cowboys ?

C’est-à-dire que moi j’aurais aimé être un cowboy évidemment. Je vais chercher mon inspiration dans les films, dans les photos, dans la documentation que je peux trouver sur des images de l’ouest.

Mais aussi chez des maitres de la Bande dessinée comme Jean Giraud ou d’autres ?

Oui bien sur, je suis venu à la bande dessinée parce que j’ai découvert Blueberry, Lucky Luke. C’est vraiment le western qui m’a amené à la bande dessinée. Aujourd’hui faire cet album sur les cowboys, c’est comme un retour à mes inspirations premières.

Mais vous avez aussi d’autres maitres qui sont plus surprenants comme Peyo, l’auteur des Schtroumpfs ?

Oui c’est-à-dire qu’évidemment je me suis nourri de plusieurs sources d’inspiration. Il y a vraiment évidemment Jean Giraud avant tout, mais il y a également Peyo pour sa simplicité. Je trouve que dans chaque auteur qui m’a vraiment marqué, il y avait toujours des petits trucs à récupérer dans leur savoir faire. Cela m’a beaucoup aidé pour avancer dans le métier.

Esteban & Matthieu Bonhomme - France Télévisions

Certains de vos admirateurs disent que vous êtes la synthèse entre la ligne claire franco-belge et la nouvelle bande dessinée. Qu’est ce que vous en pensez ?

Je ne suis pas le seul dans ce cas là, mais c’est vrai j’ai grandi en me nourrissant de toute la Bd franco-belge et puis j’ai continué mon apprentissage et ma culture de la bande dessinée, étant jeune adulte, et en lisant beaucoup ce qui se faisait dans ma génération. Donc tout cela est entré en moi, et j’ai du en faire une synthèse plus ou moins consciente.

Qu’est que l’on peut trouver dans votre carnet que vous emportez partout ?

Dans mes carnets, on trouve un petit peu tout. Il n’y a pas que des dessins. Je suis dessinateur mais aussi scénariste. En fait c’est aussi un compagnon de route. Il y a énormément de textes, par exemple il y des pages comme ça remplies de textes qui sont mes idées. Au quotidien je flâne souvent et dès que j’ai une idée qui m’arrive pour écrire un scénario, à ce moment là je la note pour qu’elle ne s’envole pas. Et puis à la fin, ça c’est ma matière première pour l’écriture.

Esteban - Prisonniers du Bout du Monde - Bohomme / Dupuis

Est-ce que vous pensez à vos lecteurs quand vous écrivez un scénario, quand vous dessinez ?

Oui je pense beaucoup aux lecteurs, mais je sais aussi que pour fournir aux lecteurs l’évasion, dont il a besoin, il faut que moi déjà je m’évade. Et donc je suis en permanence avec mes personnages dans un coin de ma tête à me demander ce qui se passe, ce qui se pourrait se passer, ce qui serait bien qui se passe, ce que l’on aurait envie de voir dans cette histoire.

Est-ce que vous pensez différemment à un lecteur enfant ou un lecteur adulte ?

Moi je ne fais pas cette distinction là. Je fais une BD tout public, donc j’ai vraiment l’impression d’écrire pour moi, mais autant pour moi que pour mon fils, pour ma femme, pour mon frère et pour des gens d’âges différents. Je suis un peu dans la tradition, je dirais, de Tintin. J’essaie de faire des histoires qui me ressemble, où il y aura une importance donnée à l’émotion des personnages et partir à l’aventure avec eux, de les accompagner dans leur émotions et dans tout ce qui va les révéler.

Matthieu Bonhomme dans son atelier - France Télévisions

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Twisted Nerve de Bernard Herrmann

Le reportage de France télévisions : Culturebox

Pour découvrir les premières planches de l’album : Esteban – Editions Dupuis

Le point de vue de la presse spécialisée :

BDgest ActuaBD

09 Jan

Pablo – Apollinaire (t1&2) de Julie Birmant & Clément Oubrerie – Dargaud

Pablo T2 Couverture - dargaud

Le Grand Paris de la BD n° 8

Pablo, vous le connaissez : c’est la figure emblématique de la peinture du XXème siècle. Mais ici pas question de nous présenter cette icône en maillot rayé sous laquelle notre imaginaire collectif se représente ce peintre. Ce Pablo Picasso là est un tout jeune homme qui découvre le Paris de l’expo universelle de 1900. Le Paris mythique de Montmartre et du Bateau-Lavoir, une ancienne manufacture de pianos transformée en repaire d’artistes fauchés.

Dans le premier tome intitulé « Max Jacob », c’est la rencontre avec le poète inspirateur de sa période bleue qui est décrite. Dans ce second opus, c’est celle avec un autre poète : Guillaume Apollinaire. Une rencontre tout aussi importante, dans une brasserie de la Gare Saint-Lazare, pour une nouvelle période de création : la rose. C’est le principe de cette surprenante série ; à chaque album correspond une période et une rencontre essentielle qui se transforme en amitié et contribue à faire évoluer la peinture de Pablo.

Pablo (t2) par Julie Birmant et Clément Oubrerie - Dargaud

Objectif atteint pour cette BD : faire vivre Pablo Picasso sans tomber dans l’académisme ou l’histoire de l’art didactique. Une réussite qui tient aux choix de la scénariste Julie Birmant, habituée des recherches historiques de par son travail de documentariste. Elle affirme ici que « tout est VRAI dans cette histoire ». Peu importe d’ailleurs si elle a pris quelques libertés avec le grand homme. Le plaisir est ailleurs : dans l’angle choisi pour entrer dans le récit.

L’auteur, qui avait livré de touchants portraits d’artistes dans Drôles de Femmes, privilégie ici aussi le point de vue d’une femme, celui de la première compagne du peintre, Fernande Olivier. Un point de vue original, puisé dans les Mémoires de ce modèle recherché des artistes parisiens. Nous apparaît alors un Pablo attachant, un amoureux fou, à la fois fleur bleue et dévoré par sa passion érotique, un gamin capable de faire feu avec un pistolet tout en martelant « A bas Laforgue ! Vive Rimbaud ! ».`

Pablo (t2) par Julie Birmant & Clément Oubrerie - Dargaud

La liberté de ton se retrouve aussi dans les dessins de Clément Oubrerie, l’auteur de la série à succès Aya de Yopougon. Une gageure pour un dessinateur que de se de mesurer au génie du peintre ! Pari réussi car Clément Oubrerie, avec son trait naïf, s’est en quelque sorte installé sur les épaules de ce géant pour nous donner à voir l’envers des toiles du maître. De l’impossibilité commerciale de départ de représenter un seul tableau de Picasso (on ne plaisante pas avec le droit de reproduction des œuvres chez ces ayant droits…), il en fait une force graphique très évocatrice. Il joue avec notre mémoire picturale avec brio.

Pablo (t2) par Julie Birmant & Clément Oubrerie - Dargaud

Une histoire dont on attend avec impatience les deux tomes suivants, pour se plonger avec délectation dans les planches grand format du Paris d’une époque en plein mutation : du premier métropolitain au cirque Médrano, en passant par le Grand Palais. Clément Oubrerie confie d’ailleurs que pour cette série, chacune des cases est réalisée en format A4 puis réduite pour créer des planches. Un choix qui lui autorise toutes les techniques : fusain, encre … et insuffle une vitalité détonante.

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Julie Birmant - Dargaud/Cécile Gabriel

Clément Oubrerie - Dargaud/Rita Scaglia

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Arthur H « Lily Dale » de l’ album Négresse Blanche


Pour découvrir les premières planches de l’album : Pablo

Le point de vue de la presse spécialisée :

PlaneteBD , ActuaBD , Télérama

29 Nov

Les Ignorants d’Etienne Davodeau – Futuropolis

Le Grand Paris de la BD n° 7

Couverture Les Ignorants - DR Futuropolis

Rencontre inhabituelle dans un théâtre parisien. Richard et Etienne vivent dans le même village de la campagne angevine. Le premier est vigneron, le second auteur de bandes dessinées. Tous les deux sont au début ignorants ou presque du métier de l’autre. Cet album est le fruit d’une rencontre qui donne lieu à une initiation croisée. A l’origine d’un double plaisir pour le lecteur qui, au travers des deux personnages, tour à tour candides et spécialistes, découvre toute la richesse de leur art respectif.

Richard Leroy (à gauche) avec Etienne Davodeau (à droite) DR Futuropolis

L’auteur, Etienne Davodeau, s’est fait connaître avec des polars dessinés, puis des récits à hauteur d’homme et de femme, comme Lulu femme nue. Il n’est pas le premier à repousser les limites de la bande dessinée classique franco-belge. Cabu avait par exemple dessiné des ses reportages pour Charlie Hebdo, il ya plus de 30 ans. Mais avec ses chroniques du réel, comme Rural et Les Mauvaises Gens, Etienne Davodeau a montré toute la force de son récit en s’impliquant à la première personne et se mettant en scène dans ses planches. Trois niveaux de narration se superposent : ce que ses personnages disent, ce que le personnage dessinateur dit et ce que l’auteur raconte en voix off, sans oublier la mise en abyme où le dessinateur présente ses planches à ses personnages pour vérifier avec eux qu’il ne leur fait pas dire de bêtises.

Les Ignorants - DR Futuropolis

Les Ignorants s’inscrit dans cette lignée. C’est l’histoire de sa rencontre avec son voisin vigneron Richard Leroy, qui a donné cet album publié en 2011. Mais ici, Etienne Davodeau n’est plus le chroniqueur, observateur du monde des agriculteurs ou de celui des ouvriers. Il devient un protagoniste à part entière. Cela lui permet de mettre en scène de manière vivante son univers d’auteur de BD et de proposer au lecteur un parcours condensé et historique de la BD contemporaine.

Ce qui lui permet aussi de mettre en scène le monde de la viticulture dite bio, celui de Résistants face à une économie productiviste dominante.

Le projet n’est pas que sociologique ou didactique : il retrace aussi la naissance d’une amitié, le lecteur découvre deux hommes, deux individualités. Une amitié qui s’est prolongée bien au delà du projet d’écriture, qui les conduit à aller ensemble à la rencontre de leur public.

Pour aller plus loin, les éditions Futuropolis ont donc proposé aux deux compères de traverser la page. Cela a eu lieu dans un théâtre parisien, le théâtre des Mathurins, le mercredi  21 novembre 2012. Ce qui frappe et trouble de prime abord, c’est la justesse du dessin d’Etienne Davodeau. Dans le réel, « Son vigneron », dès qu’il se met à parler, est bien tel qu’il l’a représenté, lui et sa façon de travailler sa vigne avec passion.

Richard Leroy, ce vosgien a fait des études de sciences économiques et n’a aucun vigneron dans sa famille. Il ne vient même pas d’une région viticole. Avant il travaillait dans la banque, un monde économique qu’il a quitté pour un nouveau projet de vie. Il est allé vers le vin par passion. Il s’est installé dans la vallée du Layon, à Rablay-sur-Layon au milieu des années 1990, avec l’achat de sa première parcelle sur le lieu-dit les Noëls de Montbenault, complétée quelques années plus tard par une seconde parcelle, le Clos des Rouliers.

Dès le début, le choix de Richard Leroy s’est porté vers l’agriculture biologique et la biodynamie. Ce sont, selon lui, les seules pratiques à même de ne pas polluer la Terre et de ne pas dénaturer le terroir. Car ce à quoi aspire ce viticulteur exigeant, c’est de « travailler la vigne le plus simplement possible car le vin n’est rien d’autre que du raisin fermenté« . Tout ce qui éloigne de cette réalité, les produits phytosanitaires, les levures, la chaptalisation, le soufre en trop grande quantité est à proscrire pour lui.

Les Ignorants - DR Futuropolis

Quand le projet est né, Richard Leroy n’a pris que dix secondes pour accepter, s’inquiétant juste du risque de massacre de ses précieux ceps de Chenin Blanc, s’il confie pour la première fois un sécateur à un dessinateur. Car le principe de cette BD reportage est là : pour raconter son histoire, Etienne Davodeau a passé un an à suivre le travail de la vigne, s’initiant ainsi à la fabrication du vin naturel, avec en parallèle pour le vigneron la découverte de toutes les étapes de fabrication d’une bande dessinée. Comme il dit, « c’est un livre non pas sur les gens mais avec les gens, à leur hauteur. L’idée, c’est de quitter son atelier, pour se confronter au réel et raconter des histoires de façon subjective. » Cette idée lui est venue comme il le dessine dans les premières pages, quand Richard Leroy est venu dans son atelier « lui poser des questions tellement imbéciles » qu’il s’est dit : « Toi, tu m’intéresses ! »

Les Ignorants - DR Futuropolis

Des bandes dessinées, le vigneron n’en avait pratiquement jamais lu ; mais comme il dit, un rien provocateur : « Rural et Mauvaises Gens ce n’étaient pas des BD car c’était bon. » Et aujourd’hui après en avoir lu des dizaines, d’auteurs très différents, il confirme que Moebius cela ne lui parle toujours pas (ne manquez pas les planches sur leur visite à l’exposition de la Fondation Cartier). « Il y a des gens qui font des pages colorées, qui sont bien gentils. Je n’ai pas de temps pour ça. Ton bouquin, Etienne, est bien parce qu’il ne raconte rien. Il est en symbiose avec le type de vignerons que nous avons rencontrés. »

Au fil de la discussion, chacun confirme ce qui se devine au fil des pages, chacun a appris sur son propre métier : « Quand on doit amener quelqu’un dans son propre univers, on doit se poser des questions que l’on ne se posait plus. » En résulte un récit sincère qui est confirmé par les plus critiques, ceux qui partagent le savoir faire du vin bio et de la biodynamie, « c’est super cette BD, tu as vraiment parlé de nous ».

Un superbe récit en Noir et Blanc sur un beau papier ivoire, que Richard Leroy aurait préféré lire en couleurs pour retrouver toutes celles de son vignoble et de sa terre. Mais le choix d’Etienne Davodeau, c’est celui « d’un dessin pour lire, pas pour admirer. Le noir et blanc convient bien pour cela. En fait c’est l’ambiance du travail de la vigne qui est important. Peut-être cela permet au lecteur de mettre les couleurs lui-même, de laisser place à son imagination, sa part du travail. »

Les Ignorants - DR Futuropolis

Une rencontre qui se conclut par une mise en garde de la part du vigneron qui a « accepté ce projet car il vendait déjà très bien son vin et que là, cela ne lui rapporte que des em… » Tous les jours, l’album en main, des lecteurs téléphonent ou passent le voir pour en acheter, mais « toute la production est déjà vendue. Alors peut être dans trois ou cinq ans, ce sera possible. » Mais avec un point positif dont il n’est pas peu fier, ce livre fait aimer le vin pour ce qu’il est et non pas son étiquette. Il suscite aussi tout une série de vocations pour une nouvelle génération qui comme lui, souhaite acheter quelques hectares de vignes et devenir vigneron à sa façon.

Un livre qui donne envie de découvrir le vin naturel et bio-dynamique à celles ou ceux qui en boivent peu ou pas, un livre à déguster en toutes saisons.

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

I heard it through the Grapevine de Marvin Gaye

Pour découvrir les premières planches de l’album : Editions Futuropolis

19 Nov

Bienvenue t2 de Marguerite Abouet & Singeon – Collection Bayou – Gallimard

Le Grand Paris de la BD n° 6


Bienvenue dans la nouvelle série signée Marguerite Abouet, l’auteur révélée par « Aya de Yopougon ». Le Paris actuel remplace l’Afrique enchantée d’Abidjan des années 1970-80. Les deux héroïnes ont de nombreux points communs ; le plaisir de lecture est donc tout aussi fort pour cet album.

Bienvenue. Le prénom de cette héroïne est incongru aux oreilles de ses contemporains et bien peu l’apprécient. Pourtant, comme elle aime à le souligner, il fait partie de notre calendrier (le 30 octobre).

Bienvenue est une jeune étudiante des Beaux-Arts. Sans argent, elle multiplie les petits boulots et surtout les services à son entourage. C’est toute la force de la scénariste Marguerite Abouet de nous rendre attachante une Parisienne dans sa vie quotidienne tout en multipliant les personnages et les épreuves à surmonter.

Dans ce deuxième tome, la découverte du test de fertilité par un Hindou, qui ne peut avoir d’enfant, est un des passages les plus drôles. Ce roman graphique tient du livre choral, où l’on suit parallèlement aux aventures de Bienvenue la vie des autres personnages qui gravitent autour d’elle. Le talent de Marguerite Abouet est de ne réduire aucun d’eux à une simple caricature.

La mise en images est servie par un dessinateur dont c’est l’une des premières séries : Singeon. Son trait est simple, sa mise en case dynamique ; elle va à l’essentiel, à l’image de l’héroïne, dont la séduction et le charme n’est pas la priorité.

Le passage de l’adolescence à l’âge adulte chez les filles est une thématique rarement abordée dans la bande dessinée. L’album de Daniel Clowes, paru à la fin des années 1990, Ghost World, en constitue la référence incontournable. Une période pourtant propice à l’imagination, où tout est à construire, loin des parents, avec des étapes clés comme le premier rendez-vous amoureux, ou bien la découverte de la mort des proches. Des moments sensibles décrits sans complaisance et avec une grande subtilité dans l’album Bienvenue.

Dans l’actualité de Marguerite Abouet, un livre de cuisine d’Afrique et d’humour à offrir ou s’offrir pour les fêtes ou à lire pour le plaisir si vous avez aimez les recettes des 6 tomes d’Aya de Yopougon, vous connaîtrez par exemple le secret du Maggi ou comment dessaouler son mari en moins d’une heure.

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« Délices d’Afrique » illustré par Agnès Mauprééditions alternatives

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Imany, « Take Care » de l’album « The Shape of a Broken Heart »

Pour découvrir les premières planches de l’album : éditions Gallimard collection Bayou

Le point de vue de la presse spécialisée :

planète BD – bodoïcoinbd