À soixante-dix ans bien tassés, Sonia pourrait prétendre à se la couler douce dans l’Ephad le plus proche, à jouer aux dominos en attendant le souper, mais ce serait mal la connaître. Avec ses copines, elle a décidé de se lancer dans une nouvelle activité : le braquage de magasins de luxe. Pour le plaisir…
Ancienne activiste de l’OAS, ancienne avocate, ex-épouse et mère de flics, Sonia a eu une vie plutôt bien remplie. De celle qui peut vous mettre sur le flanc avant même la retraite.
Entre toutes les maladies disponibles au catalogue des 70 ans et plus, Sonia a choisi la sclérose en plaques. Elle ne peut plus marcher cent mètres toute seule. Sa fille et un aide-soignant doivent se relayer pour les courses et les tâches quotidiennes.
Mais si Sonia n’a plus de jambes, elle a encore un cerveau, elle est même devenue LE cerveau d’un gang de mamies braqueuses. Une reconversion sans préavis, sans bilan de compétence, sans plan de carrière non plus, mais une reconversion totalement assumée.
Dernier coup en date, une boutique de luxe, 250 000 euros de sacs et montres subtilisés pendant qu’un groupe de touristes atteints de vieillesse avancée et d’alzheimer faisait diversion… Et qui la police envoie-t-elle sur le coup ? Camille, la propre fille flic de Sonia. Alors forcément, l’affaire prend une toute autre tournure…
Inutile de vous dire que Seconde partie de carrière est une histoire drôle à souhait même si elle est librement adaptée d’un récit très sérieux du sociologue Serge Guérin, spécialisé dans la question des âges et de l’intergénération, et même si, comme le rappelle ce même Serge Guérin en postface, elle s’appuie sur une réalité sociologique : l’influence grandissante des ainés sur la société.
Les séniors, de 45 à 115 ans, « représentent environ 25 millions de personnes, plus du tiers de la la population française… », rappelle-il, et si le récit de Jean-Philippe Peyraud et Philippe Périé se focalise sur des femmes, ce ne serait pas un hasard : « plus on avance en âge et plus elles prennent le pouvoir démographique sur les hommes qui apparaissent bien moins résistants ! ». Nous voilà prévenus.
Un regard jeté sur l’évolution de notre monde à travers une comédie jubilatoire, portée par le trait singulier et dynamique de Jean-Philippe Peyraud.
Eric Guillaud
Seconde partie de carrière, de Peyraud et Périé. Futuropolis. 21€