Le Grand Paris de la BD n° 12
Petits béguins et gros pépins ou le portrait d’un gentil malhabile en amour. Février nous est présenté comme la saison de Cupidon ; mais avec un nom comme Gérard Latuile, le personnage de cette série ne part pas avec un profil de gagnant. Sentier battu et histoire connue … tout est question de point de vue pour séduire le lecteur.
L’histoire d’un parisien trentenaire et dépressif, perdu et célibataire, affublé qui plus est d’un gros nez, ce qui n’est pas gagné. Mais quand la dame paraît, Florence, l’histoire s’envole au sens propre comme dans un tableau de Marc Chagall. Les amoureux prennent de la hauteur et c’est toute la réussite du scénariste de l’heureux Les petites Gens. Vincent Zabus, de nous faire aimer ses personnages, tout autant qu’ il s’est attaché à eux.
Le héros apparaît dès les premières planches tel un distrait qui ne mesure l’amour qu’il aura pour une femme qu’à la taille de son tour de poitrine, avant de reconnaître que ce n’est sans doute pas le meilleur critère pour établir une relation durable.
Et conscient d’être dans une BD, il dialogue avec nous, le lecteur, et nous apostrophe. Pur artifice stylistique puisque nous sommes bien incapables de lui répondre, ce procédé nous place cependant dans la situation du témoin privilégié de ses interrogations existentielles. L’auteur utilise aussi avec brio un second artifice, celui des apparitions imaginaires, sources de dialogues savoureux entre le héros et sa mère dans les toilettes, ou bien son médecin, et même lui dans un futur possible.
Au dessin, Daniel Casanave prolonge ce coup de crayon réussi, mis en place avec Manu Larcenet (c’est d’ailleurs son frère, Patrice Larcenet, qui est aux couleurs) pour une série d’albums Une Aventure Rocambolesque comme Attila, le Fléau de Dieu ou Le Soldat Inconnu. Daniel Casanave s’est aussi fait connaître dans sa région la Champagne-Ardenne dans le journal de France Télévisions.Ce premier tome est divisé en quatre parties, sous forme de chapitres : Le rendez-vous, Premier baiser, Noël en famille, Premier repas chez Florence… Autant d’étapes familières, qui rythment le parcours de ce tendre vers cette femme plus âgée que lui et mère de trois enfants.
Nous attendons la suite de cet itinéraire sentimental avec impatience !
Un album à découvrir seul, en couple, pour la Saint-Valentin ou à toute autre occasion où l’envie de renouer avec les grandes comédies romantiques se fait sentir à Paris ou ailleurs.
La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :
Chet Baker My funny Valentine
Pour découvrir les premières planches de l’album : le site officiel de Vents d’Ouest
Le point de vue de la presse spécialisée : PlaneteBD BDtheque L’union