05 Oct

QRN sur Bretzelburg, un chef d’oeuvre de Franquin réédité dans la collection 50/60

D2lHvvbtQjw7fYLI6BB9xGQHtlEw2XV6-couv-1200-846x806C’est l’une des plus belles aventures de Spirou et Fantasio époque Franquin et au delà serais-je tenté d’écrire. Un petit chef d’oeuvre d’humour publié dans le journal Spirou entre 1961 et 1963 sous une pagination particulière : une demi-planche en première page et une planche complète en dernière page du journal. De quoi nécessiter une recomposition complète du récit au moment de sa parution en album.

Pas de souci par contre pour sa publication dans la collection 50/60 des éditions Niffle qui présente justement les oeuvres sélectionnées par demi-planches en noir et blanc associées aux commentaires du spécialiste Hugues Dayez. Et c’est bien là que réside tout l’intérêt de cette édition, les commentaires nous en apprennent énormément sur le travail de l’auteur, en l’occurrence ici Franquin, sur ses choix au niveau du dessin comme du scénario, sur les difficultés rencontrées lors de l’écriture ou de la publication du récit, et même sur l’état de santé de l’auteur, obligé de s’arrêter 15 mois pour dépression au beau milieu du récit.

Alors, bien sûr, rien n’est dû au hasard dans QRN sur Bretzelburg, pas même l’appel téléphonique en page 3C du directeur des éditions Dupuis, furieux de ne pas pouvoir se faire entendre auprès de Fantasio à cause du bruit ambiant. Hugues Dayez explique : « Comme une amusante mise en abîme, Franquin fait intervenir ici par téléphone Monsieur Dupuis, mais ni Fantasio, ni le lecteur ne connaîtront la raison de son appel : excédé par le boucan généré par le Marsupilami, l’éditeur écourte la conversation… Or, c’est l’interventionnisme de Charles Dupuis qui vient de placer le dessinateur dans une situation délicate : quelle suite donner à cette aventure si Zorglub en est exclu ?« .

L’affaire aura échappé au simple lecteur mortel mais, effectivement, le boss de la maison d’édition avait formellement interdit à Franquin de faire réapparaître le personnage de Zorglub alors même que l’histoire était lancée, les premières pages écrites et publiées. Exit le méchant, il fallait trouver un plan B en urgence, ce sera QRN sur Bretzelburg, une sombre histoire de transistor avalé par le Marsupilami et de roi fantoche prisonnier dans son propre royaume. Pour les fans de Spirou !

Eric Guillaud

QRN sur Bretzelburg, de Franquin. Editions Niffle. 29 €

29 Oct

Versailles – le Crépuscule du Roy t1 de Eric Adam, Didier Convard & Eric Liberge – Glénat

Le Grand Paris de la BD n° 3

Versailles T1 Le Crépuscule d'un Roy Glénat

Si Versailles m’était dessiné ou comment le 9ème art fait une entrée remarquée dans un des plus grands symboles de l’Histoire de France.

Un scénario de science fiction sous les ors de la royauté, l’idée est belle : transformer le Château de Versailles en un univers où « ses habitants ont perdu tout contact avec la réalité du monde qui les entoure », pour une histoire où passé et futur ne se distinguent plus vraiment.

Didier Convard et Eric Adam, les deux scénaristes, sont partis de la réalité historique connue de tous : le « Roy » (son nom n’est pas donné mais tout évoque le règne du Roi Soleil) et sa Cour, ses complots et ses intrigues galantes.

« Versailles, plus qu’un château : un monde », dans lequel apparaissent peu à peu des éléments incongrus (des lames tranchantes jaillissent des manches des valets), anachroniques (la géolocalisation d’une marquise égarée) ou irréels (le doyen de la Cour a 263 ans)

Versailles de Liberge/Convard/Adam - Glénat

La plume des auteurs sait nous égarer et brouille les pistes au fur et à mesure que l’histoire progresse. Ils ont eu accès à toutes les pièces du palais et toutes ses archives en lien avec le comité scientifique de Versailles. Cela se sent dans les dessins d’Eric Liberge : chaque détail est rendu avec précision pour mieux nous prendre au piège, jusqu’à la révélation finale.

C’est un des avantages de ce pari original entre les éditions Glénat et le Château de Versailles, un partenariat pour une trilogie : trois albums, trois époques – futur, présent et passé. Et la bonne idée, c’est de ne pas avoir fait une énième BD patrimoniale, souvent assommante pour les enfants et un achat obligé pour les adultes en fin de visite du monument.

Versailles de Liberge/Convard/Adam – Glénat

A vous de juger si cette nouvelle orientation de la Bande Dessinée vous séduit ou si ce n’est qu’une façon de faire venir encore plus de touristes dans un des lieux les plus visités en France.

Car ce n’est que le début. En plein essor dans l’édition d’art, les partenariats entre éditeurs et institutions publiques touchent depuis peu le monde de la BD. En novembre, paraitra aussi Les fantômes du Louvre, promenade en 22 portraits d’Enki Bilal, coédition entre Futuropolis et le musée du Louvre.

Les trois tomes du triptyque annoncé sont indépendants. Le deuxième marchera sur les traces d’Alexandre Dumas et de son Chevalier de Maison-Rouge en jouant sur les paradoxes temporels entre notre époque et celle de Marie-Antoinette. Quant au troisième il mettra en scène Molière et le Masque de fer.

Pour aller plus loin à la rencontre des auteurs :

Laisser un commentaire …

La BO de l’album à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir : Dustin O’Halloran « Opus 17 » le musicien classique contemporain découvert à travers le film « Marie Antoinette » de Sofia Coppola.

Les liens pour découvrir les premières planches :

Les éditions Glénat & Le Château de Versailles