Israël, juin 1948. Tel-Aviv est à nouveau survolé par des Spitfire de l’armée égyptienne. Ils auront le temps de larguer plusieurs bombes et de faire couler le sang avant que les avions affichant la fameuse étoile bleue ne fassent leur apparition dans le ciel et finissent par les chasser. Il faut dire que les avions du jeune Etat hébreu ne sont pas de prime jeunesse. Soumis à un embargo international, Israël doit se contenter de quelques vieilles carcasses de Messerschmitt récupérées chez les Tchèques auxquels on a adjoint des moteurs de bombardiers Junker Jumo. Des avions lourds et dangereux pilotés la plupart du temps par des mercenaires appâtés par l’argent comme le jeune Suédois Björn…
Est-il nécessaire de présenter le scénariste Yann et le dessinateur André Juillard ? L’un et l’autre sont de très grands noms de la bande de dessinée franco-belge, responsables et coupables d’un certain nombre de petites pépites comme Les Innommables, Sambre, Pin-up, Spoon & White pour le premier, Masque rouge, Le cahier bleu, Le long voyage de Lena pour le second ! Avec Mezek, ils abordent un épisode de l’histoire étrangement peu connu du grand public, les débuts de l’aviation militaire israélienne et le recours à des pilotes mercenaires. L’un d’entre eux aurait même été allemand ! Bien sûr, Yann et Juillard profitent de ce contexte historique fort de la grande histoire pour nous raconter une petite histoire, de fiction cette fois, en l’occurrence une histoire d’amour. Un album impressionnant par l’émotion qu’il dégage, par l’écriture très travaillée, par la documentation aussi et, bien sûr, par le graphisme ligne claire unique du maître Juillard ! E.G.