Et oui, soixante ans, ça se fête ! Surtout lorsqu’on est depuis peu une méga-star du cinéma et un véritable porte-étendard de la culture comics auprès du grand public. Â l’occasion de l’anniversaire de SPIDER-MAN, dix histoires sont donc rééditées dans la même collection à prix d’ami…
En juin prochain, cela fera soixante ans que SPIDER-MAN est pour la première fois apparu dans une publication MARVEL – dans le numéro 15 du magazine Amazing Fantasy pour être précis, au cas où vous tombez sur cette question Trivial Pursuit. De tous les héros de la Maison des Idées, il en fut pendant longtemps l’une des plus grosses stars incontestées, avec Les Quatre Fantastiques. Le coup de génie de ses créateurs, l’inratable Stan Lee et le dessinateur fantasque Steve Ditko, avait été d’en avoir fait un adolescent lambda, voire carrément nerd à ses débuts, alternant combats contre super-méchants sur les toits de New York City et problèmes existentiels, comme tout ado qu’il se soit. Pour le jeune lecteur, impossible de ne pas s’identifier à Peter Parker, lycéen sans le sou plus habile à affronter le Docteur Octopus qu’à parler aux jolies filles de son bahut qui lui préfèrent de toute façon le capitaine de l’équipe de foot.
Mais depuis le début des années 2000, le tisseur a franchi un cap supplémentaire. Alors que les Quatre Fantastiques ont d’une façon inexplicable complètement raté (à trois reprises !) leur arrivée sur grand écran, depuis la sortie du Spider-Man réalisé par Sam Raimi en 2002, seuls les Avengers ont réussi à faire mieux que lui au box-office. Mieux : en dépassant cette année les 7 millions d’entrées, le dernier opus No Way Home est officiellement devenu le plus gros succès de l’histoire des films de super-héros en France, donnant à l’homme araignée un statut qui déborde désormais (très) largement le (petit) créneau des comics. Et cela se ressent dans cette collection anniversaire de dix tomes à prix cassés (6,99 euros par volume) rassemblant selon l’éditeur dix sagas (en général cinq ou six épisodes, soit environ 150 pages) « emblématiques » de sa carrière.
Or un signe qui ne trompe pas est que sur dix tomes, deux seulement date d’avant 1986. Et aucun n’est signé Steve Ditko, pourtant à l’origine du personnage et aux manettes pendant ses quatre premières années. Non, clairement la volonté affichée ici est de s’adresser au jeune public et à ceux qui l’ont découvert par l’intermédiaire des films en mettant donc l’accent sur le ‘nouveau’ et plus moderne Spidey apparu au début des années 2000.
Cela dit, plusieurs de ces récits prouvent combien malgré son côté teenager à la base de son ADN, la série régulièrement a su s’imprégner de l’air du temps et aller plus loin. Le deuxième par exemple, au titre explicite La Mort de Gwen Stacy et paru en 1973, rappelle que la série fut l’une des premières, en plus d’abord frontalement le fléau de la toxicomanie, à ‘oser’ tuer la petite amie de son héros. Quant à Revelations, en plus d’être dessiné par John Romita Jr dont le père avait, en son temps, pris la suite de Steve Ditko, il traite du trauma du 11 Septembre 2001 dans la société américaine.
La collection permet aussi de rappeler par exemple que le bouffon Vert reste l’un de ses ennemis les plus tenaces ou que le désormais très populaire Venom (grâce au succès des deux adaptations cinés starring Tom Hardy) est, à la base, un symbiote extra-terrestre ayant initialement jeté son dévolu sur SPIDER-MAN. Elle réintroduit aussi le pour l’instant peu connu en France Miles Morales, jeune ado ayant pris la place de Peter Parker dans un univers parallèle.
Une collection donc peut-être un peu foutraque pour les fans purs et durs mais au prix défiant toute concurrence et qui permettra à certains de rattraper leur retard ou, au contraire, de creuser le psyché de ce héros fascinant qu’ils n’ont découvert que récemment.
Olivier Badin
Spider-Man, la collection anniversaire, 6,99 euros. Panini Comics/Marvel