Les plus grands héros ne meurent jamais. Et surtout pas Conan. La maison mère des Quatre Fantastiques et d’Iron Man a jeté une nouvelle fois son dévolu sur le cimmérien et le résultat est aussi sanglant qu’énorme…
On a déjà eu l’occasion plusieurs fois de le dire dans ce blog : bien que méprisé en Europe, et surtout en France, chez lui aux Etats-Unis, le personnage de Conan le Barbare reste synonyme de business. De gros business même. Notamment dès que l’on touche à son adaptation BD, dont les premières esquisses remontant aux années 60 furent d’ailleurs à l’avant-garde de sa reconnaissance. Or vu que sur le vieux continent ses droits sont tombés dans le droit commun, n’importe qui peut aujourd’hui se le réapproprier et on assiste depuis peu, notamment à travers la récente série d’adaptation lancée par Glénat avec des auteurs français, à une timide mais réelle campagne de réhabilitation.
Enfin ça, c’est chez nous. Parce que de l’autre côté de l’Atlantique, ces droits sont encore gérés par les descendants de Robert E. Howard et cela reste une histoire de gros sous. D’où une licence ayant plusieurs fois changé de mains depuis un demi-siècle. Et après des années chez Dark Horse, elle est revenue aujourd’hui du côté du Marvel, qui l’avait déjà exploitée entre 1970 et 1993 avant de l’abandonner sur un coup de tête. Histoire de fêter son retour au bercail, la maison à idées comme on l’appelle a donc décidé de mettre le paquet ! D’où l’annonce immédiate de quantités de ‘spin-off’, de produits dérivées et de divers projets, avec en guise de tête de gondole la résurrection de la série Conan The Barbarian (‘Conan le Barbare’ en VF) qui avait été brillamment lancée par le duo Roy Thomas Barry Windsor-Smith en 1970.
Alors si l’on se base sur les six premiers épisodes réunis dans un premier tome vendu pour le prix imbattable de dix euros, histoire d’attirer les curieux, on peut déjà dire que c’est une réussite. Déjà parce qu’au-delà la couverture signée par le désormais trop rare Esad Ribic, on retrouve ici au scénario Jason Aaron, vétéran des X-Men. Et le gars a visiblement bossé son sujet, profitant de l’occasion pour le ‘réactualiser’ tout en collant au plus près à l’esprit originel de son créateur. Ici, Conan est plus que jamais frustre, très physique, sans remord et pourtant nanti d’une sorte de moral bien à lui. Bref, un barbare dans le sens noble du terme et que l’on retrouve ici à plusieurs stades de sa vie, même si le fil rouge est cette nouvelle méchante qui promet, cette ‘crimson witch’ en VO (‘sorcière cramoisie’) qui veut à tout prix voler son sang pour réveiller son dieu malfaisant.
Épique, très graphique et en même temps proche du souffle quasi-cinématographique des récits originels, cette pourtant xième adaptation donne juste envie d’empoigner son glaive et d’aller tailler dans le gras en hurlant ‘croooooom’, tant elle est entraînante. Vivement la suite nom de Zeus, surtout que le titre est volontairement pessimiste et que, bien sûr, le tout se termine sur un cliffhanger difficilement supportable…
Olivier Badin
Conan le Barbare, tome 1 : Vie et Mort de Conan, de Jason Aaron, Mahmud Asar et Gerardo Zaffino, Marvel/Panini Comics, 10 €