Lucas DiLucca a une coiffure de footballeur, une voiture de footballeur, un corps de footballeur… et ça tombe plutôt bien parce qu’il est footballeur, un très bon footballeur même qui émarge à 750 000 euros par mois. C’est énorme mais il pourrait encore avoir une augmentation substantielle dans un proche avenir pour service rendu…
Autant d’argent pourrait lui faire tourner la tête, le rendre haïssable mais non. En plus d’être riche, Lucas est plutôt pas mal physiquement, plutôt intelligent et plutôt sympathique. Ce qui l’intéresse avant tout, enfin juste après son fils, c’est sa carrière et pour ça il est prêt à pas mal de sacrifices. Pas d’alcool, pas de femmes, des soirées avec une escort-girl de temps en temps pour l’hygiène, des copains fidèles qu’il aide en toutes occasions… et une gagne sur le terrain qui attire le regard et pas seulement le regard des fanatiques du ballon rond.
Partout où il y a de l’argent, il y a des gars louches et des plans louches. Il a beau le savoir et tout faire pour s’en préserver, Lucas DiLucca se retrouve pourtant embringué dans une sale affaire de match truqué. De quoi le mettre définitivement sur la touche en pleine gloire…
Quelle imagination ! Comme si les matchs de football pouvaient être truqués. Comme si les joueurs pouvaient être corrompus. Heureusement, il s’agit là d’une fiction, une fiction signée Matz pour le scénario et Lemur pour le dessin. On connaissait déjà le talent du premier, scénariste de l’excellente série policière Le Tueur, on découvre la gracieuse touche graphique du deuxième, un auteur espagnol qui réalise ici sa première bande dessinée. Au delà de l’histoire très bien ficelée et survitaminée, Arrêt de jeu nous explique mine de rien la mécanique très complexe de la corruption. Passionnant !
Eric Guillaud
Arrêt de jeu, de Matz et Lem. Casterman. 16,50€