Deux petites années seulement après Cheese, sélection officielle du festival d’Angoulême 2022, l’autrice italienne Zuzu signe un deuxième roman graphique baptisé Les Jours heureux au style graphique différent mais toujours très singulier…
Adieu le noir et blanc, bonjour la couleur, la différence visuelle est de taille même si le trait dans les deux cas déforme les corps et inflige au personnage principal, et dans une moindre mesure aux seconds couteaux, un nez grotesque, disgracieux, monstrueux. C’est la marque de fabrique, on peut le penser aujourd’hui, de cette jeune autrice italienne qui signe avec Les Jours heureux son deuxième album seulement.
Cheese, le premier, a reçu le Prix Révélation au Festival de Lucca en 2019 et a été retenu dans la sélection officielle d’Angoulême 2022. S’il n’a pas reçu de prix de ce côté-ci des Alpes, il a néanmoins fortement marqué les professionnels du neuvième art qui on vu là la naissance d’une nouvelle génération d’auteurs italiens influencés par Gipi.
Emportée par ce succès naissant, Zuzu aurait très bien pu rester dans sa zone de confort en ne changeant rien à son style graphique. Mais c’était mal la connaître, préférant faire évoluer son style au regard de sa vie.
Résultat, un dessin enfantin et des couleurs qui ne le sont pas moins, réalisées aux crayons de couleurs et aux pastels à la façon d’un enfant de 5 ans. Côté découpage, rien de révolutionnaire, l’autrice usant et abusant du gaufrier à douze cases. Reste l’histoire qui, comme la précédente illustre les tourments de la vie avec une histoire tragique. Plus de Zuzu ici en héroïne mais une Claudia actrice partie pour Rome où elle doit jouer en audition un extrait de la pièce de théâtre de Samuel Beckett, Oh les Beaux jours, qui résonne dans sa propre vie.
Arrivée à Rome, elle renoue avec un de ses anciens amoureux et entreprend une relation dysfonctionnelle épuisante. Comme dans Cheese, Zuzu explore ici la spirale infernale des sentiments amoureux et notamment la peur de la solitude.
Une approche visuelle qui paraîtra pour certains irritante mais au final un sujet universel traité cash et non sans émotion.
Eric Guillaud
Les Jours heureux, de Zuzu. Casterman. 32€