Valait-il mieux mourir que connaître la guerre civile, le chaos, la dictature des colonels, la Grèce érigée en rempart du communisme pour l’Europe de l’Ouest ? C’est ce que semblait avancer le Grec Chrònis Missios en intitulant son autobiographie parue en 1985 : Toi au moins tu est mort avant. Il faut dire que l’homme, révolutionnaire communiste dès le plus jeune âge, a passé une grande partie de sa vie en prison, plus de 20 ans, et connu les pires traitements. Condamné à mort, il échappe de très peu à la sentence et voit sa peine commuée en perpétuité. Nous sommes en 1946. Tandis que le reste de l’Europe retrouve la paix et la démocratie, la Grèce, elle, s’entredéchire. Torturé, affamé, balloté de prison en prison, mêlé aux condamnés de droit commun, aux drogués, aux malades psychiatriques… Chrònis Missios, comme nombre de communistes, ne reniera jamais ses idées et finira par retrouver sa liberté et écrire cette autobiographie aujourd’hui adaptée en bande dessinée par Sylvain Ricard, Myrto Reiss et Daniel Casanave. Un hommage à l’homme, un hommage à son engagement, qu’il ne connaîtra malheureusement pas. Chrònis Missios décède en novembre 2012, à l’âge de 82 ans. Restent pour la mémoire de l’humanité son livre et cette bande dessinée au récit dense et au graphisme semi-réaliste qui allége le propos très sérieux. EGuillaud
Toi au moins, tu es mort avant, de Casanave, Ricard et Reiss. Editions Futuropolis. 24 euros