18 Août

Pages d’été. « Racines » ou l’histoire d’une quête d’identité capillaire signée Lou Lubie

Largement repérée par le public avec ses trois albums précédents tous parus aux Éditions Delcourt, Goupil et Face, Et à la fin ils meurent et Comme un oiseau dans un bocal, la talentueuse Lou Lubie était de retour en mai dernier avec Racines, une BD qui explore ses racines capillaires autant que ses racines familiales…

L’album s’ouvre sur un visage, celui d’une gamine en furie sous une tignasse en folie. Elle s’appelle Rose, a la peau blanche mais le cheveu crépu, résultat d’un métissage, une mère noire d’un côté, un père blanc de l’autre, et le soleil de La Réunion pour témoin.

Si notre fameuse Rose est en furie, c’est que l’heure est au coiffage. Et elle déteste ça, comme elle déteste ses cheveux. Et elle les détestera pendant de longues années encore, peut-être plus encore lorsqu’elle finit par débarquer en métropole pour poursuivre ses études. Là, plus qu’ailleurs, la norme est le cheveu lisse.

Coupe rasée, tissage, lissage, défrisage… Rose n’aura de cesse de malmener ses cheveux au risque de sa santé, pour ressembler aux autres, se fondre dans la masse, échapper au sexisme et au racisme ambiants, et bien sûr pour répondre aux codes de la beauté féminine.

Au point d’en faire une obsession, des crises de dysmorphophobie, et vider son porte-monnaie. Jusqu’au jour où elle en a assez de courir après les salons de coiffures pour d’effacer son identité et décide de revendiquer enfin sa créolité…

Il y a beaucoup de Lou Lubie dans le personnage de Rose, beaucoup de Lou mais aussi  beaucoup de toutes ces femmes qui ont comme elle tenté par le passé et tentent aujourd’hui encore de se rapprocher du « modèle dominant » en masquant leur identité. Mais au-delà de l’aspect autobiographique, Racines est aussi un ouvrage très pédagogique, particulièrement documenté, qui démêle pas mal d’idées reçues sur le cheveu. Une autrice à suivre !

Eric Guillaud

Racines, de Lou Lubie. Delcourt. 24,95€

© Delcourt / Lubie