Mayotte et l’île aux Nattes, un archipel français et une île malgache distants de quelques centaines de kilomètres, deux mondes et deux romans graphiques aux histoires très différentes sous le soleil des tropiques…
Tronchet est de retour ! Le papa de Raymond Calbuth, des Damnés de la Terre associés ou de Jean-Claude Thergal pour ne citer que ces albums-là signe cette fois un récit de voyage adapté de son roman paru en 2017 chez Elytis.
Pas de franche rigolade au programme mais le témoignage d’une aventure qui l’a amené lui et son fils sur l’île aux Nattes pendant six mois.
L’idée ? Partir sans date de retour histoire de voir combien de temps un occidental urbain du XXIe siècle peut survivre sans smartphone, sans internet et sans électricité.
Derrière le décor paradisiaque, palmiers et lagons bleus à volonté, eau à 30°, Didier Tronchet et son fils goûtent à la vie simple voire rudimentaire, pas de mails, sans eau courante, sans électricité, mais avec des moustiques, des aiguilles d’oursins et des scolopendres au venin redoutable, de quoi vite regretter son petit confort européen et parfois trouver le temps long, très long…
Dans un registre très différent, Tropique de la violence, paru chez Sarbacane, se déroule à Mayotte et raconte l’histoire d’un gamin d’origine comorienne, Moïse, adopté par une jeune infirmière française en mal d’enfant.
Mais en approchant de l’adolescence, le comportement de Moïse change, il en veut à sa mère, lui réclame sans arrêt de l’argent, sèche l’école, traîne avec un gang et finit par commettre un meurtre tandis que sa mère décède d’un accident cérébral. Il l’a retrouve inanimée dans la maison, n’appelle pas les secours, ni les voisins, donne à manger à son chien et retourne à ses occupations.
Tout est dit dans le titre, cette histoire de Nathacha Appanah aujourd’hui adaptée en bande dessinée par Gaël Henry est d’une violence inouïe, offrant une photographie de Mayotte bien différente de celles qu’on peut trouver habituellement sur les cartes postales ou les guides touristiques.
Faut-il le rappeler, Mayotte est submergée par l’immigration clandestine créant des tensions intercommunautaires fortes et exaspérant les Mahorais. Le bidonville de Gaza, que l’on découvre dans ces pages, est le plus grand de France. Il compte plusieurs milliers d’habitants qui espèrent tous une vie meilleure. Qui a suggéré déjà que la misère pouvait être moins pénible au soleil ?
Eric Guillaud
Tropique de la violence, de Gaël Henry d’après le roman de Nathacha Appanah. Sarbacane. 23,50€
Robinsons, père et fils, de Tronchet. Delcourt. 17,95€