Le papa de la sorcière rousse dévoile l’envers de son univers personnel. Qui se cache donc derrière l’étiquette de dessinateur de BD jeunesse à succès ? Par petites touches, Clarke laisse les artefacts et sans détour raconte son quotidien de dessinateur pris dans une tourmente familiale.
L’héroïne du Journal de Spirou, Mélusine, sa jeune (119 ans) et jolie sorcière, est depuis bientôt 20 ans le personnage qui assure la notoriété de Clarke dans tous les salons. Pas une dédicace sans qu’une fan ne vienne le voir déguisée en apprentie-magicienne. Qu’il vienne présenté d’autres travaux comme Sicilia Bella ou Les Amazones, rien n’y fait. Avec Les Étiquettes, il nous livre au fil de l’eau ses déboires et ces petits riens qui définissent un homme, un père, un ex-mari. Sa femme est partie. Frédéric Seron, de son vrai nom, a choisit de continuer à vivre presque comme avant à Bruxelles, avec ses trois enfants, deux garçons jumeaux et une fille. Il se sent alors comme « une coquille vide ». Une copine lui montre qu’il aime Les Étiquettes :
« Puisque l’image que tu as de toi, c’est celle que les autres te renvoient… Alors autant savoir comment on te voit, avant de savoir qui tu es … »
Il dessine alors un récit intimiste de cette longue période faite de rencontres avec des femmes autour d’un verre, des amis complices qui portent le nom de Denis Lapierre, Bob de Groot, Dany, Janry.., son oncle malade, Pierre Seron, auteur de BD lui aussi, Les Petits Hommes. L’émotion culmine avec les derniers jours de sa mère et de son choix d’en finir avec la vie. La poésie synesthésique étreint par les touches de couleurs musicales au milieu des cases en noir et blanc. Enfin l’humour délivre lors d’une escapade londonienne, un cadeau personnel qu’il se fait pour ses 39 ans. Clarke signe là un rare récit autobiographique, d’une grande sincérité, entre mélancolie et tendresse.
Didier Morel
Les Etiquettes par Clarke © treizeétrange – Glénat
La BO à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir :
La Mélancolie – Miossec