Soyons honnêtes : le personnage d’Aquaman n’a jamais été très populaire en France. Ne passez pourtant pas à côté d’Andromeda, variante horrifique sublimée par son approche visuelle hors norme et psychédélique.
Toujours dans l’ombre de Namor, l’autre roi des mers mais sous la bannière MARVEL lui, Aquaman fait partie de ces héros mal aimés ou mal compris. Les auteurs de cette nouvelle aventure semble l’avoir eux-mêmes intégré, car après une brève apparition dans l’introduction, il n’arrive qu’assez tardivement dans l’histoire et reste globalement assez mutique, presque en retrait. Non en fait, la vraie star ici, c’est la mer. Mais la mer comme un grand ensemble noir, méconnue, froid et surtout dangereux.
Après avoir détecté un objet volant non identifié s’abimer au milieu de nulle part dans l’océan pacifique avant de couler par 4,000 mètres de fonds dans un lieu nommé le point Némo, on découvre une structure extra-terrestre déjà sur place. Un groupe de scientifiques est donc envoyé incognito à bords d’un sous-marin expérimental pour découvrir ce qu’il en est et prendre contact avec de potentiels êtres venus d’ailleurs. Mais non seulement ce vaisseau tombé du ciel suscite pas mal de convoitise mais il a en plus réveillé quelque chose, tapie au fin fonds des océans. Une chose qui réveille ce qu’il y a de pire en nous et qui pousse Aquaman a revenir de son exil…
Assez classique dans la forme avec ses petits relents de X-Files et d’Independance Day, c’est vraiment dans la forme qu’Andromeda prend ses distances avec les comics standards. Graphiquement parlant, le dessinateur Christian Ward réalise ici une véritable performance. Son sens du décadrage et surtout ses couleurs très vives éclatent les pupilles et contrebalancent parfaitement son style sinon assez froid et calculé, donnant à chaque scène une ambiance propre.
En plus, comme le scénariste d’origine indienne Ram V mélange flashbacks, réflexions intérieures et hallucinations, on parcourt une bonne partie de l’histoire comme on parcourait un rêve. Ce qui ne fait d’ailleurs que renforcer la paranoïa ambiante, chaque personnage finissant d’ailleurs par douter de l’autre… Ou de lui-même. On parle bien d’horreur mais d’horreur psychologique, une horreur plus suggérée que montrée, ce qui la rend encore plus effrayante.
Andromeda est donc un choc visuel au service d’un récit complexe, mais aussi la réinvention très réussie d’un personnage a priori mineur de la galaxie DC Comics, confronté ici à une véritable menace cosmique qui parlera sûrement aussi aux amateurs de HP Lovecraft.
Olivier Badin
Aquaman – Andromeda de Christian Ward & Ram V. Urban Comics/DC Comics. 17 €