11 Juin

Motherfucker (première partie), de Sylvain Ricard et Guillaume Martinez. Editions Futuropolis. 15 euros.

Si la bande dessinée met régulièrement en scène la question des droits civiques de la population noire américaine, très peu d’albums en revanche – pour ne pas dire aucun – portent véritablement sur le mouvement des Black Panthers. Un oubli, s’il en s’agit vraiment d’un, aujourd’hui corrigé grâce à la parution chez Futuropolis de Motherfucker, première partie d’un dytique signé Sylvain Ricard et Guillaume Martinez. Derrière ce libellé argotique, Motherfucker nous raconte l’histoire d’un homme. Son nom, Vermont Washington, Vermont comme le nom du premier état à s’être ajouté aux 13 états fondateurs de l’Union et Washington comme le premier président des Etats-Unis d’Amérique. De quoi symboliser à lui tout seul cette liberté chérie de l’Amérique… Mais Vermont Washington est noir. Et ça change tout ! Nous sommes à la fin des années 60, l’esclavage a été aboli il y a un peu plus de cent ans mais la ségrégation est courante, le racisme, ordinaire, les humiliations et passages à tabac, quotidiens. Dans ce contexte, le peuple noir n’a alors que deux possibilités : courber l’échine ou se révolter ! Vermont Washington a opté pour la deuxième solution. Avec le mouvement révolutionnaire Afro-américain Black Panther, il compte bien changer le cours de sa vie et plus largement le cours de l’histoire. Mais dans l’immédiat, Vermont doit faire face à son père qui, lui, a décidé de courber l’échine. De fait, il n’accepte absolument pas l’attitude de Vermont. Le père met le fils dehors, ainsi que son épouse et leur enfant. Pour Vermont, c’est le début d’un vrai combat… Un album en noir et blanc direct et implacable comme un uppercut ! EGuillaud