On connaît tous plus ou moins la folle histoire du château d’Hérouville dans le Val d’Oise qui accueillit pour des enregistrements les plus grandes stars du rock dans les années 70. On connait finalement beaucoup moins l’histoire de ses hôtes, du compositeur Michel Magne et de sa femme Marie-Claude, les amants d’Hérouville. La voici…
La musique, ça les connaît et ça les titille. Yann le Quellec et Romain Ronzeau ont déjà collaboré autour d’un album sur l’air guitare, Love is in the air guitare, paru sous pavillon Delcourt en 2011 et aujourd’hui réédité.
Il n’est donc pas surprenant de les retrouver ici, réunis autour de cette histoire, un plongeon dans la mythologie rock avec l’un de ses lieux emblématiques, le château d’Hérouville.
Nous sommes dans les années 70, les studios d’enregistrement résidentiels, qui offrent le gite, le couvert et un supplément d’âme, ne sont pas monnaie courante à travers le monde. Celui-ci connaît très vite une notoriété internationale grâce à la détermination d’un homme, Michel Magne, grâce aussi à son sens de l’accueil et de la fête, grâce à sa générosité sans limite.
Le reste de la légende, ce sont les musiciens qui l’écrivent : Eddy Mitchell, David Bowie, Elton John, Bee Gees, Pink Floyd, Cat Stevens, T. Rex, Jethro Tull, Urah Heep… se succèdent entres ses murs pour enregistrer des albums aujourd’hui mythiques et donner des soirées à jamais gravées dans les annales comme ce fameux concert des Grateful Dead donné devant une centaine de convives dans les jardins du château en remplacement d’un concert que le groupe de rock américain devait donner à Auvers, annulé à cause de la météo.
Dans un bon format de plus de 250 pages, avec des planches colorées, dans un esprit tantôt pop, tantôt psyché, régulièrement agrémentées de photographies, de flash-backs sur la jeunesse et la carrière de Michel Magne, Les Amants d’Hérouville dépeint la folie du lieu et de ses habitants, des années de fête, de musique, d’énergie créative… un lieu de miracles.
Mais avant d’être l’histoire d’un lieu, aussi mythique soit-il, cet album raconte une histoire d’amour, de passion… entre un homme de quarante ans et une jeune femme de seize ans qu’il rencontre sur le bord d’une route de campagne, qu’il prend en autostop et finit par épouser en grande pompe.
Une histoire qui finit mal… forcément. Michel Magne était tout sauf un gestionnaire. Très vite, et malgré ses nombreuses musiques de films, le compositeur croule sous les dettes, les saisies et les regrets éternels. Tout vole en éclat, le studio, la musique, son bonheur… Michel Magne met fin à ses jours, un peu abandonné de tous…
Captivant sur le fond, attrayant par sa forme, Les amants d’Hérouville offre une belle histoire qui enthousiasmera les amoureux de la musique mais pas seulement. En bonus, un dossier réunissant postfaces de Costa-Gavras, Eddy Mitchell, Sempé et Bill Wyman (excusez du peu!), galerie de photos, reproductions d’oeuvres d’art signées Michel Magne, discographie complète et chronologie du château d’Hérouville entre gloire, abandon et renaissance.
Eric Guillaud
Les amants d’Hérouvillle, une histoire vraie, de Le Quellec et Ronzeau. Delcourt. 27,95€ (en librairie le 17 février)