Gringos Locos raconte l’histoire d’un voyage. Un voyage mythique qui a marqué au fer rouge le Neuvième art et que certains présentent même comme une aventure fondatrice de la bande dessinée belge moderne. Un voyage qui s’est déroulé aux Etats-Unis et au Mexique avec, dans les rôles principaux, Joseph, Maurice et André. Ces prénoms ne vous disent rien de particulier ? Et si je vous dit, Joseph Gillain, dit Jijé, André Franquin et Morris ? Oui, trois des plus grandes signatures de la bande dessinée franco-belge. Trois créateurs d’univers issus des pages du journal de Spirou et réunis ici par la même volonté de rejoindre les studios Disney à Los Angeles. Nous sommes à la fin des années 40. L’Europe peine à se relever de la Seconde guerre mondiale, la guerre froide s’installe et nos trois lascars succombent aux sirènes du rêve américain. Mais voilà, Disney connaît à cette période une mauvaise passe et licencie plus qu’il n’embauche. Joseph, Maurice et André se retrouvent au Mexique pour quelques mois…
Réalisé par le tandem Yann-Schwartz, par ailleurs responsable de Groom vert de gris, un album remarqué et remarquable, Gringos Locos aurait pu sortir ce vendredi 4 mai sans faire plus de bruit que nécessaire. Mais voilà, avant même de rejoindre les bacs de vos libraires préférés, Gringos Locos est devenu l’objet d’une sérieuse polémique. Les héritiers des trois personnalités évoquées dans ses pages ont en effet fait connaître leur mécontentement, assurant ne pas reconnaître leurs aïeux dans le profil psychologique dressé par les auteurs. Résultat des courses, beaucoup, beaucoup, de lecture avec cet album à commencer par les 46 planches bien sûr, suivies d’un avertissement aux lecteurs précisant que la lecture de l’album doit être envisagée comme celle d’une simple fiction, puis des explications sur deux pages du scénariste Yann et enfin d’un livret de 10 pages présenté comme un droit de réponse de la famille, et qui sous forme d’une interview de Benoît Gillain, est censé rétablir la réalité des choses. Une querelle sans intérêt ? Pour la plupart des lecteurs, certainement. Mais dès ce matin France Inter s’emparait du sujet dans un de ses journaux matinaux. Autant dire que l’heure est grave ! Nonobstant cette polémique, Gringos Locos offre sous le trait stylé années 50 d’Olivier Schwartz un récit rocambolesque et survitaminé. E.G.