04 Déc

Gotlib : mort d’un géant de la BD!

© MaxPPP / Gotlib en 2006

© MaxPPP / Gotlib en 2006

Les éditions Dargaud viennent d’annoncer sur leurs réseaux sociaux le décès à l’âge de 82 ans de l’un des géants de la bande dessinée francophone, Marcel Gottlieb, alias Gotlib, et font part de leur « immense tristesse ».

« Les millions de lecteurs ayant appris à rire dans les pages de la Rubrique à brac, des Dingodossiers, ou de Gai Luron perdent un humoriste fascinant, un dessinateur virtuose, un touche à tout iconoclaste et un ami cher qui parvenait à provoquer le rire à la moindre de ses pages. Quiconque aura eu un jour la chance de croiser le « brave et généreux Gotlib », comme l‘appelait René Goscinny, se souviendra avec tendresse d’un homme d’une gentillesse inouïe, au sourire contagieux et à l’humanité parfaite, qui ne se rendit jamais totalement compte de l’admiration sans borne qu’il suscitait. »

Gotlib a commencé la BD dans les pages du journal Vaillant en 1962 où apparaît pour la première fois le personnage Gai-Luron. Il rejoint Pilote en 1965, lance les Dingodossiers puis Rubrique-à-brac. En 1972, il créé avec Bretécher et Mandryka le magazine L’Echo des Savanes puis en 1975 le fameux mensuel Fluide Glacial qui réagit aujourd’hui – à sa façon – à cette triste nouvelle.

Gotlib, c’est aussi les aventures de Pervers Pépère, sa dernière création qui date de 1981, et du super-héros à la française, Superdupont, dans lesquelles l’auteur se moque du patriotisme, de la xénophobie, du racisme de certains Français.

Né en 1934, Gotlib a non seulement révolutionné la bande dessinée humoristique en la faisant entrer dans le monde adulte mais il a aussi inventé une nouvelle forme de presse BD et influencé plusieurs générations d’auteurs en France et ailleurs. Même s’il ne dessinait plus ou presque plus depuis des lustres, ses albums, ses personnages, son style ont survécu et survivront encore longtemps aux années. Ce soir, les hommages se bousculent sur les réseaux sociaux…

Eric Guillaud

03 Déc

Chroniques de Noël : Une vie de géant ou la légende du golem revisitée par Anke Kuhl

9782822214612_cgAïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

Un géant d’argile. Voilà ce à quoi Olli et Ulla ont donné naissance par un bel après-midi au bord de la rivière. Un géant d’argile pas franchement décidé à jouer les sculptures éphémères. Une petite nuit et hop, direction la ville la plus proche où notre bon gros géant va se faire remarquer en semant le chaos. Rien de très méchant mais des maladresses qui vont le rendre persona non grata jusqu’au moment où il trouve enfin à se rendre utile…

Avec ce premier livre traduit en français, l’Allemande Anke Kuhl revisite la légende du golem, créature humanoïde de la mythologie juive qui aurait inspiré nombre de personnages de l’imaginaire moderne tels que Frankenstein ou Superman. Un beau petit livre au graphisme séduisant pour les plus jeunes.

Eric Guillaud

Une vie de géant, de Anke Kuhl. Éditions Jungle! Kids. 9,95€

Chroniques de Noël : le Bouboule-book collector de Nathalie Jomard pour tous ceux qui aiment Chat-Bouboule

album-cover-large-31415Aïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

Fais pas chi, fais pas chat. Elles sont partout ces fameuses bouboules de poils, sur les réseaux sociaux, dans le Neuvième art et sur nos canapés. Tout ça pour quoi ? Dormir. Car oui, la majeure partie de la vie d’un chat consiste à dormir quand nous les humains, nous devons trimer des heures et des heures pour ramener des croquettes à la maison. Quelle misère!

Bon, je vous l’avoue, les chats, ce n’est pas ma tasse de thé, même pas de lait, non, je serais plutôt poisson rouge. Pas de bruit, pas de poils, pas de crottes, pas de vomis, pas de griffures sur le montant du meuble Louis XVI, juste des bulles. Et je sais de quoi je cause, j’ai deux spécimens de poilus à la maison.

Une fois tout ça avoué, je reconnais que le chat de Nathalie Jomard me fait bien marrer. D’abord parce qu’il est vraiment bouboule, ensuite parce qu’il est loin d’être parfait moralement. Rien à voir avec le Chi de Konagi Kanata. Lui ferait plutôt dans le rock’n’roll tendance punk. Sa mission si vous l’acceptez : pourrir la vie de ses colocataires et accessoirement de ses maîtres.

Mais pas d’inquiétude, Nathalie Jomard délivre dans un élan de solidarité mal contrôlé les dix commandements pour survivre à un chat, le premier étant la fuite. À bon entendeur, chalut…

Eric Guillaud

Le Bouboule-Book collector, Chat-Bouboule, de Nathalie Jomard. Editions Jungle! 19,90€

L’info en + : cet album collector contient les tomes 1 et 2 des aventures de Bouboule. Une double ration de pâtée en somme…

Vraoum vraoum : quand la BD fait rugir les moteurs…

Capture d’écran 2016-12-02 à 21.46.20De mémoire de passionnés, cette édition des 24 Heures du Mans fût l’une des plus incroyables, des plus captivantes de la fin du XXe siècle. 1999, tous les grands constructeurs sont sur la grille de départ, Toyota, Audi… et Mercedes. Mercedes qui n’ira pas jusqu’au bout.

Cinq heures après le début de la course, la Mercedes CLR n°5 lancée à plus de 300 km/h décolle de la piste, tourne trois fois en l’air et finit sa course dans les arbres en bord de piste. Tout le monde craint pour le pilote Peter Dumbreck mais celui-ci en sort indemne. Un miracle. Mais pour Mercedes, les 24 Heures sont terminées. Une mauvaise conception aérodynamique est à l’origine de l’accident. La dernière voiture de l’écurie encore en course rejoint les stands, les rideaux de fer sont baissés.

C’est cette édition 1999 et notamment cet accident spectaculaire que nous racontent ici les dessinateurs Robert Paquet et Bad, ainsi que le scénariste et journaliste Laurent-Frédéric Bollée qui avait couvert la course en tant que journaliste sportif.

On reste dans le domaine de la course et notamment dans celui des 9782344011812_cg24 Heures avec ce diptyque – 100% belge nous prévient le communiqué de presse – sur l’une des plus grandes stars du sport automobile, Jacky Ickx, aka Monsieur Le Mans en raison de ses six victoires remportées sur la mythique course mancelle. Un homme reconnu et apprécié pour son palmarès mais aussi pour son comportement. En 1969, alors que tous les pilotes se ruent vers leur voiture pour un départ en courant, Jacky Ickx marche, prend le temps de boucler son harnais et gagne la course. L’année suivante, le départ en courant est supprimé !

Champion de Belgique de Course de côte, champion de Belgique des conducteurs, champion du monde des pilotes d’endurance… quelque soit le terrain, l’homme s’impose et collectionne les titres les plus prestigieux.

Dans cet album, Jean-Marc Krings et Dugomier racontent la vie de cette légende vivante du sport automobile en commençant par le début, sa première voiture de course… une voiture à pédales. Direction la petite ville de Braine-L’Alleud dans le Brabant en 1950, Jacky Ickx a alors 5 ans…

Une course mythique, un pilote de légende, deux albums pied au plancher pour ceux qui aiment les chevaux mécaniques…

Eric Guillaud

1999 : Le choc des titans, 24 Heures du Mans, de Robert Paquet, Bad et Bollée. Éditions Glénat. 13,90€

Rainmaster, Jacky Ickx (tome 1), de Dugomier et Krings. Éditions Glénat. 13,90€

01 Déc

Mémoires d’un ouvrier : Bruno Loth raconte l’histoire de son père dans la France d’avant guerre et sous l’occupation

9782849532690_cgC’est un livre qui en impose. Par son poids, 1 kg et demi, son nombre de pages, plus de 300, et par son sujet : les mémoires d’un ouvrier. Il faut dire que le contexte donne à raconter. L’ouvrier en question s’appelle Jacques, c’est le père de l’auteur Bruno Loth, il découvre le monde du travail à la veille de la seconde guerre mondiale…

Bordeaux, mars 1935, Jacques aurait pu suivre des études et devenir instituteur. Depuis deux ans, il use ses fonds de pantalon sur les bancs de l’école supérieure. Mais il décide un beau jour de tout envoyer valdinguer et de s’engager comme apprenti. Direction l’usine où il découvre le monde du travail, un monde masculin, dur mais aussi très soudé dans la difficulté.

Mai 1936, le Front Populaire remporte une nette victoire aux élections législatives. Des manifestations monstres secouent le pays, des grèves paralysent les entreprises, les laborieux bombent le torse, Blum arrive au pouvoir et commence à appliquer le programme du Front populaire. Congés payés, semaine de quarante heures, conventions collectives… pour tout le monde.

Jacques en profite, s’offre quelques jours de vacances avec des amis avant de retourner à l’usine. Jacques monte en grade, il devient ouvrier à part entière mais la guerre éclate le 1er septembre 1939. Défaite éclaire, débâcle, exode, occupation… la vie douce et insouciante dont il rêvait s’évanouit pour longtemps.

Bruno Loth aime nous embarquer dans la grande histoire, la guerre d’Espagne avec Ermo et Dolorès, le Front Populaire et la seconde guerre mondiale avec Mémoires d’un ouvrier, un récit initialement publié en trois volumes entre 2010 et 2014, aujourd’hui réunis dans cette très belle intégrale augmenté d’un carnet d’histoires. Avec quantité de photographies et de documents, l’auteur y évoque la genèse de cet album, la vie de son père, la guerre à Bordeaux…

On retrouve bien évidemment la griffe de Bruno Loth, un mélange de témoignage historique et de récit intime appuyé par un graphisme et une mise en couleurs très sobres. Au delà du contexte historique et de la vie de son père, l’auteur nous offre un regard plein d’humanité sur le monde ouvrier. Un beau cadeau pour les fêtes de fin d’année.

Eric Guillaud

Mémoires d’un ouvrier (avant guerre et sous l’occupation), de Bruno Loth. Éditions La Boîte à bulles. 39€

© La Boîte à bulles / Loth

© La Boîte à bulles / Loth