13 Fév

Chroniques de vacances. Perpendiculaire au soleil de Valentine Cuny-Le-Callet : une amitié épistolaire à l’ombre du couloir de la mort

Vacances. Du temps pour lire et rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente comme celui-ci sorti en août 2022, un énorme bouquin de plus de 400 pages dont on dit le plus grand bien ici et là. C’est le moment…

Il faut prendre le temps, le temps de le lire, le temps de le regarder, le temps de le savourer, l’ouvrage est costaud et le thème à première vue pas facile. Perpendiculaire au soleil est construit sur la correspondance entretenue pendant plusieurs mois entre l’autrice, Valentine Cuny-le-Callet, et un condamné à mort américain, Renaldo McGirth, incarcéré dans une prison de Floride.

C’est par l’intermédiaire de l’ACAT, une ONG de lutte contre la torture et la peine de mort, que Valentine entre en contact avec Renaldo. S’en suivent des mois d’échange de lettres manuscrites et au bout d’un moment l’envie pour Valentine de laisser une trace de cette correspondance et de cette amitié naissante dans un livre. C’est chose faite en 2020. Le livre s’appelle Le Monde dans 5m2, il parait chez Stock.

Mais les choses ne s’arrêtent pas là. Aussitôt le livre paru, Valentine a en tête d’en faire une bande dessinée, de mettre des images sur les mots, des visages et des corps sur cette relation. Et le résultat est là, Perpendiculaire au soleil, 400 pages en noir et blanc réalisées au crayon gras et à la gravure de bois, avec ici et là quelques illustrations au stylo bille et à la gouache – les seules touches de couleur du livre – réalisées par Renaldo lui-même.

La teneur de cette correspondance ? La vie, le sens de la vie, le sens de l’espoir. Depuis sa cellule, Renaldo raconte son quotidien, le système carcéral, la vie qu’il aurait aimé avoir, la vie qu’il a finalement dans le couloir de la mort.

Et de nous amener à réfléchir sur le milieu carcéral, la peine de mort. Nous avons la chance en France de ne plus l’appliquer depuis de nombreuses années mais ce n’est pas le cas partout et surtout rien n’est jamais définitif. Pour ça, Perpendiculaire au soleil fait partie de ces livres essentiels qui n’imposent aucune pensée mais titillent notre humanité.

Comme l’explique l’autrice en ouverture du récit, le nom de Renaldo ne figure pas sur la couverture, aucune personne condamnée ne pourrait tirer profit de son crime. Mais il est fortement présent à commencer par la couverture et ce portrait envahi de végétaux, une façon peut-être d’apporter un contraste fort avec l’univers glacial de la prison. Un magnifique récit, d’une puissance rare, qui a reçu le Prix BD Fnac France Inter !

Eric Guillaud

Perpendiculaire au soleil, de Valentine Cuny-Le-Callet. Delcourt. 34,95€

© Delcourt / Cuny-le-Callet