08 Mar

Spirou et Fantasio (Intégrale 12), de Nic et Cauvin. Editions Dupuis. 19,95 euros.

Ce ne sont pas forcément les histoires de Spirou et Fantasio les plus appréciées des amoureux de la série. Mais comme les précédentes, comme les suivantes, elles participent au mythe et, à ce titre, méritent bien évidemment de figurer dans cette intégrale qui propose la réédition de l’ensemble des aventures de nos deux héros dans l’ordre chronologique. Nous sommes à la fin des années 70, Jean-Claude Fournier qui avait pris la relève d’André Franquin en 1968, est de plus en plus critiqué pour sa production considérée comme « folklorique ». La direction des éditions Dupuis le licencie et met à sa place Nic Broca, un choix alors étonnant tant l’homme est étranger au monde de la bande dessinée. Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, qui ont rédigé le cahier graphique accompagnant cette intégrale, écrivent d’ailleurs que cette nomination est « le fruit d’une indécision éditoriale ». Résultat des courses, trois équipes vont se confronter pendant un temps autour de ces personnages légendaires. Nic, accompagné au bout d’un moment du scénariste Cauvin, le tandem Tome & Janry et Yves Chaland. Trois longs récits plus tard, c’est finalement Tome et Janry qui s’imposent pour de longues et belles années…

En attendant, ce douzième volume de l’intégrale réunit donc les trois longs récits signés Nic (La Ceinture du grand froid, La Boîte noire, Les faiseurs de silence) ainsi que trois histoires courtes (Le Fantacoptère solaire, La naissance des Diskies et Allez Champignac!) et bien entendu, comme je vous le signalais plus haut, un cahier graphique d’une vingtaine de pages revenant sur le contexte de création avec illustrations, photos, couvertures, esquisses à l’appui. E.G.

06 Mar

Furari, de Jirô Taniguchi. Editions Casterman. 16 euros.

Un sentiment de douceur, de sérénité, de bien-être, de volupté. Voilà ce que beaucoup de fans de Jirô Taniguchi, auteur notamment de Quartier lointain et de L’Homme qui marche, disent éprouver en lisant ses albums. Et celui-ci ne devrait pas déroger à la règle. Furari, qui signifie en japonais « au gré du vent » nous entraîne dans le Tokyo d’hier pour des flâneries géométriques en compagnie d’un homme d’une cinquantaine d’années, un homme qui n’évoquera absolument rien aux Européens mais que les Japonais identifieront comme étant Tadataka Inô. Célèbre géomètre et cartographe du début du  XIXème siècle, Tadataka Inô est à l’origine de la première carte du Japon réalisée avec des techniques et des instruments modernes. Dans les pages de cet album, pas après pas, calmement, rigoureusement, l’homme mesure ses déplacements tout en nous ouvrant les portes de son univers poétique fait de mille émerveillements, ici les libellules et les lucioles, là les cieux étoilés et les clairs de Lune, plus loin les cerisiers en fleur et les feuilles de bambous qui bruissent sous le vent. Un voyage immobile dans le temps et dans l’espace magnifié par le trait délicat et dans le même temps puissamment évocateur, envoûtant, de l’immense Jirô Taniguchi, l’un des maîtres incontestés du Neuvième art, nommé chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la culture en juillet 2011 ! E.G.

02 Mar

Ric remix, de David Vandermeulen, d’après Tibet et A.-P. Duchâteau. Editions Le Lombard. 15,95 euros.

Un remix ! A la manière d’un remix musical. Sauf qu’ici, ce sont des images qui sont remixées, réorganisées, détournées. Aux platines, ou plus exactement aux ciseaux, un artiste très connu dans le milieu culturel underground belge et dans le microcosme des éditeurs de BD indépendants, David Vendermeulen. Et dans le rôle du héros remixé, Ric Hochet, 46 années de bons et loyaux services, 78 aventures au compteur et autant d’albums, des centaines de planches, des milliers de vignettes… des vignettes, justement, que David Vendermeulen se réapproprie ici pour nous offrir une histoire inédite en les réorganisant ou en retravaillant les mises en couleurs. Le résultat est plutôt surprenant, voire  déroutant. Il s’agit d’un détournement artistique qui s’est fait avec l’accord et même le soutien de Tibet et de Duchâteau, un détournement qui prend toute sa valeur dans les illustrations pleine page, couverture comprise, qui bien évidemment nous ramènent à Roy Lichtenstein et Andy Warhol. De la BD façon pop art. Très original ! E.G.

01 Mar

Interview express de Rémi Gourrierec, auteur de Big crunch aux éditions Delcourt

© Chloé Vollmer-Lo

Né en région parisienne, Rémi Gourrierec est aujourd’hui nantais. Big crunch est sa première contribution à la bande dessinée. Une série prévue en six volumes autour d’un super-héros nommé Cosmos.

Un super-héros de plus me direz-vous ? Pas du tout, Cosmos est un super-héros français, oui Madame, qui pourrait bien sauver la planète d’une conclusion funeste. Un auteur nantais, un super-héros français, une bande dessinée inspirée par le comics, le manga et la BD franco-belge… il n’en fallait pas plus pour que nous ayons envie de lui poser quelques petites questions…

 

Quels ont été vos premiers coups de cœur BD?

Rémi Gourrierec. Johan et Pirlouit (Peyo) au primaire, Akira (Katsuhiro Otomo) et Le Grand pouvoir du Chninkel (Van Hamme et Rosinski) au collège, Lapinot (Lewis Trondheim) et les livres de l’Association au lycée.

Quelle a été leur influence sur votre travail ?

R.G. Ce sont des BD jalons comme je pourrais en citer une dizaine d’autres dans mon parcours de lecteur. En tant qu’auteur aujourd’hui, elles me rappellent que l’on peut raconter des histoires prenantes quel que soit le sujet ou le style.

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retrouvez la chronique de l’album ici-même !

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Comment qualifiez-vous votre propre style ?

R.G. Graphiquement, entre la « nouvelle BD » franco-belge type Poisson Pilote et les mangas pour ados. Narrativement, j’accorde beaucoup d’importance au rythme. Pas pour noyer le lecteur sous des tonnes d’actions, mais plutôt pour jouer les montagnes russes, en gérant avec attention les temps forts et les respirations.

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projet de couverture

Pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce premier album ? Et votre sentiment à sa sortie?

R.G. J’avais en tête cette image d’enfants qui découvrent leur père habillé en super-héros inconscient dans leur cuisine. Tout le reste a découlé des enjeux énoncés par cette simple scène. Je ne suis pas forcément fan des récits de super-héros et du coup, je crois, ça m’aide à proposer quelque chose d’un peu déviant sur ce sujet. J’ai beaucoup appréhendé la sortie du premier tome, mais finalement elle m’a permis de gagner en sérénité sur le suivant. Il est déjà bien avancé et ça aurait été difficile de ne pas tout remettre en question si je n’avais pas eu au moins ces quelques retours enthousiastes de libraires et de lecteurs.

Comment perceviez-vous le monde de la BD avant la sortie de votre album et aujourd’hui ?

R.G. Déjà ado, ça me paraissait plus être un univers d’artisans que de stars, peut-être grâce à la proximité apportée par les festivals et les séances de dédicaces. Et effectivement les rapports avec les autres auteurs et les éditeurs sont très simples pour peu que l’on accepte de n’être qu’un parmi d’autres.

Quels sont vos projets ?

R.G. Dans un premier temps, boucler cette série sans laisser trop de délai entre chacun des 6 tomes prévus. En parallèle, j’espère pouvoir lancer un ou deux projets en tant que simple scénariste avec d’autres dessinateurs. Énormément d’envies mais peu de temps.

Propos recueillis par mail le 28 février 2012 – Eric Guillaud