04 Mai

Burn out, l’histoire d’une vengeance implacable signée Ozanam et Sommer

L.10EBBN001514.N001_BurnOUT01_C_FRLa vengeance est un plat qui se mange froid. Ethan Karoshi, policier de son état, va même apprendre à ses dépens qu’elle peut se déguster gelée. A faire mal aux dents ! Mais revenons au début de cette histoire. Nous sommes en juillet 1980 du côté de Reno dans le Nevada. Ethan Karoshi, donc, mène une vie plutôt paisible, partagée entre son boulot, sa famille, ses parties de pêche et sa maîtresse. Oui quand même, Ethan a une maîtresse, histoire de correspondre à l’image qu’il se fait du flic normal, du genre qu’on rencontre dans les polars. Et c’est justement de ce côté-là que l’affaire va se corser. Debra Willer, sa maîtresse, est retrouvée sauvagement assassinée. A partir de ce moment précis, la vie d’Ethan ne sera plus du tout la même…

Un scénario implacable pour une vengeance qui l’est tout autant, Burn out est un petit bijou de polar violent et cynique dans l’Amérique des années 80. Au scénario : Antoine Ozanam qui a déjà signé plusieurs albums chez Casterman dont Le Roi banal ou Succombe qui doit, et au dessin le Danois Mikkel Sommer dont c’est ici le premier album pour le marché francophone, le premier mais certainement pas le dernier tant son graphisme est remarquable. Celui qui estime « n’avoir jamais été un grand dessinateur » , comme il l’a déclaré dans une interview accordée au site Nobrow, fait pourtant preuve ici d’un talent confirmé. Chacune de ses planches nous plonge corps et âme dans une atmosphère étouffante, suffocante, à la limite de la surchauffe !

Eric Guillaud

Burn out, de Ozanam et Sommer. Editions Casterman. 18 €

© Casterman - Ozanam & Sommer

© Casterman – Ozanam & Sommer

11 Juin

Motherfucker (première partie), de Sylvain Ricard et Guillaume Martinez. Editions Futuropolis. 15 euros.

Si la bande dessinée met régulièrement en scène la question des droits civiques de la population noire américaine, très peu d’albums en revanche – pour ne pas dire aucun – portent véritablement sur le mouvement des Black Panthers. Un oubli, s’il en s’agit vraiment d’un, aujourd’hui corrigé grâce à la parution chez Futuropolis de Motherfucker, première partie d’un dytique signé Sylvain Ricard et Guillaume Martinez. Derrière ce libellé argotique, Motherfucker nous raconte l’histoire d’un homme. Son nom, Vermont Washington, Vermont comme le nom du premier état à s’être ajouté aux 13 états fondateurs de l’Union et Washington comme le premier président des Etats-Unis d’Amérique. De quoi symboliser à lui tout seul cette liberté chérie de l’Amérique… Mais Vermont Washington est noir. Et ça change tout ! Nous sommes à la fin des années 60, l’esclavage a été aboli il y a un peu plus de cent ans mais la ségrégation est courante, le racisme, ordinaire, les humiliations et passages à tabac, quotidiens. Dans ce contexte, le peuple noir n’a alors que deux possibilités : courber l’échine ou se révolter ! Vermont Washington a opté pour la deuxième solution. Avec le mouvement révolutionnaire Afro-américain Black Panther, il compte bien changer le cours de sa vie et plus largement le cours de l’histoire. Mais dans l’immédiat, Vermont doit faire face à son père qui, lui, a décidé de courber l’échine. De fait, il n’accepte absolument pas l’attitude de Vermont. Le père met le fils dehors, ainsi que son épouse et leur enfant. Pour Vermont, c’est le début d’un vrai combat… Un album en noir et blanc direct et implacable comme un uppercut ! EGuillaud