09 Nov

L’album Fanfulla d’Hugo Pratt et Milo Milani réédité aux éditions Rue de Sèvres

Capture d’écran 2013-11-09 à 16.40.03Comme le souligne très justement l’auteur Antonio Carboni en préface, Fanfulla est l’une des histoires de Pratt les moins connues du grand public. Elle a été réalisée en 1965 à la fin de la collaboration de l’auteur avec l’hebdomadaire italien pour la jeunesse Corriere dei Piccoli, collaboration qui avait donné naissance à plusieurs autres récits, parmi lesquels Billy James, L’Ombre ou encore L’île au trésor.

Edité en album en 1981 puis 1987 aux Humanoïdes Associés, Fanfulla ne souleva jamais l’enthousiasme des foules au point que le récit disparut de la circulation. Il faut attendre la naissance d’une nouvelle maison d’édition, Rue de Sèvres, pour le retrouver enfin dans un format à l’italienne pour le moins judicieux et recolorisé sobrement par Patrizia Zanotti. De quoi apprécier pleinement le génie du bientôt créateur de Corto Maltese et son trait qui oscille alors entre un réalisme classique et une figuration simplifiée par de grands aplats de noir.

Côté histoire, Fanfulla nous plonge dans l’Italie du 16e siècle, au coeur des luttes pour la possession des grandes villes, Rome d’abord, Florence ensuite. Fanfulla le mercenaire, borgne sans pitié, navigue entre alliances et trahisons, combats violents et rédemptions. Un album indispensable pour les amoureux de Pratt, une curiosité pour les autres !

Eric Guillaud

Fanfulla, de Hugo Pratt et Mino Milani. Editions Rue de Sèvres. 20 euros

08 Nov

Interview d’Etienne Davodeau pour son nouvel album Le Chien qui louche

Il aurait pu imaginer pour son nouvel album le casse du siècle au Louvre, le vol de la Joconde ou du Radeau de la Méduse, mais Etienne Davodeau n’est pas de ce genre-là. L’auteur ligérien préfère les histoires ancrées dans le réel, le quotidien, même quand il signe une comédie comme aujourd’hui…

© Didier Gonord

© Didier Gonord

 

Etienne Davodeau est l’auteur de ce qu’il est convenu d’appeler quelques classiques de la BD francophone comme « Rural! », « Les Mauvaises gens », « Quelques jours avec un menteur », « Lulu femme nue« , dont l’adaptation cinéma sortira en janvier 2014, ou encore « Les Ignorants« , initiation croisée entre un auteur de BD et un viticulteur. Un véritable succès de librairie vendu à 150 000 exemplaires en langue française et traduit en allemand, espagnol, italien, brésilien…

Mais Etienne Davodeau n’est pas du genre à s’endormir sur ses lauriers, encore moins sur ses piles de livres. Alors, aussitôt apposé sa signature sur la dernière page d’un album, l’homme rebondit sur un autre projet, en alternant si possible fiction et documentaire.

Son nouvel album, « Le Chien qui louche », entre dans la catégorie fiction même si le récit, comme tous ceux d’Etienne Davodeau, reste profondément ancré dans le réel. C’est sa marque de fabrique : le quotidien, les petites choses qu’on ne voit pas et qui sont pourtant là à portée de main et puis ces gens ordinaires, tous ces « losers magnifiques » pour reprendre une de ses expressions.

La suite à lire ici…

Eric Guillaud

Une année avec Zidrou

Zidrou - Dargaud / Rita Scaglia

Zidrou – Dargaud / Rita Scaglia

 

Il nous a déjà subjugués en ce début d’année avec un récit émouvant autour d’une piscine ( Le Beau Voyage ), puis convaincus avec une histoire improbable de rédemption amoureuse dans la prostitution espagnole (Le Client). Revoici l’auteur aux multiples facettes Zidrou pour le démarrage d’une série historique dans la lagune vénitienne : Marina (t1)– les enfants du Doge et un album au titre plus qu’étrange : Pendant que le Roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ?

Ne cherchez pas l’explication de ce titre abscons. Ou plutôt si, en vous plongeant dans les deux dernières cases du prologue de la 8ème planche. Une fois de plus, Zidrou, le prolifique auteur belge qui vit en Espagne, développe son talent de narrateur sensible en choisissant un point de vue original sur un sujet de société : le handicap chez l’adulte. Comment vivre et s’occuper d’un « enfant » de 43 ans ? Toute l’histoire est racontée du point de vue de cette mère de 72 ans qui ressemble à une granny, une grand-mère au regard tendre et à la peau qui commence à se rider. Aucun détail des épreuves qu’elle accepte n’est mis de coté  (les manies de son garçon, son jeu puissance 4, ses besoins sexuels …), aucun de ses doutes, de ses peines mais aussi de ses joies et de ses petits bonheurs qui font que cette vie centrée sur cet enfant encombrant est possible avec la solidarité de son entourage. Par petites touches, une vie d’amour se dessine au quotidien avec humour, oui beaucoup d’humour, pour raconter ce qui fait peur à beaucoup : le handicap. Un thème qu’il avait traité différemment avec l’album très fort : Lydie, l’histoire au ton juste d’une jeune maman simple d’esprit dans les années 30.

Pendant que le Roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? de Zidrou & Roger - Dargaud

Pendant que le Roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? de Zidrou & Roger – Dargaud

Changement d’horizon et d’époque, le caméléon Zidrou, de son vrai nom Benoît Drousie, conserve l’humour mais avec beaucoup de violence cette fois-ci. Il nous entraîne sur les traces de Marina, la fille du Doge, à Venise en 1342. Avec son frère, ils sont pris en otage et conduits sur l’ile où des pirates retiennent tous leurs prisonniers pour obtenir de fortes rançons. Payer ou ne pas payer, arrêter ou encourager indirectement ce trafic, la question se posait déjà à cette époque. Ce récit historique se construit en parallèle sur deux époques : d’un coté celle de Marina, violée, mutilée, trahie par son père, sa vengeance trouve écho de nos jours avec l’exploration d’une épave retrouvée dans les eaux de la lagune de Venise.

Marina (t1)– les enfants du Doge de Zidrou & Matteo - Dargaud

Marina (t1)– les enfants du Doge de Zidrou & Matteo – Dargaud

 

Avec cette tragédie vénitienne et ce récit intimiste, le gagman reconnu grâce au succès de son élève Ducobu, nous surprend et nous séduit. Dans une récente interview pour ActuaBD, il explique cette multiplicité et diversité :

«Pendant des années, personne ne voulait publier mes histoires réalistes… Le hasard de la programmation a fait que cinq de mes histoires ont pu sortir de manière rapprochée. C’est dû au fait que telle histoire a traîné douze ans dans un tiroir avant d’intéresser quelqu’un. Ou qu’un dessinateur a été rapide sur tel scénario. Tel autre a, par contre, mis beaucoup plus de temps à dessiner le sien… Bref, tous ces aléas sont à l’origine de l’enchaînement des publications de mes albums. »

Zidrou n’abandonne pas les albums pour jeune public (Tamara, Tueurs de mamans). Avec ces récits pour adultes qui abordent des thèmes rares en BD (le deuil, la prostitution, le handicap) il nous prouve qu’il est un auteur complet sur lequel nous pouvons compter pour alimenter notre réflexion tout en nous faisant rire à chaque fois que le besoin s’en fait sentir.

Didier Morel

Pendant que le Roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? de Zidrou & Roger – Dargaud

Marina (t1)– les enfants du Doge de Zidrou & Matteo – Dargaud

Pour en savoir plus sur Zidrou, n’hésitez pas à lire ou relire 3 articles d’Eric Guillaud : Le beau voyage, La peau de l’ours, Tueurs de mamans

Des Fourmis dans les Jambes par Arnaud Gautelier et Renaud Pennelle - Emmanuel Proust Editions

Des Fourmis dans les Jambes par Arnaud Gautelier et Renaud Pennelle – Emmanuel Proust Editions

 

Pour aller plus loin sur la BD et le handicap, regardez la sélection d’albums présentée par l’association Sans Tambour Ni Trompette, qui a remis au début de l’année pendant le Festival d’Angoulême, son 3ème trophée « Des BDs qui font la différence » à Arnaud Gautelier et Renaud Pennelle pour Des Fourmis dans les Jambes, un roman graphique témoignage sur la sclérose en plaque. Zidrou a d’ailleurs été primé en 2011 pour Lydie. dans le cadre du mois Extra-Ordinaire, une exposition est organisée à Paris sur ces BDs qui font la différence.

 

05 Nov

Titeuf, un album collector pour fêter les 20 ans du héros de Zep

9782723498180-L-1Plus de 20 millions d’albums vendus, des traductions dans 25 langues différentes, une adaptation en dessin animé pour la télévision, un long-métrage au cinéma… et  20 ans d’existence tout rond !

20 ans et pas un cheveu blanc, pas une ride au coin de l’oeil, pas un problème d’arthrose ou de mémoire… juste la goutte au nez et encore.

Titeuf, c’est la jeunesse éternelle, la cour d’école à perpet, les blagues de morpets en mode infini.

Et pour fêter ses 20 ans, Glénat, l’éditeur historique des aventures de Titeuf, nous offre un album  anniversaire collector. Seulement 4000 exemplaires, un dos toilé carré et 20 ans de souvenirs, de chiffres, d’anecdotes et d’histoires courtes extraites des treize albums disponibles à ce jour. Merci qui ?

Eric Guillaud 

Titeuf 20 ans, de Zep. Editions Glénat. 18 euros

A lire l’interview exceptionnelle que nous a récemment accordé Zep à l’occasion de la sortie de son album Une Histoire d’hommes

04 Nov

L’album Paco les mains rouges de Sagot et Vehlmann reçoit le prix Lulu la Nantaise

9782205068122-couv-I400x523Lulu la Nantaise, la blonde comac de Saïgon, ça vous cause ? Quelques secondes de dialogues entre Lino Ventura et Bernard Blier dans la fameuse scène de la cuisine du non moins fameux film Les Tontons flingueurs ont suffit à la rendre célèbre pour l’éternité et au-delà.

Lulu la Nantaise est aussi le nom d’un prix littéraire, oui oui, décerné chaque année ou à peu près du côté de Nantes par le groupe de jazz du même nom.

Et cette année, dans la foulée du Goncourt et du Renaudot, le jury a décerné le Prix Lulu la Nantaise 2013 à la bande dessinée Paco les mains rouges de Fabien Vehlmann et Eric Sagot.

Eric Guillaud

Retrouvez la chronique de l’album signée Didier Morel ici et la cérémonie officielle filmée par Ouest France là…

03 Nov

Rencontre avec Reno, le dessinateur d’Aquablue, à l’occasion de la sortie de l’album Standard-Island

Reno ©DRNous avons publié voici quelques jours l’interview de Régis Hautière, le scénariste de la série Aquablue, invité au festival des Utopiales à Nantes. Nous avions souhaité par la même occasion poser les mêmes questions à Reno, le dessinateur de la série. Voici ses réponses…

Trois ans, trois albums. Est-ce que l’envie d’animer les aventures de Nao est toujours aussi vive ?

Reno. Plus que jamais ! J’ai l’impression d’avoir encore tout à montrer et tout à prouver. Nous étions parti à la base de notre reprise sur un cycle de 5 tomes mais tout indique que nous allons finalement nous étendre un peu plus. Et c’est tant mieux.
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Qu’est ce qui vous a décidé à reprendre cette série ?
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Reno. En matière de SF, c’est LE monde que je voulais illustrer. Ado j’étais fan de la série et je n’ai pas hésité longtemps avant d’accepter de travailler sur cette reprise.

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Et que pensez-vous lui apporter ?

Reno. Thierry Cailleteau et Olivier Vatine on réussi selon moi un magnifique mélange des genres à l’époque, qui a largement fait école depuis. De la bd franco-belge, profondément influencé par les codes du cinéma à grand spectacle hollywoodien avec des éléments empruntés aux comics et aux mangas sans toutefois perdre son identité. J’espère encore accentuer ce métissage tout en poussant les curseurs sur le réalisme et le spectaculaire. A l’époque ou Aquablue était sorti, le numérique était encore loin de s’être imposé à Hollywood et les jeux videos étaient en 16 couleurs. Aujourd’hui, en matière de blockbuster et de jeux videos, l’industrialisation et la technicité des effets spéciaux est telle qu’en comparaison, la bd fait vraiment figure d’artisanat. Ne vous méprenez pas, je trouve ça formidable et j’espère que les auteurs européens pourront promouvoir encore longtemps ce qui fait la singularité de notre bd . Mais ça me donne le sentiment que dans ce genre en particulier, la sf, je me dois d’aller chercher les techniques les plus récentes et de tenter de les intégrer à cette bd. J’aimerai également avec le concours de Régis, épaissir les personnages et rompre avec le manichéisme passé de la série.
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Avec le recul, jugez-vous que la reprise d’Aqualue s’est faite facilement ?
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Oui, ça s’est fait très naturellement, tout comme le travail avec Régis.
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Quels retours avez-vous des aficionados de la première heure ?
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Les retours sont bons, je ne sais pas si on peut l’affirmer après trois tomes, mais je pense qu’on a su gagner la confiance des lecteurs.
aquablue_14_standard_island_planche01Avez-vous eu des contacts avec les créateurs de la série Olivier Vatine et Thierry Cailleteau ?
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Reno. Très peu, mais j’ai cru comprendre qu’ils étaient très contents de cette reprise.
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Comment fait-on pour s’approprier des personnages, des décors, un univers, inventés par d’autres et en même temps y apposer sa griffe ?
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Reno. Pour ma part, l’univers correspond tellement à ce que j’aurai pu faire spontanément, que ça n’a pas été difficile. D’autant plus que plusieurs dessinateurs  ( Tota et Siro ) avaient déjà avant moi, réinterprété ce monde et ses personnages. Scénaristiquement et graphiquement, il s’est plus agi pour nous de faire une moyenne de toutes ces interprétations et d’y greffer nos envies pour cette série. Et quand je pense à la pression que doivent représenter des grosses reprises comme Blake et Mortimer, Lucky Luke ou surtout le dernier Astérix, ou là il ne s’agit pas d’un simple « devoir de cohérence » mais d’une véritable continuité graphique et scénaristique, je me dis qu’on est bien lotti et que Delcourt nous a vraiment laissé carte blanche.

aquablue_14_standard_island_planche02Quel a été votre objectif premier, scénaristiquement et graphiquement parlant, au moment de la reprise d’Aquablue ?

Reno. Tenter de ne pas trahir ce qui m’avait plu dans le premier cycle tout en apportant une grosse touche réaliste et cinématographique aux personnages et aux contextes. Rompre avec les approches précédentes pour apporter quelque chose de neuf et d’original tout en honorant le travail de Vatine que j’admire.
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Aquablue a toujours été synonyme d’écologie, d’humanisme. Est-ce quelque chose qui vous tient également à coeur ?
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Reno. Une bd de sf est selon moi forcément un message vulgarisé d’écologie et d’humanisme. Optimiste ou pessimiste. L’écologie et l’humanisme devrait être au centre de toutes les préoccupations de nos politiques, mais affirmer cela est évidemment d’une naïveté confondante et je me désole chaque jour de voir le « réalisme économique » et les plus bas instincts humains triompher sur le bien commun. Le récit d’Aquablue enfonce des portes ouvertes et pourrait être perçu comme fort candide, mais il est finalement tellement proche de la réalité qu’il est, je pense, toujours pertinent.
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Votre graphisme est beaucoup plus réaliste que celui de Vatine ou Ciro Tota. Avez-vous dû faire des concessions ?
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Reno. Ce fut ma seule condition pour m’atteler à cette reprise, développer mon style que je savais en rupture, sans faire de concessions. J’ai de la chance, car malgré quelques grincements de dents face à mon approche tout numérique, je crois que le nouveau cocktail est plutôt bien passé.
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Quelle a été votre première rencontre avec la science fiction et quelle a été son influence sur votre travail ?
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Reno. Je ne vais pas être très original mais je suis un gamin des années 80 biberonné au Spielberg et au Lucas. Et je ne m’en suis jamais remis. J’ai eu beau entre autres, dévorer les bouquins d’Asimov à mon adolescence et m’inprégner de multiples influences artistiques, pour moi la SF c’est un grand écran avec une scéne se situant entre l’attaque de l’étoile de la mort et l’arrivée des extra-terrestres dans rencontre du troisème type.
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Que recherchez-vous en priorité dans la science fiction ?
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Reno. Qu’elle me transporte ailleurs.
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Quelles sont vos références, vos influences, vos maîtres ?
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Reno. Tudieu ! Elles sont si nombreuses qu’il va être assez fastidieux de toutes les énumérer. C’est donc comme je le disais plus haut, le cinéma de genre hollywoodien qui m’a d’abord profondément marqué, je ne peux pas le nier. Ces satanés ricains ont beau nous coller des personnages avec des psychologies en carton, ils ont des moyens insolents et savent s’y prendre pour formidablement mettre en image le merveilleux. A l’adolescence j’ai eu deux chocs artistiques majeurs et radicalement opposés, d’un côté j’ai découvert l’histoire de l’art et tout en apprenant maladroitement à maitriser la peinture je suis tombé amoureux des impressionnistes et leur représentation de la lumière et de l’autre il a y eu l’électrochoc « Akira » de katsuhiro Otomo ou comment faire voler en éclat tous les codes de la bd franco-belge que je chérissais jusque là. Aujourd’hui, je vénère à la fois les illustrateurs américains académiques comme Norman Rockwell ou J.C Leyendecker pour leur patte ahurissante, les auteurs italiens et espagnols des années 70 pour la puissance de leur trait et la beauté du noir et blanc. Mais ceux qui m’influence le plus en ce moment sont les concept artists qui oeuvrent sur les grosses productions hollywoodiennes. Sinon, je voue une vénération sans bornes à Hergé, Franquin, Alexis, Moebius, Otomo, Miyazaki, Blutch, Guarnido, Marini , Travis Charest et j’en oublie des dizaines. Mais qui n’apprécie pas ces artistes, me direz-vous ?
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Si vous deviez partir pour une planète lointaine avec un minimum de bagages, qu’emmèneriez-vous pour tenir en éveil votre imaginaire ?
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Reno. Une encyclopédie universelle et exhaustive de tout ce qui a été fait sur Terre, histoire d’avoir de la matière pour deviser indéfiniment au coin du feu avec des extra terrestres que je ne manquerai pas de rencontrer.
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Avez-vous le temps d’avoir encore d’autres projets ou la série Aquablue est vraiment trop chronophage ?
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Reno. J’adorerai Pouvoir entamer d’autres projets, les idées ne manquent pas, mais c’est bien le seul défaut de cette reprise, c’est qu’elle me bouffe absolument tout mon temps ! Peut-être plus tard, mes enfants grandissant et mon aisance s’accentuant, je pourrai me relancer sur d’autres pistes, mais ce n’est pas à l’ordre du jour, pour l’instant toute mon énergie est porté sur cette reprise ou j’ai encore tout à faire et à prouver.
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Pour une fin en musique, pouvez-vous nous dire quelle est votre playlist du moment?
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Reno. Les Beatles, les Rolling Stones, David Bowie et Queen parce que je suis un inconditionnel du rock classique et que je ne m’en lasse pas, de la pop pshychédélique des sixties et du Beastie boy quand je suis mou du stylet. Enfin du plon-plon Hollywoodien pour l’ambiance générale, John Wiliams, Hanz Zimmer et Dany Elfman. Le tout avec une touche de Svinkels, TTC, Stupéflip quand j’en ai soupé du plon-plon, justement, pour mieux y revenir.
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Propos recueillis par Eric Guillaud le 03 novembre 2013

Retrouvez l’interview du scénariste Régis Hautière ici et la chronique de l’album là

La Bande Dessinée regarde le monde

Festival Forum des imagesOu comment le 9ème art s’associe au 7ème pour la 5ème édition du festival Un état du monde … et du cinéma au Forum des Images. Du 8 au 17 novembre 2013, ce festival a pour vocation d’analyser et de questionner le monde par le prisme du cinéma. Cette année, il accueille dans ces salles obscures « la BD, celle qui crayonne l’actualité et esquisse la marche du monde », dixit Laurence Hesberg, la directrice du forum des Images.

Chroniques historiques, romans graphiques ou reportages dessinés, tous les genres seront présents pour rendre compte de la vitalité d’un art pour raconter des histoires actuelles et les mettre en images.

Au programme, six rencontres appelées, tenez vous bien, apéros géopolitiques.

 

Je vous recommande :

–         l’excellent Patrick Chapatte. Suivant les traces du père de la BD-reportage Joe Sacco, le cartooniste helvète se met lui aussi en scène dans ses albums aux quatre coins du monde (Mexique, Liban, Palestine …) Le lundi 11 nov. à 19h avec Erwan Desplanques (Télérama), Patrick Chapatte (Le Temps) présentera BD Reporter : du Printemps arabe aux coulisses de l’Elysée .

–         Bertrand Tavernier sera aussi pour parler de son nouveau film adapté de la BD multi-primé Quai d’Orsay avec dessinateur Christophe Blain. Samedi 9 nov. à 18h

–         Vous pourrez prendre des Nouvelles d’Alain (édition les Arènes XXI) avec le dessinateur Emmanuel Guibert et bien sur le reporter photographe Alain Keler, lui qui a visité pendant 10 ans les villages de Roms au volant de sa vielle Skoda. Un thème toujours autant d’actualité. Mardi 12 nov. à 19h

–         Peut-être avez vous apprécié la nouvelle Revue Dessinée. Le vendredi 15 nov. ce sera l’occasion de rencontrer de des auteurs qui ont participé à ce premier numéro en enquêtant sur Les Pionniers du gaz de schiste : Daniel Blancou et Sylvain Lapoix.

Pour compléter ce regard porté sur le monde, à voir également sur place une exposition en partenariat avec la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image d’Angoulême et des films adaptés de BD (Aya de Youpougon de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, Couleur de peau : miel de Laurent Boileau et Jung Sik-jun)

Didier Morel

Plus d’info sur le programme : Forum des Images

02 Nov

Le palmarès 2013 des Utopiales, festival international de science-fiction de Nantes

Souvenirs-de-lempire-de-latome-couvertureLe festival des Utopiales qui se tient à Nantes jusqu’au lundi 4 novembre a décerné ce soir ses prix.

Souvenirs de l’empire de l’atome, d’Alexandre Clérisse et Thierry Smolderen, paru aux éditions Dargaud, a reçu le Prix de la meilleure bande dessinée de science-fiction. Retrouvez la chronique de Didier Morel ici

Les autres prix :

Prix Julia Verlanger pour Le Protectorat de l’ombrelle de Gail Carriger, Editions Orbit, 2009 à 2013

Prix du meilleur scénario de jeux de rôle pour Longue est la nuit de Cyril Puig et Stephan Roulc

Prix du meilleur jeu vidéo (Game Jam) pour Tard is paradox

Prix du Jury – compétition européenne de courts métrages pour The Creator de Al & Al, Royaume-Uni, 2012 et pour Sleepworking de Gavin Williams, Royaume-Uni, 2012

Prix du public – compétition européen de courts métrages pour Orbit ever after de Jamie Stone, Royaume-Unis, 2013

Grand prix du Jury – compétition internationale de longs métrages pour Jodorowsky’s Dune de Frank Pavich, États-Unis, 2013

Prix Syfy du public – compétition internationale de longs métrages pour Jodorowsky’s Dune de Frank Pavich, États-Unis, 2013

Prix Utopiales jeunesse pour Nox, Ici-bas d’Yves Grevet, Editions Syros Jeunesse, 2012

Prix Utopiales européen pour Exodes de Jean-Marc Ligny, Editions L’Atalante, 2012

Eric Guillaud

31 Oct

Scary Godmother, une marraine effrayante pour Halloween

 

Scary Godmother par Jill Thompson - Delcourt

Scary Godmother par Jill Thompson – Delcourt

 

L’illustratrice Jill Tompson le sait bien : les enfants adorent avoir peur … et se faire peur. Affronter les monstres aide à grandir et c’est exactement ce que va faire pour sa première soirée d’Halloween Hannah Marie.

Elle est la plus jeune de la bande de kids du quartier. Son grand cousin se retrouve contraint de se coltiner celle qu’il considère comme un gros bébé. Mais dans la course aux bonbons, c’est elle qui osera faire face aux milieux des monstres, comme celui de la cave aux multiples yeux, ou le chat ahuri, ou encore le squelette dégingandé.

La grande réussite de ces histoires, c’est bien sûr la Scary Godmother, cette marraine terrifiante qui règne sur ce monde de spectres et de monstres. Une sorcière qui effraie les enfants mais dont la fillette saura se faire une alliée précieuse.

Dans ce recueil de 5 histoires publiées initialement entre 1997 et 2010, Jill Thompson révéle l’étendue de son talent graphique. Loin des modes et des tendances du moment, elle a su créer son propre univers visuel. Son travail a été récompensé par le trophée Will Eisner Award de la meilleure peintre illustratrice. Un livre à dévorer comme il se doit avec une lampe de poche sous les couvertures …

Didier Morel

Scary Godmother par Jill Thompson – Delcourt

Scary Godmother par Jill Thompson - Delcourt

Scary Godmother par Jill Thompson – Delcourt

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cet album :

This is Halloween re-cut par Marilyn Manson d’après L’étrange Noël de Mr Jack

Après « Toby mon ami », Grégory Panaccione publie « Âme perdue » chez Delcourt

album-cover-large-20300230 pages avec une histoire muette ou quasi-muette, c’est un beau challenge. Il faut dire que Grégory Panaccione a de ce côté-là un peu d’entrainement. Son allbum précédent, Toby mon ami, une histoire de chien fou, était tout aussi muet. Mais attention, muet ne veut pas dire bâclé et donc à lire par dessus l’épaule un jour de pluie au milieu du mois de novembre en préprant un riz au lait pour les cousins de passage. Non, un récit de Panaccione se savoure et se lit calmement, comme le conseille l’auteur lui-même dans une note introductive. Donc, on respire, on s’allonge dans le meilleur canapé du coin et on ouvre l’album pour y découvrir une créature un peu étrange, un peu humaine mais pas complètement, qui s’éveille un beau jour, nu, au milieu de rien et découvre autour de lui un monde étrange, un monde où il fait froid, où il pleut souvent, où les dangers peuvent surgir de partout à tout instant et où les amis sont plutôt rares.

Sorti fin août mais bien évidemment encore disponible dans les meilleurs librairies du monde, Âme perdue est un récit à la fois profondément noir et drôle, une espèce de quête d’identité en même temps qu’une découverte de la vie avec un personnage dont on finira par comprendre qui il est et d’où il sort. Et toujours ce dessin vif et expressif réalisé sans crayonné préliminaire !

Eric Guillaud

Âme perdue, de Grégory Panaccione. Editions Delcourt. 19,99 euros

 

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