L’histoire commence dans les années 80 quelque part dans la jungle birmane. Thamaza est alors un enfant joyeux et insouciant. Mais déjà, les bruits de bottes de la junte militaire se font entendre au loin. Et de fait, les soldats débarquent un beau jour dans son village et modifient le cours de sa vie. Témoin direct des atrocités commises par la dictature, le jeune garçon décide de rejoindre quelques années plus tard Mandalay, la deuxième plus grande ville du pays. Là, il multiplie les petits boulots et participe activement aux réunions secrètes des opposants au régime. En 1996, une manifestation pacifique réunissant des étudiants et des intellectuels tourne mal. Thamaza, comme beaucoup d’autres, se voit contraint de fuir le pays. Mais il est arrêté, torturé, jugé et condamné à 65 ans de prison ! Et même s’il parvient à s’évader, Thamaza n’en a pas pour autant fini avec la brutalité des hommes…
Alors que la Birmanie se retrouve depuis quelques temps sous les feux de l’actualité avec la mise en place d’un régime dit « civil » et une relative ouverture du pays sur le reste du monde, Sophie Ansel et Sam Garcia nous proposent de plonger dans ce qui fût, et risque malgré tout d’être encore quelques temps, la réalité birmane. Scénariste et journaliste, Sophie Ansel connaît bien l’Asie du Sud-Est pour y avoir vécu plusieurs années. Son premier voyage en Birmanie la fascine littéralement. Elle y reste le temps nécessaire pour approcher, comprendre, sentir le pays. Mais ce sont les exilés birmans, rencontrés en Malaisie, qui vont lui apporter véritablement matière à l’écriture de ce livre. Elle recueille quantité de témoignages sur la vie des réfugiés et surtout sur le quotidien de la population birmane, sur les tortures, les meurtres, les viols et autres exactions commises par le régime militaire. A la fois BD documentaire et fiction, Lunes birmanes associe faits réels et personnages imaginaires pour offrir au final sur plus de 200 pages un témoignage dur, violent, amplifié par la mise en scène de l’Espagnol Sam Garcia, une mise en scène très crue, brutale, mais à l’image de la réalité. EGuillaud