Paris, le 20 septembre 1979. Il est midi trente. Un homme vient d’être abattu en pleine rue dans le 13e arrondissement. Son corps gît encore sur le trottoir qu’un commando signant « Honneur de la police » revendique déjà l’assassinat. Cet homme s’appelle Goldman, Pierre Goldman. Un nom qui ne dit absolument rien à la plupart des gens aujourd’hui si ce n’est associé au prénom Jean-Jacques, célèbre compositeur de musique, en l’occurrence son demi-frère. Sa mort fera pourtant la Une du journal Libération le lendemain et son cercueil sera suivi quelques jours plus tard par une foule composée de plusieurs milliers d’anonymes et de quelques célébrités. Parmi elles, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Régis Debray, Daniel Cohn Bendit, Bernard Kouchner… Mais qui était donc Pierre Goldman ? Un intellectuel ? Un truand ? Un militant d’extrême gauche ? Un écrivain ? Un guérillero ? Un meurtrier ? C’est ce que nous propose de découvrir Emmanuel Moynot dans cet album qui débute au moment même de l’assassinat avant de remonter le temps et de nous exposer le cheminement de cet homme au destin particulier.
Et qui mieux que Pierre Goldman pour parler de Pierre Goldman ? Dans ce récit, Emmanuel Moynot a en effet choisi de placer le personnage central en narrateur de sa propre histoire. On est de fait au plus près de lui lors de son voyage à Cuba, lors de son séjour au Venezuela où il rejoindra un groupe de révolutionnaires. On revit son implication militante, ses procès qui le condamnèrent à perpétuité pour meurtres avant qu’il ne soit acquitté. On le suit en prison, on est là lorsqu’il est libéré et ainsi de suite… Mené comme une enquête, le récit d’Emmanuel Moynot est entrecoupé d’entretiens avec des amis de Pierre Goldman, des avocats ou journalistes qui reviennent sur cette époque et nous éclairent sur le personnage. Enfin, en annexe, des textes signés Jacques Rémy et Wladimir Rabi, parus dans la revue Les Temps modernes, reviennent sur son assassinat et son séjour en prison. Un livre très dense, très bien construit, sur un destin romanesque qui, comme l’explique l’auteur dans l’interview vidéo ci-dessous, marque peut-être la fin d’une période, la fin de l’après 68, la fin d’un engagement politique radical ! E.G.
L’info en +
A découvrir le reportage télévisé de l’époque sur l’enterrement de Pierre Goldman ici-même ! Et ci-dessous une interview d’Emmanuel Moynot réalisée par l’éditeur Futuropolis.