Boris Vian est né le 10 mars 1920. Avec cette histoire de coronavirus, on l’aurait presque oublié. Mais c’était sans compter sur la vigilance des maisons d’édition qui ont profité de cette anniversaire pour publier juste avant le confinement général trois livres, une biographie aux éditions Dupuis et deux adaptations de romans aux éditions Glénat…
Écrivain, poète, parolier, chanteur, critique musical, musicien de jazz, directeur artistique… Boris Vian a croqué la vie par tous les bons bouts et marqué d’une empreinte indélébile la culture française avant de mourir d’un accident cardiaque pendant la projection de l’adaptation cinématographique de son livre J’irai cracher sur vos tombes dans un cinéma de Paris. Il n’avait que 39 ans.
À l’occasion du centenaire de la naissance de Boris Vian, Glénat a souhaité nous offrir l’adaptation en BD des oeuvres de Vernon Sullivan alias Boris Vian, quatre romans qui firent scandale à l’époque, à commencer justement par J’irai cracher sur vos tombes, roman noir sulfureux se déroulant dans l’Amérique ségrégationniste. Les Morts ont tous la même peau est sorti dans le même temps, suivront Elles se rendent pas compte ainsi que Et on tuera tous les affreux. Aux commandes de l’adaptation, une belle équipe de dessinateurs réunis autour du scénariste Jean-David Morvan.
Les éditions Dupuis ont de leur côté opté pour la réédition en tirage limité à 2000 exemplaires d’une biographie de Boris Vian signée Hervé Bourhis au scénario et Christian Cailleaux au dessin originellement publiée en 2009. Piscine Molitor, c’est son nom, nous plonge de très belle manière dans la vie du personnage, depuis sa plus tendre jeunesse, déjà marquée par des problèmes cardiaques, jusqu’à sa mort prématurée.
Pourquoi Piscine Molitor ? Parce que Boris Vian se rendait régulièrement dans ce lieu emblématique du Paris des années 50, pour nager en apnée et combattre ses faiblesses cardiaques, une façon pour les auteurs de mettre l’homme à nu. L’album y commence et s’y achève. Entre les deux, une succession de flash-back qui nous emmène sur les traces de l’artiste dans le monde de l’après-guerre, un monde où se côtoient Jacques Prévert, Raymond Queneau, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir ou encore Juliette Gréco, un monde où l’on tentait d’imaginer un avenir qui swingue. Un très bel album au trait anguleux, épais et élégant, au scénario subtil.
Eric Guillaud
Piscine Molitor, de Cailleaux et Bourhis. Dupuis; 19,90€ / J’irai cracher sur vos tombes, de Morvan, Macutay, Ortiz et Scietronc. Glénat. 19,50€ / Les Morts ont tous la même peau, de Morvan, Erramouspe et Vargas. Glénat. 19,50€
Tous disponibles en édition numérique