Le 12 février est la Journée internationale des enfants soldats. À cette occasion, les éditions Daniel Maghen en partenariat avec l’Unicef publient L’Œil du Marabout, un récit de Jean-Denis Pendanx au cœur de l’un des plus grands camps de déplacés du Soudan du Sud, Bentiu…
Ils ont encore l’âge de l’innocence, mais la guerre en a décidé autrement. Georges et sa jeune sœur Nialony font partie des dizaines de milliers de réfugiés du camp de Bentiu au Soudan du Sud et la vie n’y a rien d’un conte de fée. Au moins sont-ils ici en sécurité, peuvent-ils penser, protégés par les soldats de l’ONU, les fameux Casques bleus.
En sécurité relative tant les conditions de vie sont précaires, la misère totale, la violence omniprésente et les attaques des rebelles encore possibles malgré la présence militaire. Georges et Nialony vont d’ailleurs en faire les frais, enlevés en plein sommeil par un groupe armé. Objectif : faire de Georges un soldat…
Grand connaisseur de l’Afrique pour y avoir vécu quelques années, Jean-Denis Pendanx l’a régulièrement illustrée dans ses bandes dessinées, que ce soit dans la trilogie Les Corruptibles, le diptyque Abdallahi ou le one shot Au bout du fleuve. Avec L’Œil du Marabout, l’auteur livre un récit fort et poignant inspiré par une action qu’il a menée dans le camp de Bentiu en 2016, invité alors par l’Unicef.
« Ce séjour a été une grande expérience émotionnelle pour moi… », explique Jean-Denis Pendanx en conclusion du livre, « et, durant ces dernières années, j’ai voulu la faire partager sous la forme d’un livre, d’une bande dessinée. Il a fallu pas mal de temps et de réflexion avant de trouver la façon la plus limpide de faire connaître ce monde fermé, en pleine savane, et d’évoquer la vie difficile de ces habitants oubliés de tous ».
Et cette façon sera une fiction mais une fiction aux personnages bien réels. Georges et Nialony existent, d’autres personnages du récit existent. Et bien sûr, cette guerre était à l’époque une réalité sombre. Jean-Denis Pendanx, sans la montrer de manière frontale l’évoque à travers ce qu’elle induit forcément, les familles dispersées, les populations déplacées et réfugiées dans des camps, les enfants embrigadés, la misère… mais aussi la solidarité avec l’aide humanitaire, l’action des ONG et celle de l’Unicef pour sauver les enfants.
Un graphisme de toute beauté, un récit d’une humanité réconfortante et au final une belle cause à soutenir, celle de l’Unicef qui recevra 0,80€ pour chaque album vendu.
Eric Guillaud
L’Œil du marabout de Jean-Denis Pendanx. Éditions Daniel Maghen. 26€