Le combat des LIP, comme on appelle communément les employés de cette entreprise horlogère de Besançon, est de ces combats qui ont marqué profondément et durablement l’histoire ouvrière de France.
Au début des années 70, l’usine produit quelque 500 000 montres par an dont les premières montres à quartz. Mais la concurrence américaine et japonaise est rude et l’entreprise dépose le bilan en avril 1973. Refusant de voir leurs emplois disparaître et l’entreprise démantelée, les employés se lancent dans une lutte de plusieurs mois, réduisant dans un premier temps les cadences avant de prendre totalement le contrôle de l’usine et de se lancer dans une autogestion qui rendit leur mouvement populaire dans tout l’hexagone et même au-delà avec ce slogan : « C’est possible, on fabrique, on vend, on se paye »…
Lip, des héros ordinaires retrace de façon prenante cette lutte menée par les ouvriers et les ouvrières de l’entreprise pendant 329 jours. Mais pas seulement ! Le scénariste Laurent Galandon et le dessinateur Damien Vidal nous offrent ici une photographie de la société française à la fin des Trente Glorieuses et notamment de la condition des femmes à travers le parcours de Solange, ouvrière horlogère. Un roman graphique tout à fait remarquable à classer entre Les Mauvaises gens de Davodeau et Plogoff de Horellou et Le Lay, deux autres bandes dessinées qui ont pour dénominateur commun le peuple en lutte !
Eric Guillaud
Lip, Des héros ordinaires, de Galandon et Vidal. Editions Dargaud. 19,99€