Si vous avez apprécié le talent graphique et l’univers singulier de Daria Schmitt, venez découvrir ses planches originales tirées de son Arbre aux pies publié chez Casterman, un des albums coup coeur jeunesse.
La Galerie 9éme Art accueille l’expo / vente jusqu’au 02 novembre 2013. Cette galerie est une galerie dédiée à la Bande dessinée comme son nom l’indique avec en dépôt de nombreuses planches originales très intéressantes à découvrir.
A voir également de grandes illustrations dont deux réalisées en collaboration avec François Schuiten, l’auteur de Cités Obscures.
Galerie 9éme Art – 4 rue de Crétet 75009 Paris – 01 42 80 50 67 métro Anvers ou Pigalle
Ce récit est magique et magnifique, il renoue avec les grands mythes et les rites de passage d’un âge à un autre. L’auteur Daria Schmitt a su utiliser l’exacte composition alchimique des contes (une jeune fille, une magicienne, un chasseur et des animaux) en les recombinant pour donner un nouveau souffle au merveilleux. Son histoire est celle d’une enfant, Mel, vivant avec d’autres dans un pensionnat tenu par deux vieilles femmes gardiennes de la ville basse. Le plaisir de tous au milieu de la foret : se retrouver sous l’Arbre aux Pies pour écouter les légendes racontées par ces oiseaux doués de paroles comme chacun des animaux choisis comme compagnon par les enfants. Mel, comme chacun d’eux, a atteint l’âge charnière où elle devra partir pour la ville haute tenue par la magicienne Circé. Le chasseur usera et abusera de sa force pour venir les chercher. Entre l’univers des films de Hayao Miyazaki et des histoires des frères Grimm, Daria Schmitt tisse un récit riche en couleurs et faux-semblants. « Un conte dissonant » comme elle le définit, à lire et à comprendre à différents âges.
Quoi de plus absurde qu’une cigogne coiffée d’un sombrero, qui fume la pipe et joue de la cithare, et un renard candide qui prétend entendre la mer dans une noix de coco ? Nous ne sommes pas dans une reprise de la fable de la Fontaine, Le Renard et la Cigogne, mais plutôt dans un doux délire d’un curieux couple en quête d’eau dans un désert peuplé la nuit de poissons lunaires volants.
Renaud Dillies (Bulles et Nacelles, Abélard 2 albums sélectionnés aux Eisner Awards 2012 & 2013) a un réel talent de conteur, il emprunte au Mexique l’art des enluminures pour nous servir un récit initiatique sur le sens de la vie. Une saveur sucrée qui laisse longtemps un sourire de plaisir sur le coin des lèvres …
Oksa Pollock par Eric Corbeyran, Nauriel, Anne Plichota & Cendrine Wolf – XO éditions 12bis
Oksa Pollock par Eric Corbeyran, Nauriel, Anne Plichota & Cendrine Wolf – XO éditions 12bis
Cette série de romans made in France est un succès traduits dans 27 pays avec 300 000 exemplaires vendus. Le 6ème tome des aventures d’Oksa Pollock est attendu pour novembre. Avant l’adaptation au cinéma, voici donc la version en bande dessinée pour les ados déjà fans ou ceux qui souhaitent découvrir celle qui est souvent présentée comme une Harry Potter au féminin.
Grande gageure que l’adaptation d’un roman jeunesse et ce n’est pas un hasard si ce travail a été confié à Eric Corbeyran, le prolixe scénariste qui a gagné la confiance des 2 auteures delà série : Anne Plichota & Cendrine Wolf. Ce duo a démarré l’aventure en publiant à compte d’auteurs et l’a poursuivi grâce à la pression de leurs jeunes lecteurs, chez un poids lourds de l’édition XO.
Dans un premier temps, le choix graphique de Nauriel nous surprend et nous livre là un dessin classique à l’image de la sage jeune fille du lycée français de Londres. Dans l’esprit de ses précédents albums (Nanami), son dessin dans la tradition franco-belge pourrait bien évoluer vers le manga quand la série basculera dans le fantastique. Car fantastique il y a dans l’univers de cette adolescente ancrée dans la réalité de notre époque, quand elle découvre ses pouvoirs (télékinésie, pyrokinésie …). Oksa Pollock est l’inespérée pour sa famille et serait la future reine d’une civilisation dans un univers parallèle à notre monde.
Un album à conseiller dès 12 ans et à lire en prélude des romans dont le tome 1 est sorti en poche l’an dernier.
Game Overt10 Watergatepar Midam, Thitaum, Adam, Julien Mariolle & Philippe Auger – Madfabrik
Connu et reconnu, Midam arrive toujours à nous surprendre et nous faire rire avec son Petit Barbare, avatar numérique de son célèbre personnage Kid Paddle. Une page, un gag le principe est connu. Ici la difficulté se corse car depuis 10 albums, tout est construit sans parole ou presque, juste une onomatopée ou un panneau indicateur. C’est ce type de talent que Midam recherche quand il fait appel à ses lecteurs via son site pour trouver des idées et des auteurs. Espérons tout de même qu’une gagwoman réussira à se glisser dans ce quintet d’auteurs masculins (Midam, Thitaume, Adam, Julien Mariolle et Philippe Auger) de quoi présenter d’autres facettes un peu moins stupide de cette princesse échevelée qui accompagne ce barbare.
A découvrir dès que l’on sait tourner des pages en attendant le prochain album à paraitre en novembre prochain Yes I can
Stars of the Stars par Joann Sfar et Pénélope Bagieu – Gallimard
L’attente était forte quand l’homme aux cent albums rejoint une des plus mordantes bloggeuses publiées en BD (Ma Vie est tout à fait Fascinante, Joséphine, la Page Blanche). L’album est dans toutes les vitrines des bonnes librairies.
Peut être est ce la limite du polymorphisme de Joann Sfar et de sa boulimie : peut il s’adapter à tous les univers après entre autres ceux de Lewis Trondheim, Christophe Blain et Clément Oubrerie et assurer une qualité qui a fait son succès (le Chat du Rabbin, Petit Vampire …) avec tant de projets menés de front (roman, films, chroniques radio …) Le pitch selon Sfar : les Stars of the Stars sont 7 danseuses venues du monde entier. Convoquées à New York, elles se retrouvent propulsées dans l’espace après la destruction de la terre. Cette série « célèbre la rencontre de Fame et de Star Strek », comme en son temps « la série Donjon était la rencontre de Conan le Barbare et le Muppet Show ». Alors pour les fans de Sfar ou de Bagieu, ou comme moi des deux, le pari pourrait être de se dire que ce tome est celui de l’exposition et de la mise en place des personnages, et que tout ce délire va prendre forme et de la force dans les suivants. A suivre …
Stars of the Stars par Joann Sfar et Pénélope Bagieu – Gallimard
Issu de la célèbre école de Gobelins, Ulysse Malassagne est un jeune auteur de 24 ans prometteur. Sa fascination pour le Tibet (à ne pas rater les pages de contexte historique en fin d’ouvrage) est réelle. Sa maitrise de la construction narrative et graphique est stupéfiante. Dès la première case, il nous plonge dans l’action quitte à être un peu perdu ou avoir le sentiment d’avoir raté le précédent épisode. De cette rencontre entre un jeune anglais baroudeur en quête d’une légende transmise par son père (Jade) et d’un tibétain défenseur de la non-violence face à l’occupant chinois, né une formidable aventure humaine. Le jeune lecteur nourri de film d’animation ne sera pas dépaysé par cet album qui est aussi une bonne occasion de découvrir l’histoire du Tibet.
Jade par Ulysse Malassagne – Glénat
Les Nombrils t6 – un été trop mortel de Dubuc et Delaf – Dupuis
Elles sont trois et le monde depuis 6 albums tourne autour de leurs nombrils. Égocentrées ces trois donzelles ? C’est toujours vrai pour Jenny (la bombe naïve) et Vicky (la seconde bombe manipulatrice) et mais leur faire valoir habituel Karine (la bonne poire) a choisi de prendre de la distance en convolant avec un drôle de zig : Albin un musicien albinos.
Depuis 10 ans, les auteurs québécois gardent le cap sur les déboires de l’adolescence avec intelligence, sensibilité et pertinence en slalomant entre les clichés sur les rapports filles garçons. Ce nouvel album boucle l’intrigue commencée au tome 5 en empruntant un nouveau genre le polar. Commencée au rythme d’un gag par planche et publié au fil de l’eau, tout en gardant ce principe, petit à petit la série Les Nombrils s’est structurée pour faire évoluer ces personnages au-delà de leur apparente superficialité.
Didier Morel
En Bonus pour lecteurs très avertis des albums à la frontière enfant adulte :
Attention cet album est aussi violent que Sa Majesté des Mouches l’était en son temps quand William Golding décrivait dans son roman la dérive d’un groupe d’adolescents livrés à eux même. Ici les adultes sont toujours présents mais ils sont au choix : cupides, avides ou stupides. Face à eux, les enfants prennent le pouvoir grâce à un jouet le Metalfer, mais est ce réellement encore un jouet quand le cadeau de Noël que tous s’arrachent est un robot exosquelette qui démultiplie la puissance de celui qui se glisse à l’intérieur.
Retour aux origines pour le duo d’auteurs des Chronokids, Stan et Vince. En 1989, ils publient chez l’éditeur américain de comics Dark Horse, une première version de 24 pages en noir & blanc. Jubilatoire et libératoire, rien n’est épargné aux victimes de Metalfer, à lire pour le plaisir de la transgression.
« Hassan Cehef c’est possible » nous affirmait le petit épicier arabe, parodié par les Nuls à la fin des années 80. Avec ce boutiquier chinois c’est plutôt : « Cà c’est un très bon choix ! »
La mention Mad in China a perdu sa voyelle car dans son échoppe, chaque objet a un pouvoir que son acheteur va découvrir à son insu. Autant d’objets, autant d’histoires courtes développées avec un talent graphique qui oscille entre François Boucq période les Aventures de Jérôme Moucherot et Moebius pour les paysages. Que du meilleur donc pour ce premier album mordant d’un illustrateur à découvrir : Pascal Magnat.
Né avec le nouveau millénaire, le festival international de science fiction de Nantes s’intéressera pour sa quatorzième édition aux autres mondes avec cette question : quels sont ces autres mondes possibles, quelles sont ces réalités en émergence ?
Que vous soyez passionnés de Littérature, de sciences, de cinéma, d’arts plastiques ou de bande dessinée… c’est l’endroit où vous devriez trouver toutes les réponses à vos interrogations et à vos attentes d’imaginaires.
Des conférences, des débats, des expos, des films, un workshop, 200 invités… Les Utopiales sont le plus grand rendez-vous du genre en Europe.
Côté BD, séances de dédicaces, tables rondes et rencontres rythmeront les 6 jours du festival avec notamment, parmi les invités, Arleston, Denis Bajram, David Chauvel, Régis Hautière, Rémi Gourrierec, Frédérik Peeters, Luc Schuiten, Philippe Squarzoni, Fabien Vehlmann, Bastien Vivès, Yoann…
Un prix du meilleur album de science fiction sera décerné à cette occasion.
Les albums en compétition sont : Au pays des ombres de Jean-Marc Mathis et Thierry Martin, Les fantômes – Rork d’Andréas, Joe l’aventure intérieure de Grant Morrison et Sean Murphy, Sailor Twain ou la sirène dans l’Hudson de Mark Siegel, Souvenirs de l’empire de l’atome de Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse, Le décalage – Julius Corentin Acquefacques T6 de M-A Mathieu, L’entrevue de Manuele Fior.
Niffle ? Ce nom vous dit forcément quelque chose. Déjà parce qu’il s’agit du nom de l’actuel rédacteur en chef du magazine Spirou. Ensuite parce qu’il est depuis 1995 associé à une quarantaine d’ouvrages dans le domaine de la bande dessinée, notamment par la collection Anthology qui proposait des intégrales de XIII, Largo Winch ou Spirou et Fantasio en petit format, ou par la collection Profession qui rassemblait des livres d’entretiens et des monographies sur Peyo, Tardi, la nouvelle bande dessinée…
En 2011, les éditions Dupuis ont racheté les éditions Niffle et lui offrent aujourd’hui un redémarrage en fanfare avec le le lancement de la nouvelle collection 50/60 dont l’ambition est de permettre, nous annonce l’éditeur, « une nouvelle lecture des chefs-d’oeuvre de l’âge d’or de la bande dessinée franco-belge dans un format prestigieux pour amateurs de beaux livres et de littérature ».
Chaque livre au format carré proposera les planches en deux parties exposées en vis-à-vis, respectant ainsi le format de création, le tout accompagné des commentaires du spécialiste Hugues Dayez
Sont annoncés pour l’année 2014 : La Voiture immergée de Tillieux, La villa du Long-cri de Rosy et Will, La Guerre des 7 fontaines de Peyo et La Mauvaise tête de Franquin.
Le Baron noir, Jack Palmer, Le Chien des Basketville, Les Carottes sont cuites, La Fin du monde est pour ce soir, Super Catho, Panique à Londres… René Pétillon est l’une des grandes signatures de la BD francophone contemporaine. Et ses pairs ne s’y sont pas trompés lorsqu’ils l’ont désigné Grand prix de la ville d’Angoulême en 1989. Douze ans plus tard, il recevait le Prix du meilleur album au même festival pour L’Enquête corse, le douzième volet des enquêtes de Jack Palmer. Et c’est justement ce Jack Palmer que nous retrouvons aujourd’hui, un Jack Palmer fidèle à lui-même avec une histoire qui se passe sur les terres de Bretagne où l’auteur effectue actuellement une tournée générale de dédicaces. Nous nous devions de lui poser quelques questions essentielles. Attention, réponses express…
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Ça fait 40 ans que vous animez les aventures de Jack Palmer mais c’est la première fois que vous l’emmenez en Bretagne, région d’où vous êtes pourtant originaire. Pourquoi seulement maintenant ?
René Pétillon. J’y pensais depuis longtemps mais je n’avais pas d’idée de départ satisfaisante avant cet album.
Dans ce quinzième album, on pouvait s’attendre à ce que vous égratigniez les Bretons comme vous l’aviez fait des Corses dans « L’Enquête corse ». Mais au final pas tant que ça. Vous avez eu peur des représailles ou bien ?
R.P. Si je craignais les représailles, je n’aurais pas fait « L’enquête corse » et encore moins « L’affaire du voile »…
Par contre vous épinglez les riches. Que vous ont-ils fait les riches ?
R.P. Ce que je critique, c’est la cupidité sans limite, l’arrogance et l’aveuglement de certains privilégiés.
Assez subtilement, vous vous vous moquez aussi de l’art contemporain. Vous qui êtes un parfait autodidacte, quel lien entretenez-vous avec cet art contemporain et l’art en général ?
R.P. Pas de lien particulier. Je vais voir les expos, je visite les galeries, ça me plaît ou ça ne me plaît pas…
40 ans, 15 aventures, des centaines de planches, des milliers de Jack Palmer dessinés sous toutes les coutures… L’attachement à votre personnage est-il d’ordre viscéral ? Avez-vous déjà imaginé de le mettre à la retraite ?
R.P. J’aime dessiner Palmer, je n’en suis pas lassé et il prendra sa retraite quand je prendrai la mienne.
Pourquoi avoir en quelques sortes écarté Palmer de ce nouvel épisode ? En avoir fait un témoin plus qu’un acteur, avec cette histoire de marée qui le bloque sur un rocher le temps du récit ?
R.P. Le détective a tout vu et ne peut pas intervenir… j’ai trouvé l’idée amusante.
Si vous deviez choisir un jour entre le dessin de presse et la bande dessinée, quel serait votre choix et pourquoi ?
R.P. Je choisirais la BD, je crois. Moins de tension que le dessin de presse.
Blue Is the Warmest ColorBy Julie Maroh – Arsenal Pulp
Depuis leur création, les héros de BD franco-belges ont longtemps été sans sexualité affichée dans leurs cases (Tintin, Astérix, Gaston …) au mieux avaient ils des émois. A partir des années 90, les romans graphiques et leur force d’évocation ont bouleversé la donne. En cette rentrée, plusieurs albums surprennent et bouleversent les codes avec des personnages centraux qui se découvrent homosexuels. Revue arc-en-ciel de cet automne après une année 2013 marquée en France : par le vote d’une loi ouvrant aux couples homosexuels le droit au mariage et à l’adoption et par une palme d’or, inspirée pour la 1ère fois d’une BD.
Respirez profondément et lancez vous pour prononcer à haute voix son nom-tout-attaché : OCEANEROSEMARIE. Elle se décrit comme une Lesbienne Invisible, une homosexuelle que personne ne voit comme telle. Trop féminine : rouge à lèvres et robes à fleurs ne seraient pas des attributs de la lesbienne attitude. Pourtant dans le regard des autres elle a besoin de reconnaître son identité sexuelle.
La Lesbienne Invisible par Oceanerosemarie & Sandrine Revel – Delcourt
De ce décalage est nait un spectacle, La Lesbienne Invisible un one-woman-show à succès (500 dates – 4 000 spectateurs) et aujourd’hui une version en bande dessinée des plus drôles. La dessinatrice Sandrine Revel (au passage elle révèle être elle aussi une invisible) nous livre là une fine et juste adaptation. Issue de l’illustration et de la BD jeunesse (Alph-art 2001 pour Un Drôle d’ange Gardien) elle a un trait qui se joue des couleurs pastels. Cet album démonte avec humour un à un tous les clichés sur l’homosexualité féminine sans complexe et sans voyeurisme (le premier baiser entre fillettes, les femmes motards, le foot féminin …)
La raison : « parce qu’il y en a encore beaucoup trop, et rappeler qu’au fond, on est tous pareils ; on fait ce qu’on peut pour se construire, rencontrer l’amour, trouver notre place dans le monde, qu’on soit homo ou hétéro. » déclare Oceanerosemarie, auteure également de Ma cuisine Lesbienne et du Guide Pratique du mariage Homo. « Nous, les homos, nous n’avons rien ou presque dans la fiction, des contes pour enfants aux films de cinéma, qui ait parlé de nous en tant qu’homosexuels puisque les héros sont presque toujours des hétéros. Et pourtant, ça ne nous a pas empêches de nous identifier, d’être émus, touchés. J’aimerais que les hétéros puissent faire de même, car je crois en l’humanité d’un personnage est toujours identifiante. »
La Lesbienne Invisible par Oceanerosemarie & Sandrine Revel – Delcourt
Alors quelle que soit votre identité sexuelle, n’hésitez pas à vous plongez dans ce récit à la première personne, 100% gai et 100% pour toutes et tous. Rire, créativité et tendresse garanties.
Paco a les mains rouges. Il ne les avait pas quand il était encore instituteur en métropole et fiancé. Mais depuis que Patrick Comasson a été condamné à la perpétuité à Cayenne, il a découvert ce qu’est la Grande Terre et ce que signifie l’enfer du bagne si bien décrit par Albert Londres en son temps.
Paco les mains rouges par Fabien Velhmann & Eric Sagot – Dargaud
A son arrivée en Guyane, dans le sang, il a trempé ses mains et gagné son surnom : Paco les mains rouges, premier gage de survie dans cet horreur tropical des années 30. Le talent des auteurs, Eric Sagot et Fabien Velhmann (l’auteur attitré, avec Yoann, du renouveau des aventures de Spirou), est de ne pas en rajouter. Bien au contraire dès la couverture et les premières planches, le ton est donné dans des couleurs désaturées et sombres. Des faits bruts pour décrire l’insoutenable dessinés le plus simplement possible. Le tout donne une force incroyable à l’amour de Paco pour un autre homme, un bagnard comme lui, doué du talent de tatouer. Grace à lui, Paco est en partie protégé du pire, mais ne reconnaît la vérité de ses sentiments et la découverte de son homosexualité que malgré lui. Ce premier tome fait espérer, avec le second et dernier épisode à paraître, un récit marquant et bouleversant.
Paco les mains rouges par Vehlmann & Sacot – Dargaud
Deadline ce terme est passé dans le langage courant pour parler d’une échéance. Mais saviez vous qu’il a aussi un sens littéral et que pendant la guerre de sécession il représentait réellement une ligne de mort. « Tu vois la rambarde, là, qui forme une ligne ? Ca mon pote, c’est la deadline ! Le doigt de dieu … » C’est ainsi que le personnage principal, Louis Paugham, découvre cette ligne de mort qui sépare les geôliers sudistes et les prisonniers nordistes dans une prison itinérante à ciel ouvert. Le prisonnier qui franchit cette ligne est immédiatement abattu. Cette ligne sera aussi le celle du basculement de ce jeune confédéré tout juste engagé dans l’armée du sud. Lors de sa première mission de surveillance il est aimanté par le regard fier d’un soldat noir.
Deadline par Laurent-Frédéric Bollée & Christian Rossi – Glénat
La naissance d’un amour doublement impossible avec un homme noir est le thème de ce nouveau western sur fond de vengeance et de Ku Klux Klan. Les auteurs remarqués, Laurent-Frédéric Bollée (déjà scénariste du roman graphique fleuve Terra Australis) et Christian Rossi (l’héritier graphique du père de Blueberry, Jean Giraud) signent là un récit déconcertant et inattendu. En choisissant l’homosexualité comme trame centrale, leur western prend un souffle nouveau formidablement servi par des dessins à la couleur directe. Cette technique n’est pas aisée, elle consiste à colorier directement les crayonnés originaux et comme l’affirme Christian Rossi, « contrairement à la possibilité qu’offre le travail sur ordinateur, les repentirs sont presque totalement exclus ». D’où cette très belle profondeur dans l’image et cette sourde tension dans les couleurs comme en écho aux troubles sexuels du personnage principal.
Julie Maroh a marqué nos esprits en affirmant que Le bleu est une couleur chaude (pour ceux qui ne l’auraient pas lu, il est réédité à l’occasion de la sortie du film la Vie d’Adèle). Après ce magnifique récit d’amour entre une adolescente et une jeune femme aux cheveux bleus, son dernier album, Skandalon, divise, repousse ou choque à l’image de son héros à l’identité sexuelle en devenir. Skandalon en grec c’est la pierre d’achoppement, celle qui fait trébucher, devenu en français le scandale.
Skandalon par Julie Maroh – Glénat
Julie Maroh nous livre une parabole aux références à la fois christiques et à l’auteur René Girard qu’elle a beaucoup lu comme elle l’écrit dans sa post face. Pas facile de donner chair à un concept. Autant sa maitrise du dessin, du cadrage et de la mise en page sont bluffantes, autant nous avons du mal à en entrer en sympathie, à comprendre ce personnage de rocker écorché qui fait tout pour se faire rejeter et haïr, rock star qui renvoie à tant d’autres connues dans le monde réel de la musique ou des arts. Un livre à lire malgré tout pour suivre cette auteure multi-primée pour son premier roman graphique.
A lire aussi sur le même thème, la chronique d’Eric Guillaud à propos du très bel album paru aussi en cette rentrée : La ligne droite d’Hubert & Marie Caillou, sur un adolescent qui peine à avouer son homosexualité.
Enfin du même talentueux scénariste, celui de Beauté, un ouvrage collectif commandé par le festival BD Boum de Blois. Cette fois Hubert a rencontré des LGBT en Touraine, comprenez des Lesbiennes, Gays, Bi et Trans pour écrire les Gens Normaux. Mis en image par différents dessinateurs, cette dizaine de récits « couvrent une variété de parcours et de modes de pensée où il est question d’orientation sexuelle, du choix de vivre en couple, d’avoir un enfant, du regard des autres, de la loi, la morale, la maladie ou des dangers parfois mortels (selon les pays) à être homosexuel.
Les Gens Normaux – Collectif BDboum – Casterman
A découvrir en novembre chez Casterman avec une préface rédigée par Robert Badinter qui lutta, en tant que Garde des Sceaux du gouvernement Mauroy, pour la suppression de la disposition légale pénalisant les relations homosexuelles.
A ma gauche Zep le papa de Titeuf, tee-shirt noir veste grise, à ma droite Zep l’auteur de bande dessinée, tee-shirt noir veste grise. Entre les deux, Une Histoire d’hommes, l’album qui change tout sans changer l’homme. Interview…
Zep sans Titeuf ? Oui c’est possible et ce n’est pas la première fois. Du haut de ses quelques millions d’albums vendus, l’auteur suisse échappe régulièrement à l’emprise de son célèbre héros pour des récits qui restent, je vous le concède, dans le domaine de l’humour.
Pas cette fois ! Une Histoire d’hommes est le premier album « sérieux » de Zep. Sérieux mais pas triste. Paru chez le nouvel éditeur BD Rue de Sèvres, Une Histoire d’hommes raconte les retrouvailles d’anciens copains, membres d’un groupe de rock qui aurait sévi il y a quelque 18 ans. L’un deux a réussi, est devenu une star au pays de la pop, les autres galèrent ou ont pris une voie beaucoup plus sage au pays du camembert. Ils se retrouvent donc un week-end, invités par la star, refont l’histoire, imaginent ce qu’aurait été le groupe s’il n’avait pas explosé en vol, établissent la liste des regrets éternels et découvrent au détour d’une discussion une sombre vérité, un secret enfoui qui va expliquer pas mal de choses sur les uns et les autres.
350 millions d’albums vendus à travers le monde dans 107 langues et dialectes différents, aucun doute, Astérix est un personnage légendaire du Neuvième art. Et ses albums ont depuis longtemps intégré les meilleurs bibliothèques de France comme la BNF. Mieux, ce temple de la culture parisien a hérité en mars 2011 des planches originales de trois albums d’Astérix : Astérix le Gaulois, le premier titre de la série, La Serpe d’or, le deuxième titre et Astérix chez les Belges, le 24e album publié après le décès de René Goscinny.
Ces planches originales figurent bien évidemment au coeur de l’exposition présentée par la BNF. Une exposition qui se décline en trois parties : la jeunesse et les débuts d’Uderzo et Goscinny dans le monde de la bande dessinée, la naissance d’Astérix puis le phénomène Astérix, vu notamment à travers son expansion nationale et internationale, ses adaptations cinématographiques…
Versailles (t2) – l’Ombre de Marie-Antoinette par Eric Adam, Didier Convard & Eric Liberge – Glénat
Versailles inspire et inspire bien les auteurs du 9ème art. Second volet réussi de cette collaboration patrimoniale entre le Château et les éditions glénât : L’ombre de Marie-Antoinette avec Eric Adam et Didier Convard au scénario et Eric Liberge.
Après un premier tome consacré au Roi Soleil, au scénario ciselé, en voici un second consacré à cette reine qui ne cesse de fasciner. L’Histoire est ici réécrite à travers le regard d’un jeune peintre américain actuel en visite au Château de Versailles. En se glissant entre les dates et les lieux avec une précision historique, contrôlée par le conservateur en chef, les auteurs ont réussi l’exploit de rendre crédible et possible cette histoire de retour vers le passé.
Voyez le reportage de l’équipe de France 3 Versailles Antoine Marguet & Jean-Yves Blanc
Ce clocher de 54 m est le dernier vestige de l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie. Construite au début du XVIe siècle, grâce à l’argent de Nicolas Flamel à qui l’on prête la réputation d’alchimiste ayant réussi la transmutation du plomb en or, la tour a depuis toujours fascinée. De cette réalité Jean-Pierre Pécau (L’Histoire Secrète, Jour J) tire un scénario sinueux aux contours ésotériques mâtinés de réalité historique. L’auteur raconte qu’il a « lu dans la presse que les 4 statues du sommet n’ont pas été remontées dans le bon ordre, précise l’auteur. A partir de là, il y avait une piste scénaristique, qu’est-ce ça donne pour Paris et ses habitants si ces statues sont placées à l’envers ? »
Paris Maléfices (t1) : la malédiction de la Tour Saint-Jacques par Jean-Pierre Pécau & Dim D. – Delcourt
Au lecteur de démêlé le vrai du faux et de suivre les traces du BAP, le Bureau des Affaires Publiques, chargé de surveiller les phénomènes mystérieux qui jaillissent en différents points de la Capitale. Ce drôle de Bureau peine à nous convaincre de la réalité de son existence. Pourtant chaque détail de chaque rue et monument est rendu avec précision par le dessin photographique de Dim D. (Aleph). Ce premier tome appel d’autres mystères parisiens déjà annoncés, comme Le Petit Homme Rouge des Tuileries ou Les Dames Blanches du Quai de Gesvres. Ces albums suivants permettront de se faire une idée plus précise si une grande série sur Paris commence à prendre forme ou si les premiers défauts perçus ne plombent une idée en or.
Didier Morel
La BO à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cet album :