29 Août

Chère Patagonie, le nouvel album de Jorge González aux éditions Dupuis

« Un ovni ! Ou un miracle ! Comme vous voulez. » C’est par ces termes que débutait ma chronique de Bandonéon, l’album précédent de Jorge González.  C’est par ces mêmes termes que j’ai envie de commencer celle-ci tant Chère Patagonie nous interpelle d’entrée par son volume, 280 pages, par sa couverture, ténébreuse, presque inquiétante, par son graphisme général, ses couleurs, sa narration et son histoire. L’histoire justement. Jorge González, Argentin d’origine, établi à Barcelone depuis plus de 15 ans, raconte à travers des bribes de vie l’histoire de son pays, l’Argentine donc, mais aussi de la Patagonie, territoire le plus austral de la planète situé à cheval sur l’Argentine et le Chili. Des références historiques jalonnent le récit depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours mais, pas d’inquiétude, de judicieuses précisions historiques sont apportées en fin d’ouvrage, de même qu’un glossaire nous éclaire sur les termes inconnus de ce côté-ci de la planète. Si les premières pages peuvent paraître rudes, voire hermétiques, n’hésitez pas à vous laisser porter, la suite déboulonne tout ça et happe le lecteur jusqu’à la fin dans un tourbillon de destins et d’aventures depuis les terres sauvages de Patagonie jusqu’aux rues grouillantes de Buenos Aires…

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Découvrez l’interview de l’auteur ici

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Visuellement, comme dans Bandonéon, Jorge González nous invite à vivre une véritable expérience graphique et narrative, passant d’illustrations pleine page, tantôt proches de l’esquisse, tantôt très picturales, à des planches fractionnées par plusieurs dizaines de cases, pour ne pas dire des centaines, entrainant l’œil d’une scène à l’autre sans rupture. Impressionnant ! Jorge González ne fait pas de la BD pour faire de la BD, il explore, teste, invente, réinvente, pousse les cases ou au contraire fractionne la page à l’extrême au point de la recouvrir totalement, pose enfin un visage ou un cheval d’un coup de crayon, plante un décor de pastel et d’aquarelle à la Turner tendance Rothko. Le trait est sec, vif, nerveux, les ambiances, énigmatiques, hantées. Hantées peut-être par tous ces êtres que l’on y croise, des Indiens, des colons, des boutiquiers et même un réalisateur de cinéma allemand… Sans hésitation, Chère Patagonie est à classer parmi les albums indispensables de l’année 2012 ! EGuillaud

Chère Patagonie. Editions Dupuis. 26 euros

Ch.

L’info en +

Le graphisme de Jorge González vous interpelle ? Alors, je ne peux que vous conseiller de visiter son site  ici-même sur lequel il a tenu un making-of tout au long de la réalisation de l’album.