Premier constat, le dessin tranche singulièrement avec le propos. S’il n’y avait pas ce titre en couverture, Le Ghetto, on pourrait s’attendre à une bande dessinée humoristique, ou du moins semi-réaliste, comme en dessine habituellement Evrad, aka E411. Mais Irena n’est pas une bande dessinée humoristique, il suffit d’entreprendre sa lecture pour comprendre qu’elle nous entraîne, assez brutalement d’ailleurs, dans la tragédie de l’holocauste…
Un monde de misère où seuls les rêves des enfants sont encore en couleurs. Bienvenue dans le ghetto de Varsovie ! Irena est attendue impatiemment. Avec sa petite estafette, elle apporte de quoi manger et s’habiller aux familles juives, de quoi supporter encore un peu l’ignominie de la situation. Jusqu’au jour où une jeune femme sur le point de mourir confie son enfant à Irena. Que doit-elle faire ? Le faire sortir clandestinement ? Le temps de se poser la question, le gamin est abattu par un officier allemand. Pour Irena, c’est le choc, elle décide ce jour-là de sauver le plus d’enfants juifs possibles.
Et elle en sauvera 2500. Elle, c’est Irena Sendlerowa, une résistante, une vraie, déclarée Juste parmi les nations en 1965 et décédée en 2008. Malgré ses actes de bravoure et d’amour, les livres d’histoire n’ont pas gardé, semble-t-il, sa mémoire. C’est en tombant par hasard sur un article qui lui est consacré que Jean-David Morvan décide de raconter sa vie. Trois tomes sont prévus avec Séverine Tréfouël au scénario, David Evrad au dessin et Walter aux couleurs. Trois tomes qui permettront de raconter « l’histoire d’une femme ordinaire qui réalisa quelque chose d’extraordinaire ». Un album à mettre bien évidemment entre toutes les mains et notamment celles des enfants !
Eric Guillaud
Le Ghetto, Irena (tome 1/3), de Morvan, Evrard, Tréfouël et Walter. Éditions Glénat. 14,95 €