Les histoires d’amour ne finissent pas toujours mal mais celle-ci a clairement viré au cauchemar. Tant pis pour l’amour raconte l’histoire de Sophie Lambda tombée amoureuse d’un pervers narcissique. Un témoignage effarant, effrayant. Âmes et coeurs sensibles, ne surtout pas s’abstenir…
Elle l’aimait à en crever. L’amour parfait. « C’était une alchimie rare, évidente, nous avions l’impression de faire briller le soleil … Le monde était de trop. On n’en avait pas besoin. On n’avait pas grand chose mais on était tout… ».
Sophie est illustratrice, Marcus est comédien, un comédien qui commence à être connu dans le milieu, ils se croisent une première fois puis une deuxième chez des amis communs, finissent par vouloir tout faire ensemble, tout partager. Pour lui, elle accepte de déménager de Montpellier vers Paris. Oui, Sophie, l’aime à en crever. Mais très vite c’est lui qu’elle espèrera voir crever.
Les mots sont rudes, le retournement radical, mais l’histoire vécue par Sophie l’est tout autant, sinon plus. Heureusement pour elle, heureusement pour nous, Sophie a survécu et peut aujourd’hui témoigner de son histoire, d’une histoire qui pourrait arriver finalement à n’importe qui.
Si « authentique manipulateur » est le nom scientifique de « sombre merde » comme l’affirme avec humour Sophie Lambda dans ce récit, alors oui, le fameux Marcus est une sombre merde, un pervers narcissique aux méthodes bien connues des psychologues, un concentré de mensonges, de méchancetés, de menaces, de manipulations, de violences…
De l’idéalisation au rejet, en passant par la dévalorisation, l’autrice raconte dans le détail toutes les étapes par lesquelles elle est passée, plus de 240 pages de témoignage mais aussi de décrytpage bien utiles pour toutes les femmes qui s’interrogent sur une relation en cours ou à venir. Pour toutes les femmes mais aussi pour les hommes puisque, bien évidemment, la perversion narcissique n’est pas une pathologie exclusivement masculine.
Oui, le récit de Sophie Lambda, qui signe ici sa première bande dessinée, fait froid dans le dos mais il a le mérite d’informer, d’alerter, le tout avec une bonne dose d’humour dans le traitement narratif et graphique.
À noter la présence en annexe, d’une bibliographie sélective, d’une liste de contacts pour les personnes victimes de violence (malheureusement limitée à la région parisienne), et d’un violentomètre permettant judicieusement de mesurer le niveau de violence de votre partenaire et le niveau de réaction à avoir.
Eric Guillaud
Tant pis pour l’amour, de Sophie Lambda. Delcourt. 19,99€