C’est un lieu improbable, niché au bout du bout du monde. Un enchevêtrement de collines pour horizon, une terre aride et une caravane, enfin ce qu’il en reste, celle de Paul, celle de son père surtout qui a dû s’absenter quelques mois pour le travail. Paul est resté seul, vraiment seul, jusqu’au moment où surgit Ramona…
Quelques boîtes de conserves pour repas, des avions de papier et un Rubik’s Cube pour distraction, un père parti faire la saison ailleurs…. On ne peut pas dire que les vacances de Paul prennent une orientation très folichonne. Mais soudain débarque Ramona, une brune de caractère sortie de nulle part. Ramona et Paul vont partager quelques instants, quelques jours, découvrir l’amour, combattre ensemble la solitude et tenter de soigner leurs blessures respectives…
Ramona est le premier roman graphique d’une jeune auteure nantaise qui a toujours voulu faire de la BD. Elle sort de l’école Pivaut à Nantes et nous raconte comment ce qui n’était à l’origine qu’un projet de diplôme est devenu un album publié aux éditions Vraoum…
Quel a été le déclic pour l’écriture de ce premier roman graphique?
Naïs. Ça date de quand j’étais étudiante, plus précisément d’un exercice où j’ai commencé à dessiner un garçon roux maigrichon et tout ramassé dans des décors de campagne un peu désolée, avec une fille brune un peu étrange sur certains plans. Ensuite ça s’est déroulé assez naturellement jusqu’à devenir l’histoire de Ramona.
Peux tu nous expliquer en deux trois mots l’histoire ?
NaÏs. On suit Paul, un garçon timide et solitaire, qui passe l’été au beau milieu d’une campagne désertique. Un beau jour débarque Ramona, une fille exubérante et charmante mais qui reste très énigmatique. Sans trop que Paul en apprenne plus sur elle, les deux adolescents tombent amoureux, alors qu’en parallèle Ramona commence à se conduire de façon de plus en plus étrange et malsaine.
D’où vient Ramona ? Où va Romona ? On aimerait bien en savoir un peu plus sur cette gamine. Tout est un peu trouble. Qu’est-ce que tu peux en dire de plus ?
Naïs. Rien ! Plus sérieusement, je préfère laisser les lecteurs sur les éléments que j’ai disséminés dans la BD. Que ça soit en tant que public ou auteure, j’aime qu’une histoire laisse de la place au lecteur pour y apporter ses interprétations, et plus largement qu’il puisse remplir les zones de flou avec un peu de lui-même, et qu’ainsi chacun s’approprie l’histoire de façon personnelle. On est forcément plus touché par quelque chose quand on y a apporté du sien, à mon avis.
Je pense que ça serait un peu casser l’expérience de lecteur que d’invalider par la suite ce qu’il aurait naturellement compris (ou non) par lui-même.
D’ailleurs je n’ai pas forcément moi-même de réponses, j’ai mis dans la BD ce que je voulais raconter, et comme ce que je voulais raconter restait par essence évasif ça ne m’a pas semblé très intéressant à creuser.
Après ce premier album, tu te sens plutôt dessinatrice, plutôt scénariste ou plutôt les deux ?
Naïs. Disons auteure, puisque j’ai géré tous les éléments de la BD. Je trouve que tout ça fonctionne de façon très imbriquée quand on est à la fois scénariste et dessinateur sur une histoire.
Personnellement, c’est vraiment l’histoire et la narration qui m’intéressent et me préoccupent en priorité, et je mets le dessin au service de ça. En général, je peux avancer assez loin dans ma tête sur une histoire sans avoir encore fait le moindre dessin.
Quelles sont tes influences en général et peut-être plus précisément tes références pour cet album ?
Naïs. En ce qui concerne la bande dessinée, même si je ne cherche pas à m’inspirer volontairement d’autres oeuvres, j’ai été particulièrement marquée par Inio Asano (Bonne nuit Punpun étant sans conteste ma bande dessinée préferée, qui m’a beaucoup touchée en terme de ressenti et de narration), et Cyril Pedrosa (Pour Portugal et Trois Ombres, c’est ici en particulier son dessin que j’admire beaucoup).
Cela étant dit, je pense être beaucoup plus influencée par le cinéma que par la bande dessinée pour ce qui est de la narration et des influences en général. Pour Ramona, je pense pouvoir citer Morse, Submarine ou encore Restless. Quant aux décors, certains passages de Kill Bill 2 ont dû pas mal m’influencer.
Est-ce que tu as une idée de bande son pour ton album ?
Naïs. J’avais utilisé Hood de Perfume Genius pour un sorte de mini trailer en BD que j’avais réalisé à l’école, qui est un morceau que j’adore et qui colle pas mal à l’esprit de l’histoire.
Je m’étais aussi amusée à trouver des thèmes musicaux spécifiques aux personnages, et je m’étais arrêtée sur Youth knows no pain de Lykke Li pour Ramona et Awake my soul de Mumford and Sons pour Paul. D’ailleurs je pense que ce dernier groupe pourrait globalement être une bonne bande son pour la BD.
Comment te situes-tu dans le milieu de la BD nantaise ?
Naïs. Je ne pense pas en être à un stade où j’ai réellement une place quelconque dans le milieu.
En tout cas, entre les anciens camarades d’école et les rencontres ultérieures que ça implique, l’immense majorité de mes amis se compose d’autres jeunes auteurs/dessinateurs nantais, qui sont très talentueux en plus d’être des personnes merveilleuses !
Ça va ressembler à quoi le proche avenir de Naïs ? Quels sont tes projets ?
Naïs. J’ai été contactée par un scénariste il y a quelques mois, et nous essayons de proposer un projet BD, dont je ne peux pas encore trop parler.
Si cela se concrétise, comme je serai cette fois uniquement dessinatrice, je commencerai sans doute à réfléchir à un prochain projet personnel.
Merci Naïs
Propos recueillis par Eric Guillaud le 15 décembre 2017
Ramona, de Naïs Quin. Éditions Vraoum. 20€