Aucun genre du neuvième art ne lui était indifférent, baladant sa plume et son crayon avec le même talent du côté du western, de la saga animalière, du carnet de voyage, du récit intimiste, de l’adaptation littéraire ou autobiographique. Une oeuvre abondante qu’on ne se lassait pas de découvrir de ce côté-ci de la planète. Chaque parution était un petit moment de bonheur, d’excitation et de récréation.
En janvier 2015, le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême lui avait consacré une exposition de grande ampleur revenant sur quarante ans de création. L’artiste était venu pour l’occasion en France, invité exceptionnel du festival.
Les éditions Casterman qui ont largement contribué à faire connaître son oeuvre en Europe ont annoncé la triste nouvelle sur leur compte Facebook parlant d’un artiste « profondément bienveillant et doux ».
Et de préciser : « Si l’humanisme qui traverse toute son œuvre est familier de ses lecteurs, on connaît beaucoup moins l’homme, d’un naturel réservé et plus enclin à laisser ses récits parler à sa place. Le regard de Jirô Taniguchi s’illuminait dès lors que la conversation portait sur la bande dessinée. C’est l’un des rares sujets qui le voyait, lui d’ordinaire discret et peu prolixe, s’éveiller avec fougue et passion. Il aimait à témoigner de sa vive admiration à l’égard des auteurs occidentaux qu’il considérait comme des maîtres, et s’empressait de partager des anecdotes savoureuses sur les circonstances dans lesquelles il avait découvert leur travail. Il nourrissait également un intérêt profond pour les formes les plus récentes du neuvième art, toujours avide de voir où la bande dessinée allait, curieux de voir éclore de nouveaux talents. »
Eric Guillaud